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Afrique : Kony 2012 ravive de douloureux souvenirs en Ouganda

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Des responsables politiques et traditionnels de la communauté... (Photo:  Isaac Kasamani, AFP)

 
Des responsables politiques et traditionnels de la communauté Acholi de Gulu -dont est issue la LRA- ont décidé de projeter le film au cours du week-end. Des représentants locaux d’Invisible Children, l’ONG qui l’a réalisé, ont été invités à débattre de ce film qui a suscité des réactions parfois hostiles dans le nord de l’Ouganda.
À Gulu, ville de l’Ouganda à avoir le plus souffert du conflit entre l’armée ougandaise et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), la diffusion de Kony 2012, la désormais célèbre vidéo sur Joseph Kony, le chef de cette brutale rébellion, a ravivé de douloureux souvenirs.
«Cela fait remonter tellement de mauvais souvenirs de toutes les choses terribles que nous avons subies durant la guerre», explique Santonino, 79 ans ancien chef de quartier, montrant le peu qu’il reste de son bras gauche, amputé au dessus du coude.
Les civils du nord de l’Ouganda constituent la grande majorité des victimes du conflit entre la LRA et l’armée ougandaise, qui a pris fin en 2006, quand Kony et ses hommes ont été chassés par les troupes de Kampala vers les pays voisins: Soudan du Sud et République démocratique du Congo (RDC), puis Centrafrique.
Une vidéo récemment mise en ligne et appelant à la capture de Joseph Kony a été vue par des dizaines de millions d’internautes dans le monde, mais est restée largement inaccessible à ses principales victimes, pour qui l’accès à internet est limité.
Des responsables politiques et traditionnels de la communauté Acholi -dont est issue la LRA- ont donc décidé de projeter le film au cours du week-end. Des représentants locaux d’Invisible Children, l’ONG qui l’a réalisé, ont été invités à débattre de ce film qui a suscité des réactions parfois hostiles dans le nord de l’Ouganda.
Une ONG locale a récemment été contrainte d’interrompre une projection à Lira, à une centaine de km plus au sud, lorsque des spectateurs ont commencé à jeter des pierres.
«Il y aurait dû avoir une campagne de sensibilisation à cette vidéo, ici, avant qu’elle soit montrée au reste du monde. Ils auraient dû la lancer ici», estime Peter Okello, président d’un conseil de district et l’un des organisateurs de la projection de Gulu.
Si la plupart des habitants sont reconnaissants du travail effectué ici par Invisible Children pour la scolarisation des enfants, ceux qui l’ont vu sont nombreux à critiquer le film.
«La vidéo ne montre pas la réalité de la situation sur le terrain dans le nord de l’Ouganda», estime Patrick Luom, membre de l’Initiative de Paix des chefs religieux acholi, un influent groupe oecuménique local.
«Elle fait resurgir des souvenirs difficiles et ne fait que peu mention du fait que la LRA est désormais en Centrafrique, en RDC et au Soudan du Sud», ajoute-t-il.
M. Luom critique aussi une vision partiale, la vidéo faisant l’impasse sur les atrocités commises par les autres parties au conflit, notamment les troupes gouvernementales ougandaises.
«Les crimes dans le nord de l’Ouganda n’ont pas été commis uniquement par la LRA», rappelle-t-il.
La LRA est sinistrement réputée pour enlever des enfants et en faire des soldats ou des esclaves sexuels, et pour mutiler ses victimes. Mais, un chef local, Santonino, souligne qu’il a perdu son bras il y a 20 ans, après avoir été capturé et torturé par les troupes gouvernementales ougandaises combattant la LRA.
Aux nombreuses critiques, certains Ougandais qui apparaissent dans cette vidéo rétorquent que l’essentiel du message est correct.
Si Joseph Kony a déserté le nord de l’Ouganda, les atrocités de son mouvement continuent dans les pays voisins, a expliqué à l’AFP Jacob Acaye, kidnappé par la LRA alors qu’il était un jeune garçon et interviewé dans le film.
«Il faut l’arrêter, de quelque manière que ce soit, voila de quoi parle cette campagne», souligne M. Acaye, désormais étudiant en droit à Kampala.
Selon Norbert Mao, une figure de l’opposition dans la région, qui apparaît lui aussi dans le film, ses auteurs ont été contraints de simplifier le sujet pour le rendre accessible à un auditoire mondial.
Comme Santonino, la guerre civile lui a coûté un bras. Mais à l’instar de nombre de responsables locaux, il ne croit pas à la seule solution militaire pour mettre fin à la LRA, même si Kony a déjà refusé de signer plusieurs accords de paix.
«Je crois en des négociations de paix, c’est la seule façon pour que Kony sorte (de la clandestinité). Trop d’opérations militaires ont échoué et cela ne fonctionnera plus».
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