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« Évitons les confusions » par Serge H. Moise

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«  Un problème sans solution est un problème mal posé »

Albert Einstein

Depuis les premiers balbutiements de l’humanité, à partir du moment où l’homme est devenu un animal dit raisonnable, l’harmonie a semblé se muer en un concept très discutable.

S’il faut en croire les révélations, ces dernières nous enjoignent de nous aimer les uns les autres, étant tous frères et sœurs au sein de la même grande famille.

Pourtant, paradoxe plutôt étrange, l’histoire de l’humanité est jalonnée de luttes, de confrontations et de guerres qui perdurent encore aujourd’hui, offrant l’effroyable tableau d’une férocité et d’une cruauté qu’on ne retrouve même pas chez les fauves dans la jungle la plus reculée.

Luttes de classes, guerres de religions, conquêtes de territoires étrangers, exploitations éhontées de peuples pauvres et assujettis pour les appauvrir davantage, manipulations sous toutes formes par les puissants prédateurs en vue de dominer les plus faibles sans oublier les politiques simplement génocidaires. Comme quoi, les forces du mal auraient toujours eu la préséance sur celles du bien.

Les voix autorisées peuvent-elles répondre à ce dérangeant questionnement? Espérons que oui!

Au risque de nous abuser, les femmes auraient été les premières exclues dans toutes les organisations sociales, politiques économiques et même religieuses. Elles ont été l’objet de toutes les formes d’oppression imaginables, la traite des femmes, le proxénétisme, tourisme sexuel, la prostitution juvénile, maltraitance, violences de toutes sortes et dans certains pays c’est encore conforme aux us et coutumes.

Une femme ordonnée rabbin, imam, prêtre ou pape ne semble pas pouvoir devenir une réalité dans un avenir prévisible. Y a-t-il jamais eu une raison objective à cet état de fait, la réponse appartient aux exégètes qui ne sont pas trop pressés de nous la fournir.

Il nous faut rendre hommage au courage et à la détermination des femmes au fil des siècles avec les résultats que l’on connaît de nos jours. Il y a encore du chemin à parcourir, elles le savent et doivent se dire comme Jean de la Lafontaine : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ».

Nous ne nous attarderons pas sur l’histoire de l’esclavage en général et celui des Africains en particulier, du rôle d’Isabelle la catholique et d’autres têtes couronnées européennes. Le code de mil mil six cent quatre-vingt cinq (1685) leur avait ravi leur statut d’être humain pour en faire des bêtes de somme taillables et corvéables. Dieu ne saurait mettre une âme dans un corps aussi noir, disaient les bonnes gens de l’époque. Reste à savoir si cette croyance a complètement disparu, en dépit de la geste héroïque de mil huit cent quatre, où les valeureux va-nu-pieds allaient vaincre les forces colonialistes, la puissante armée napoléonienne et donner naissance à la République d’Haïti.

Les six millions de Juifs exterminés de manière inhumaine et atroce ainsi que toutes les autres victimes opprimées en Indochine, à Madagascar, en Irak et plus près de nous en Lybie, pour des raisons inavouables et toujours inavouées.

Et puis, il y a les millions d’autres sœurs et frères, victimes d’une forme d’ostracisme d’un genre particulier. En effet, il s’agit des homosexuels qui font entendre leurs voix avec plus de vigueur et dont les échos se répercutent un peu partout à travers la planète.

Au départ, une mise en contexte s’impose en faisant attention à ne pas verser dans un légalisme outrancier.

Le mariage c’est avant tout une « union ». L’union de deux personnes de sexe différent. On parle de mariages de couleurs. S’agissant de métaux on dira de préférence alliage, ce qui n’empêche pas Nicolas de Chamfort d’affirmer : « L’amitié délicate et vraie ne souffre l’alliage d’aucun autre sentiment ».

Le pacte civil de solidarité (PACS) n’a pas résolu le problème, la formulation : « se paxer » et ce qui en découle, ne fait pas l’unanimité non plus. La France vient de promulguer la loi autorisant le « mariage » entre personne du même sexe, cette loi est vigoureusement contestée par une frange importante de la société. L’objectif de toute loi étant d’assurer la paix et l’harmonie dans la société, cette dernière n’a donc pas encore atteint son objectif. Dans d’autres pays, comme le Nigeria par exemple, le mariage gay sera sanctionné par un emprisonnement ferme de quatorze années consécutives. Que dire de certains de ces États où l’homosexualité est passible de la peine de mort?

