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Haïti: deux semaines après Matthew, l’aide se fait toujours attendre pour plusieurs

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Haïti: deux semaines après Matthew, l'aide se fait toujours attendre pour plusieurs

Des résidants de la commune de Maniche aux Cayes manifestent pour dénoncer la piètre qualité du riz qu’ils ont reçu, lors d’une distribution de denrées du Programme alimentaire mondial de l’ONU, le 17 octobre.

PHOTO HECTOR RETAMAL , AFP

Agence France-Presse
LES CAYES, Haïti

L’ouragan Matthew a ravagé le sud d’Haïti il y a déjà deux semaines, mais, dans certains quartiers sinistrés des Cayes, la troisième ville du pays, le paysage de désolation n’a pas changé et les habitants se résignent à ne pas être aidés.

Au lendemain du passage de Matthew, dans le quartier de Sous-Roche, Yolette Cazenor expliquait à l’AFP comment, en pleine nuit, un cocotier était tombé sur sa maison. Les jours ont passé, le tronc gît encore à côté de la petite bâtisse éventrée : seules quelques tôles trouées ont été ajoutées pour protéger les habitants du soleil.

« Les tôles qu’on a remises, c’est pour trouver de l’ombre dans la journée », explique Michel Donald, le voisin de Yolette, également sinistré. « Dedans, on a mis une grosse bâche plastique en l’air et puis une quantité de seaux sur le lit : hier soir on n’a pas pu dormir », raconte le jeune de 22 ans aux traits tirés.

Lutte sans fin pour les sinistrés de Matthew : les orages saisonniers qui s’abattent presque chaque soir sur Les Cayes les obligent à attendre un rayon de soleil pour, encore une fois, sécher le peu qu’ils ont pu sauver de l’ouragan, avant la prochaine averse.

Dans la cour, le mari de Yolette s’affaire à couper les branches d’un grand manguier déraciné. Seul, avec sa machette : personne n’est venu aider le quartier à se débarrasser des arbres tombés.

Dans le centre-ville, des engins du ministère dominicain des Travaux publics s’activent à retirer les tas de branches et d’ordures entreposés le long des principales rues.

Sur la galerie d’une maison en béton, épargnée par l’ouragan, Ketia Jeannejuste boit lentement un café très sucré.

Jusqu’au début du mois, elle menait une vie rurale tranquille, partagée entre l’entretien des bêtes et la vente des produits des petits champs. Dans la petite ville de Cavaillon, à dix kilomètres des Cayes, rien de ce qu’elle possédait n’a résisté au passage de Matthew.

« Que des mots »

Depuis elle s’est réfugiée « à la ville », chez sa mère, où elle passe ses journées à attendre, sans vraiment savoir quoi.

« Je sais que beaucoup de choses sont arrivées aux Cayes, mais nous on n’a encore pas reçu d’aide », regrette la jeune femme de 25 ans. « J’aimerais savoir pourquoi : est-ce que ce sont les autorités locales qui gardent ça pour elles, je sais pas », commente Ketia en tapant le dos de ses mains dans ses paumes, l’habituel signe pour montrer qu’une personne ne peut rien y faire.

Traversant la rue encore trempée par l’orage de la veille, Emeline Damien se joint à la conversation : loin d’être résignée, la femme de 43 ans est, elle, plus remontée.

« Ce sont ceux qui ne sont pas victimes qui ont reçu de l’aide, mais les plus vulnérables eux n’ont rien reçu », accuse-t-elle. « Et vous savez, on est à la veille des élections, toutes les choses sont maintenant politisées dans le pays et la politique c’est toujours que des mots, jamais rien n’arrive sur le terrain. »

Prévues le 9 octobre, les élections présidentielle et législatives ont été reportées au 20 novembre, plus d’un an après la première tenue du scrutin, annulé pour cause de fraudes massives.

Cet interminable processus électoral fatigue Emeline qui ne comprend pas qu’on puisse parler d’élections alors que tant de familles haïtiennes sont sinistrées.

« Les gens de Port-au-Prince doivent venir voir les dégâts : Haïti ça n’est pas seulement Port-au-Prince », enrage-t-elle. « Les citadins pensent que nous sommes des animaux, qu’on ne sert à rien sauf que c’est le Sud qui alimente Port-au-Prince », dit-elle avec orgueil.

« Ils devraient prendre cette catastrophe à coeur parce que, dans peu de jours, ils vont voir l’importance du Sud, quand ils commenceront à ne plus trouver de bananes, de mangues, de citron : là ils vont comprendre ce que ça veut dire « la vie chère » », assène Emeline sous le regard approbateur de Ketia sa nouvelle voisine, qui ne votera de toute façon pas : elle a tout perdu, y compris sa carte d’électeur.

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