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Témoignage – Viol et pédophilie : Mon calvaire en Haiti

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 La violence sexuelle, un mal silencieux | Balistrad

Parler de son viol, c’est l’exorciser. Ca permet de pouvoir avancer et de dépasser ce traumatisme.



Voilà pourquoi je suis ici. J’ai besoin d’écrire. De raconter ce que j’ai vécu. 

J’ai 26 ans. Je suis haïtienne, j’ai été adoptée par une famille française quand j’avais 12 ans et demi. Oui, 12  ans et demi, c’est tard. Mais pour moi, c’était une nouvelle vie. Car j’ai été violée à l’âge de 10 ans. 

Je vivais en Haïti, à Fond Des Nègres, avec ma mère. Pas de père, que ma mère. Elle travaillait beaucoup et j’avais l’habitude de rester seule. C’est courant, à Haïti. Les enfants sont seuls dès le plus jeune âge. C’était l’été, juillet. Pas d’école, j’étais seule. 

Un voisin est arrivé. Un ami de ma mère. Il avait une vingtaine d’années. Il est entré, il savait que j’étais seule. Il puait l’alcool. Tout de suite, il s’est attaqué à moi. Je ne pouvais pas fuir, ni me cacher, je vivais dans une maison toute petite. Il m’a forcé à m’allonger par terre, j’étais apeurée, j’ai obéi. Il m’a violée, encore et encore. J’ai énormément souffert. J’avais mal partout, surtout au vagin, au ventre. Il m’a violée jusqu’à sang. Il a appelé à un ami. Il est venu, et lui aussi m’a violée. A tour de rôle, ils m’ont fait subir des choses horribles. J’avais dix ans, je pleurais, mais personne ne venait à mon secours. Un homme est arrivé, j’ai cru qu’il venait me sauver. Mais non. Il m’a violée aussi. De toutes leur forces, ils me violaient comme des animaux. 

Ils sont partis. Ma mère m’a trouvée par terre, elle avait compris. Son ami, le premier homme qui est entré, a été arrêté, mais pas les autres. Les mois ont passé. Et ma mère recevait des menaces de mort, elle avait peur. 

Alors elle m’a abandonnée. Elle est partie, me laissant seule dans la maison. Le lendemain, un homme est venu, il était de la police. Il devait m’emmener dans un orphelinat. Mais sous la menace de son revolver, il m’a agressé aussi. Il me disait « je t’aime » comme si j’étais sa femme, et moi j’étais juste une petite fille qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il me violait, moins brutalement que la première fois, plutôt comme un homme qui faisait l’amour avec sa femme, mais je n’étais pas sa femme. J’aurais pu être sa petite-fille. 

A Haïti, dans les villages, quand une fille est violée et que tout le monde le sait, les hommes pensent qu’elle est devenue accro au sexe. Mais non, j’étais juste une fillette. Abandonnée par sa mère qui avait honte.

Ensuite il m’a déposée à l’orphelinat et je ne l’ai plus revu. 

Une famille française s’est battue pour moi.Aujourd’hui, ce sont mes parents. Je ne sais pas si ma mère biologique est encore en vie, mais eux, m’ont sauvé la vie!

J’ai 26 ans et encore les stigmates de mes viols. Mais je suis aidée, et le fait d’en parler me soulage beaucoup. J’ai l’impression, quand j’écris, que je raconte l’histoire d’une autre fille que moi. Quand je parle, je parle à la troisième personne, ça fait moins mal. Mais ça m’aide.

Je ne crois pas que je retournerai un jour à Haïti. Je n’en ai pas envie. J’ai réussi à avancer, à me refaire une vie. Dans l’orphelinat où j’étais, y avait d’autres filles violées. Y avait Monique, qui a eu un bébé à 12 ans suite à un viol. Abandonnée par ses parents car elle était enceinte. Y avait Lucia, 15 ans, violée pendant 5 jours durant, qui elle, ne pouvait plus avoir d’enfant, car ses violeurs l’avaient bousillée. 

J’aurais aimé qu’elles aient la même chance que moi. Une deuxième vie. 

J’ai 26 ans, et je vis avec un homme charmant, qui sait, qui comprend, qui écoute. Notre petite Hope à  14 mois. Hope, comme Espoir. 

Et moi, je m’appelle Espérance.



Merci d’avoir pris le temps de me lire.



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