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Singapour : Divorcer à 78 ans, pourquoi pas ?

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Les femmes se sont longtemps résignées à supporter un mariage malheureux, invoquant toutes sortes de raisons. Aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses à décider d’en finir avec l’infortune conjugale.

La hausse constante du nombre de séparations de couples pourtant unis depuis plusieurs décennies est notamment due à la décision des épouses de reprendre leur liberté une fois les enfants élevés.

Selon les dernières statistiques, quelque 1 390 couples mariés depuis vingt ans ou plus ont mis fin à leur mariage en 2010. Ce nombre représente 20 % des divorces (contre 11 % en 1990).

Les psychologues expliquent qu’il n’est pas rare que la mésentente naisse dès les premières années du mariage, mais que les épouses malheureuses préfèrent le statu quo, le temps d’élever leurs enfants et pour leur éviter le traumatisme de la séparation.

Le divorce a longtemps été considéré comme un déshonneur et une faute morale de la part de celui qui décide de partir. Aujourd’hui, le regard des Singapouriens sur les divorcés évolue.

Benny Bong, fort de trente ans d’expérience comme psychologue, explique : « Par le passé, la responsabilité de la bonne marche d’un couple incombait à la femme. C’était sa faute si son mari n’était pas heureux. De plus, l’identité d’une femme était étroitement liée à son mari : sans mari, vous n’étiez personne. »

Mais les normes sociales changent. Les divorcées d’aujourd’hui dépendent moins de leur mari, financièrement ou en termes d’estime de soi. Nombre d’entre elles tiennent à vivre leurs dernières années libres et pour elles-mêmes. Tan Siew Kim, avocate spécialisée dans les divorces, raconte que sa cliente la plus âgée, 78 ans, tenait mordicus à mettre fin à plus de quarante ans de mariage alors même que son mari, âgé de 84 ans, était en train de mourir d’un cancer.

« Elle se plaignait que son mari avait mauvais caractère, qu’il était grincheux et lui criait sans cesse dessus. Elle n’en pouvait plus et ne voulait pas passer avec lui les cinq ou dix années qui lui restaient », explique l’avocate.

Les membres d’un couple peuvent être affectivement éloignés l’un de l’autre depuis bien longtemps. Mais c’est quand les enfants quittent le nid que le vide affectif se fait plus aigu : les deux partenaires n’ont plus l’éducation des enfants comme but commun, et ils se retrouvent en tête-à-tête vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Quel que soit l’âge des partenaires, l’infidélité reste un éternel motif de divorce, assurent les psychologues. Les femmes d’un certain âge peuvent supporter la pauvreté et même la violence de la part de leur mari, constate Azita Abdul Azis, directrice du Centre d’aide aux familles As-Salaam de PPIS, une organisation musulmane de défense des femmes. Mais l’infidélité est souvent la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Pour une femme, explique Azita Abdul Azis, la liaison du mari est vécue comme le pire signe de rejet et de trahison qui soit, et se révèle particulièrement douloureuse après de longues années de mariage.

Les  femmes sont à l’origine d’environ deux divorces sur trois, quelle que soit la durée du mariage, indique le ministère des Statistiques. Les hommes sont bien moins nombreux à demander le divorce, sauf quand ils trouvent une nouvelle épouse ou ont été trompés eux-mêmes, confirme Benny Bong.

Les hommes d’un certain âge qui ont « fauté » souhaitent rarement divorcer, précise Jonathan Siew, responsable au Care Corner Counselling Centre : « Tant qu’ils font vivre le foyer et n’abandonnent pas leur famille, ils ont le sentiment de faire leur devoir. » Et nombre d’entre eux réagissent mal quand leur épouse, découvrant leur liaison, décide de rompre. Certains vont jusqu’à en vouloir à leur femme d’avoir brisé la famille.

Les femmes de plus de 50 ans sont plus enclines à passer l’éponge sur les errements de leur partenaire que les 20-40 ans. Les jeunes femmes, relativement plus diplômées que leurs aînées et qui nourrissent de plus grandes aspirations quant à leur vie et à leur couple, ont tendance à solliciter un avocat plus vite que ne le font leurs mères. En 2010, le taux de divorce chez les femmes de 30-34 ans était plus de cinq fois supérieur à celui des femmes de 50 ans et plus. Mais la donne est peut-être en train de changer. Avec l’envolée continue du nombre de divorces, qui ont plus que doublé entre 1990 et 2010, la décision de se séparer se banalise. A force de voir de plus en plus de leurs semblables mettre fin à leur couple, les femmes d’un certain âge osent davantage franchir le pas.

« Ces enfants du baby-boom sont peut-être en train de se dire qu’il leur reste dix ou vingt ans à vivre, et qu’il n’y a aucune raison de gâcher ces années », conclut Benny Bong.

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