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Les «sheng nu», ces Chinoises célibataires «dont personne ne veut»

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AFP – Cela fait presque un an que Xu, jolie Chinoise trentenaire, fréquente le «Jardin de la joie», un club de rencontre de célibataires à Pékin pour échapper à sa condition de «sheng nu», ces femmes, littéralement, «dont personne ne veut» et de plus en plus nombreuses.

 
«J’espère y trouver un mari», raconte-t-elle installée devant une table de majong où elle attend son rendez-vous de la soirée, un célibataire trié sur le volet par sa «coach», l’employée du club qui suit son dossier.
«Je cherche juste quelqu’un avec qui j’aie des affinités mais aussi qui soit dans une meilleure situation financière que moi», explique cette directrice de marketing, propriétaire de son logement et qui gagne très bien sa vie.
Xu, qui préfère ne donner ni son nom, ni son âge, est l’une des milliers de «sheng nu» qui viennent au club régulièrement dans l’espoir d’y trouver leur futur mari.
Les «sheng nu», ces centaines de milliers de femmes sans homme, surtout citadines, diplômées et indépendantes financièrement, sont devenues un véritable phénomène de société en Chine. Le terme à connotation très péjorative peut être traduit par «celles qui restent» ou «celles dont on ne veut plus».
Ouvert en 2003, le «Jardin de la joie» compte aujourd’hui deux emplacements à Pékin et plus d’une dizaine de milliers de membres. Une centaine de célibataires viennent s’y inscrire chaque semaine dans le but d’échapper au stigmate.
«Pour rien au monde je n’aimerais être appelée sheng nu», explique Summer, 26 ans, qui vient au club pour la première fois.
«Les hommes ne veulent pas d’une femme de 30 ans», un âge considérée comme déjà avancé pour le mariage en Chine. «C’est important pour eux qu’elle soit encore jolie».
Le terme – dont l’équivalent masculin n’existe pas – est apparu pour la première fois en 2007. Depuis le gouvernement l’a inscrit officiellement dans son lexique comme «toute femme célibataire de plus de 27 ans».
Un sondage très médiatisé publié en 2010 a entériné définitivement le nouveau phénomène sociologique. Organisé par la Fédération chinoise de la femme, le sondage révèlait qu’il y avait 180 millions d’hommes et femmes célibataires en Chine et que 92% des hommes interrogés estimaient qu’une femme devait se marier avant l’âge de 27 ans.
Depuis, livres et films sur le sujet fleurissent et les magazines féminins ne se lassent d’expliquer pourquoi tant de Chinoises restent sur le carreau dans un pays qui compte bien plus d’hommes que de femmes.
«L’apparition du phénomène a plusieurs origines. D’une part les jeunes aujourd’hui travaillent beaucoup et ont peu de lieux de rencontre en dehors de leur travail», explique Wu Di, sociologue, qui vend ses conseils 130 dollars la séance et vient de publier un livre sur le sujet.
«D’autre part, on dit traditionnellement en Chine qu’on doit « se contenter » d’être marié. Le mariage n’a jamais été synonyme de bonheur. Or, dans la nouvelle génération de femmes, beaucoup vivent très bien seules et ne voient pas l’intérêt d’abaisser leur niveau de vie pour se marier», ajoute la sociologue.
Pourtant la pression sur ces femmes est énorme. Conscient des déséquilibres démographiques liés à la politique de l’enfant unique, le gouvernement lance régulièrement des campagnes qui promeuvent un mariage jeune.
Il n’est pas rare de voir des femmes arrêter leur carrière à 30 ans et tout lâcher pour faire plaisir à leur entourage soucieux de voir leur seul enfant fonder une famille à son tour.
«La vraie raison pour laquelle je viens au club, c’est pour ne pas décevoir mes parents. J’aimerais les rendre heureux», raconte Xu.
D’ailleurs le slogan du «Jardin de la joie» joue sur cette corde filiale pour attirer ses membres. « Tu es célibataire ? Pense aux sentiments de papa/maman. Ne les inquiète plus», peut-on lire sur une pancarte à l’entrée.
Shelly a 34 ans. Ultra diplômée, cette consultante dans une entreprise de relations publiques, revient tout juste des États-Unis.
Depuis son retour, elle n’ose plus voir sa famille en province et fuit même ses amies proches qui ne cessent d’arranger pour elle des rendez-vous galants.
«J’ai de la pression de tous les côtés. Je sens bien que ma mère est déçue et triste lorsqu’elle voit les petits-enfants de ses copines», dit-elle.
Shelly s’apprête à retourner aux États-Unis pour faire une deuxième maîtrise. En partie pour échapper au regard de ses collègues, parents et amis.
«Je pense rentrer en Chine à 40 ans. J’espère qu’à ce moment je serai tellement âgée, tellement « incasable » qu’on me laissera tranquille», lance-t-elle.

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