La vérité se trouve quelque part entre ces deux extrêmes, l’acceptation globale et le refus systématique. Il y a donc lieu de réfléchir sans émotion ni préjugé sur l’opportunité de développer un large consensus à travers lequel nul ne sera objectivement lésé.

L’homosexualité n’étant ni une malédiction, ni une déviance ni une maladie, mais une façon d’être tout à fait conforme aux lois de la nature que nous ne maîtrisons pas dans leur ensemble, malgré les percées fulgurantes des sciences modernes, doit cesser d’être un sujet tabou et faire l’objet, comme le racisme, de débats objectifs et éclairés.

L’homme ou femme homosexuel demeure un sujet de droit, un contribuable, un citoyen à part entière, jouissant de la plénitude de ses droits civils et politiques. Si oui, il ou elle a le droit d’unir sa vie à celui ou celle de son choix, avec toutes les conséquences juridiques y afférentes.

Là où le bât blesse, du moins pour certains, c’est au niveau de la désignation de cette institution, sinon nouvelle du moins différente dans sa forme et dans ses composantes. Cela ne se limite pas à une simple question de sémantique pure.

L’institution du mariage réfère à l’union légitime d’un homme avec une femme, afin de fonder une famille, perpétuer l’espèce humaine par la procréation, transmettre les valeurs, la culture et il y a aussi les considérations économiques dont on ne parle pas beaucoup par une espèce de fausse pudeur.

Que des citoyens ou citoyennes à part entière décident d’unir leurs vies jusqu’à ce que mort s’ensuive ne devrait pas créer problème, à condition de ne pas semer une sorte de confusion susceptible d’expliquer ou encore de justifier les réticences des opposants et cette déplorable discrimination à leur endroit.

Pour la bonne communication et une meilleure compréhension entre les humains, ces derniers ont inventé des noms propres à tout ce qui existe : les personnes, les institutions, les objets ainsi de suite, afin qu’on sache le plus exactement possible de quoi on parle.

A titre d’exemple et non de comparaison, un véhicule automobile se définit comme étant un engin, une machine qui se déplace à partir de sa propre énergie, électricité ou moteur à combustion. Il existe une large variété de ces véhicules en raison de leurs différentes utilisations ou spécificités. Ainsi on compte les motocyclettes, les voitures, les camions, les trains, les bateaux et les avions, tous des véhicules automobiles mais portant des noms bien distincts.

Par ailleurs, en Australie, Norrie May-Welby vient d’obtenir gain de cause, dans une cause l’opposant à l’État de la Nouvelle-Galles du Sud, reconnaissant le droit de ne pas être identifié, comme homme ni comme femme. Il serait du genre neutre, si tant est qu’un tel statut puisse exister et jusqu’à preuve du contraire, c’est donc le mot du droit de la cour d’appel, en attendant la décision de la cour fédérale.

Dans un autre ordre d’idées, dans la belle province du Québec, histoire d’utiliser un langage plus humain et d’éliminer toute discrimination, il s’est développé un tout nouveau langage si bien qu’on ne dit plus aveugle mais non voyant, on ne parlera pas de sourds mais de malentendant, les patients ou malades dans les hôpitaux sont désormais des bénéficiaires, les balayeurs de rue s’appellent les travailleurs de surface, les gens qui aident leurs parents malades seront des aidants naturels et les élèves ou étudiants des apprenants, les prostituées deviennent les travailleuses du sexe. Fini le concubinage, on ne fait plus référence aux maris et aux femmes; époux, épouses font place à « conjoints ». Conjoints de facto ou de jure, tout le monde dans le même sac et pas de discrimination. Est-ce mieux et ira-t-on jusqu’à désigner l’union de ces conjoints par le terme « conjonction » en lieu et place du vocable traditionnel?

Tout ce qui précède et simplement pour éviter toute espèce de confusion, ne gagnerait-on pas à reconnaître leurs droits pleins et entiers à tous et à chacun mais en désignant les institutions par leurs noms respectifs.

Le mariage pourrait demeurer ce qu’il a toujours été, c’est-à-dire l’union d’un homme et d’une femme d’une part, l’union de deux hommes et l’union de deux femmes feraient l’objet de désignations respectives empreintes de dignité et de noblesse comme cela sied à une institution d’une telle dimension, d’autre part.

Espérant n’avoir pas soulevé la grogne des linguistes et des terminologues, nous faisons appel à leur génie pour nous trouver les vocables empreints de cette grandeur afin de désigner l’union de deux hommes, celle de deux femmes et nous permettre enfin d’éviter toutes confusions.

Serge H. Moïse av.

Barreau de P-au-P.

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