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Brésil: Dilma Rousseff,réélue de justesse,appelle au dialogue

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Agence France-Presse
Rio de Janeiro

La présidente de gauche brésilienne Dilma Rousseff a été réélue dimanche pour un mandat de quatre ans et a aussitôt appelé ses adversaires au dialogue, s’engageant à mener une profonde réforme politique et à renforcer la lutte contre la corruption.

La candidate du Parti des travailleurs (PT) l’a emporté avec 51,64% des voix contre 48,36% pour son adversaire de centre-droit Aecio Neves, du Parti socialiste brésilien (PSDB), au terme d’une campagne électorale âpre et virulente qui a divisé les Brésiliens en fonction de leurs classes sociales.

Le résultat de ce second tour est le plus serré depuis la fin en 1985 de la dictature militaire au Brésil, le plus grand pays d’Amérique latine.

Tirant les leçons de ce succès en demi-teinte, Dilma Rousseff a immédiatement prononcé un discours d’apaisement au côté de son mentor, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva.

«Le dialogue, c’est le premier engagement de mon nouveau mandat», a lancé Mme Rousseff à Brasilia devant la foule en liesse de ses partisans, promettant d’être «une bien meilleure présidente que jusqu’à présent».

«Je ne crois pas dans le fond de mon coeur que ces élections aient divisé le pays en deux. Je comprends qu’elles ont mobilisé des idées et émotions parfois contradictoires, mais que cette énergie mobilisatrice aura préparé un bon terrain pour bâtir des ponts» dans l’intérêt supérieur du pays, a-t-elle dit.

Mme Rousseff n’aura pas la tâche facile. Elle devra redresser une économie en panne et réconcilier les Brésiliens alors qu’elle sera confrontée à un parlement morcelé et plus conservateur qu’en 2010, et à des milieux d’affaires qui l’ont prise en grippe en raison de son interventionnisme.

Brésil: Dilma Rousseff réélue de justesse

Dilma Rousseff a déposé son bulletin de vote dans un bureau à Porto Alegre, dimanche.

PHOTO: REUTERS

La présidente a promis de «combattre avec rigueur l’inflation» et de donner «plus d’impulsions aux secteurs économiques, y compris l’industrie, afin que nous reprenions notre rythme de croissance en garantissant notre niveau élevé d’emploi et la valorisation des salaires».

La présidente a également promis de mener un combat déterminé contre la corruption, alors que les scandales à répétition dans ce domaine ont terni l’image du PT. Et de rechercher activement un consensus pour mener à bien une réforme d’un système politique décrié par les Brésiliens, en consultant le Parlement et le peuple par référendum.

Aecio Neves a sobrement reconnu sa défaite depuis Belo Horizonte. «Je viens de féliciter la présidente réélue, je lui ai souhaité pleine réussite dans la conduite de son prochain gouvernement, et j’ai souligné que la principale priorité était d’unir le Brésil autour d’un projet honnête», a-t-il déclaré.

Cette élection était largement considérée comme un plébiscite sur 12 ans de gouvernements du PT, sous lesquels le géant émergent d’Amérique latine a connu de profonds bouleversements économiques et sociaux.

Malgré les nuages économiques et les affaires de corruption, les Brésiliens ont tranché en faveur de la poursuite de ce cycle initié par l’ex-président Lula (2003-2012), un ancien ouvrier métallurgiste et leader syndical resté extrêmement populaire.

La victoire s’est jouée sur à peine trois millions de votes sur un total de plus de 142,8 millions d’électeurs.

Dilma Rousseff l’a comme prévu largement emporté dans les régions pauvres du Nord-Est. Elle a été sévèrement battue dans l’État de la capitale économique Sao Paulo, fief du PSDB. Mais elle a enregistré des victoires déterminantes dans les deux autres grands États du sud-est industrialisé, à Rio et Minas Gerais, où M. Neves avait été deux fois élu gouverneur.

Cette campagne électorale, émaillée d’attaques personnelles, a scindé le pays en deux blocs, selon les appartenances sociales: les plus pauvres en faveur de Dilma Rousseff, les plus aisés pour le candidat «du changement».

Le candidat de centre-droit promettait, sans toucher aux programmes sociaux populaires de la gauche, un «choc de gestion» libéral pour relancer l’économie et lutter contre l’inflation.

Dilma Rousseff a finalement remporté la bataille au centre, au sein des classes moyennes intermédiaires du sud-est industrialisé du pays qui avaient longtemps penché pour M. Neves.

Elue en 2010 dans l’euphorie finissante de l’âge d’or de la présidence de son mentor Lula, l’ex-guérillera Dilma Rousseff avait hérité d’une croissance économique annuelle de 7,5%.

Elle a amplifié les programmes sociaux qui bénéficient à un quart des 202 millions de Brésiliens, ce qui lui a valu un large soutien dans les couches populaires et les régions pauvres du Nord-Est.

Mais elle a été confrontée à des vents hostiles: quatre années de croissance au ralenti jusqu’à l’entrée en récession au premier semestre, revendications d’une classe moyenne dont l’ascenseur social est tombé en panne, scandales de corruption.

Sao Paulo, Rio de Janeiro, Belo Horizonte avaient été à l’épicentre de la fronde sociale historique de juin 2013 contre les coûts du Mondial, l’état de délabrement des services publics et la corruption.

Dans la campagne acharnée de l’entre deux-tours, la présidente avait mis en garde contre le retour aux potions d’austérité douloureuses administrées par l’ancien président social-démocrate Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) en cas de victoire de M. Neves.

Et comme la crise n’a pas affecté pour le moment le quasi plein emploi (5% de chômage) et que le salaire minimum a continué d’augmenter ces dernières années, la balance a penché en sa faveur.

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