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Le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio est élu pape

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Agence France-Presse
Cité du Vatican

Premier pape venu du continent américain, l’Argentin Jorge Mario Bergoglio a été élu mercredi soir à la surprise générale pour succéder à Benoît XVI après sa démission historique le 28 février.

 
 
 
 
 

L’archevêque de Buenos Aires a choisi le nom de François, qui sera porté pour la première fois par un souverain pontife. Agé de 76 ans, il est également le premier jésuite à monter sur le trône de Saint Pierre.

Après la formule «Habemus papam» prononcée par le cardinal français Jean-Louis Tauran, le 266e pape de l’histoire est apparu au balcon pour sa première bénédiction urbi et orbi.

«Les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde», a-t-il plaisanté, avant de prier pour son prédécesseur et d’appeler à la «fraternité» au sein de l’Église.

 Une immense clameur a retenti Place Saint-Pierre lors de l’émission de la fumée blanche signalant son élection à 18H05 GMT (14h05 heure de New York et de Montréal), avec des cris de joie poussés par une foule nombreuse qui brandissait des drapeaux et scandait «habemus papam» et «viva il papa», pendant que les cloches sonnaient à toute volée.

Gardes suisses et membres d’autres forces armées se sont aussitôt déployés en fanfare devant la basilique, juste sous la loggia centrale. Une foule grossissant à vue d’oeil et constellée de parapluies a envahi la place, brandissant banderoles et drapeaux à la gloire du Saint-Siège. Les cloches des églises romaines ont aussi retenti, accompagnées de concerts de klaxon.

Cette élection met un point final à quatre semaines inédites et mouvementées, depuis l’annonce surprise le 11 février par Benoît XVI de sa renonciation à l’âge de 85 ans –une première en sept siècles, depuis celle du pape moine Célestin V.

Le prochain pape se retrouve à la tête d’une Église confrontée à de grandes difficultés: sécularisation massive dans les pays de tradition chrétienne, scandales de pédophilie et de corruption qui remontent sans cesse du passé, mauvaise gouvernance et intrigues à la Curie, difficultés d’adaptation aux cultures locales, rapports tendus avec l’islam rigoriste, contestations diverses.

Mais, en même temps, le nombre des catholiques croît rapidement dans beaucoup de pays du sud. L’Église, vivante, est aux avant-postes sur de nombreux terrains (santé, pauvreté, éducation, etc.), et enregistre dans ses rangs une floraison d’initiatives et de nouveaux mouvements.

Le 11 février, dans un court message sobre en latin aux cardinaux médusés, un pontife allemand à bout de forces avait créé la stupeur en annonçant sa  «renonciation» à mener «la barque de Pierre». Il avait admis ses forces déclinantes face aux défis d’un monde en rapide changement.

Un geste humble qui avait été salué dans le monde entier, mais pas toujours bien compris dans l’Église. Il avait annoncé qu’il se retirerait dans la prière, manifesterait une «obéissance inconditionnelle» au nouveau pape, et s’effacerait aux yeux du monde.

Le 28 février, sans cérémonie, mais avec émotion, Joseph Ratzinger prenait congé de près de 1,2 milliard de catholiques, affirmant qu’il resterait toujours avec eux dans la prière.

Se refermaient alors les lourdes portes de la résidence d’été de Castel Gandolfo, près de Rome, où il réside jusqu’à son installation dans deux mois dans un monastère au Vatican même. Commençait alors la période de «siège vacant».

Les cardinaux, arrivés du monde entier, avaient ensuite délibéré à huis clos dans des «congrégations générales» pendant une semaine, mettant tous les problèmes sur la table avec franchise, et demandant notamment une meilleure gouvernance de l’Église.

Puis les 115 cardinaux électeurs –de moins de 80 ans– étaient entrés mardi en conclave dans la célèbre Chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange, loin des caméras, après avoir rendu hommage au «pontificat lumineux» de Joseph Ratzinger.

Soixante-neuf cardinaux, créés cardinaux par Benoît XVI durant ses huit ans de pontificat, n’avaient jamais participé à un conclave.

Depuis un mois, le plus petit État du monde bruissait de rumeurs sur le profil souhaité de l’élu –administrateur à poigne, pasteur chaleureux, théologien,  réformateur moderne, mais respectueux de la tradition–.

Serait-il italien à nouveau –après 35 ans de pontificat polonais et allemand–, européen, nord ou sud-américain, africain, voire asiatique? Le rapport des forces était déséquilibré entre nord et sud. 60 des 115 princes de l’Église appelés à voter sont européens (dont 28 Italiens). 19 seulement sont latino-américains, 14 nord-américains, 11 africains, 10 asiatiques, un australien.

Les «papabili» les plus souvent cités avaient été le Canadien Marc Ouellet, le Brésilien Odilo Pedro Scherer, l’Italien Angelo Scola. Tous des hommes énergiques et doctrinalement sûrs, pas révolutionnaires, manquant de charisme, mais estimés. Avec des points de ressemblance avec leur mentor Joseph Ratzinger.

Alors que les préparatifs du conclave allaient bon train, de nouvelles révélations sur «Vatileaks» et un prétendu «lobby gai» paraissaient dans la presse italienne et un cardinal écossais, Keith O’Brien, démissionnait pour des gestes homosexuels «inappropriés».

SNAP, l’organisation d’anciennes victimes américaines des prêtres pédophiles, accusait une douzaine de cardinaux d’inaction et d’indulgence pour les prêtres pédophiles. Des accusations que plusieurs d’entre eux et le Vatican même ont contestées avec véhémence.


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