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« Faux débats » par Serge H. Moise

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SERGE H. MOISE

Serge H. Moise

Entre la culture d’exécution qui fait avancer et celle du m’as-tu vu qui fait poireauter, certains ont délibérément choisi la seconde et font semblant de vouloir changer les choses.

Au risque de nous répéter pour la énième fois, rappelons que la bonne intelligence exige que l’ébauche de n’importe quel processus débute par les étapes primaires, puis suivent les secondaires, les tertiaires, ainsi de suite, jusqu’à son parachèvement. C’est donc l’a-b-c de la méthodologie.

Le cours événementiel de notre parcours historique s’est révélé au fil de nos deux siècles d’indépendance, à part quelques rares éclaircies, une suite d’errements et d’échecs et le séisme du douze janvier deux mille dix a fait chavirer la barque nationale.

Nous nous attendions à un sursaut de conscience collective tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du terroir, mais quelle ne fut notre déception, une fois la grande stupeur dissipée, de voir la vie reprendre comme à l’ordinaire, empreinte des mêmes réflexes du passé. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que fleurisse ce qu’il a été convenu d’appeler: « l’industrie de la misère ».

En effet, les ONG, organisations religieuses ou laïques ont fait de ce pays meurtri, leur terre d’élection et trois ans après, les plus naïfs se demandent encore où sont passés tous ces millions.

Entre temps, sur les ondes de différentes stations de radio et sur le Net en particulier, on assiste à une espèce de pugilat sans grandeur entre des leaders autoproclamés tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora.

Chacun de ces soi-disant leaders, se croyant ou faisant semblant d’être détenteur de la vérité tranquille, parlant beaucoup plus de ses diplômes que de ses véritables accomplissements, s’exprime en magister dixit et fort souvent ne fait qu’ânonner avec une sotte arrogance la plupart du temps.

Le diplôme est une présomption de savoir, nos complexés, bardés des titres les plus ronflants et véritables tonneaux vides, polluent l’atmosphère de leurs interminables élucubrations et sèment la confusion dans l’esprit de ceux qui seraient en droit de s’attendre à un peu de lumière.

Deux cents leaders et plus, dans la diaspora étatsunienne, qu’en est-il du Canada et de la France?

Et à l’instar des milliers de politicailleurs qui agitent beaucoup de vent sur le territoire national, la cacophonie se transforme en un véritable tintamarre, avec comme toile de fond, des millions de nos sœurs et frères pataugeant dans des conditions de vie infra-humaines, dans l’indifférence la plus totale de la (MRE) « most repugnant elite », dixit Brian Dean Curran, ex-ambassadeur en poste au pays de Dessalines et de Pétion.

Pour se donner bonne conscience, si tant est qu’ils en ont encore une, ces hâbleurs ne parlent que « d’éducation ». L’un d’entre eux, et pas des moindres, pardon amis lecteurs, un Phd, dans une correspondance privée, a tenté de nous convaincre qu’il fallait éduquer les quatre millions de compatriotes en diaspora avant d’entreprendre quoi que ce soit et que cela prendrait du temps évidemment. Quel beau prétexte pour ne rien faire ou simplement faire semblant, quand des millions de nos sœurs et frères meurent de faim et de choléra entre autres. Propos intelligents en apparence, mais farfelus, autant que faire se peut.

Ces honorables sires auraient-ils oublié que dans toute société, et ce depuis la nuit des temps, il a toujours fallu une « minorité agissante » pour faire évoluer les choses.

Si les pères fondateurs de la patrie s’étaient morfondus à vouloir éduquer nos ancêtres, cette masse d’esclaves pour la plupart analphabètes, nous serions encore les fiers rejetons de la colonie de St-Domingue.

Si Fidel Castro s’était attardé à éduquer les millions de Cubains avant de rejoindre la Sierra Maestria, passant son temps à leur exhiber ses beaux diplômes en droit ou autres domaines de haut savoir, notre voisine ne serait certes pas celle qu’elle est aujourd’hui.

Devrions-nous multiplier les exemples à l’infini pour que ces doctes, toujours en mal de paraître, daignent se départir de leurs œillères et réaliser que leur égo les empêche de travailler vraiment au bonheur la patrie commune?

Et pour anticiper les haut cris de ceux qui ne prennent pas le temps de réfléchir avant de réagir et qui seraient tenter de nous accuser de prêcher la lutte armée, nous leur suggérons de calmer leur mauvaise foi, car si c’était le cas nous serions en tête du peloton comme nous l’avions fait avant d’être forcé à l’exil en l’an de grâce mil neuf cent soixante deux.

Nous n’en sommes pas encore là, nous préconisons un dialogue franc, ouvert et constructifs entre tous les enfants de la nation et une implication efficace et efficiente dans la refondation et la reconstruction de l’alma mater, en faisant table rase des intérêts personnels et mesquins. En d’autres termes une rupture totale et définitive d’avec ces procédés qui nous ont conduits, tout le monde l’admet, au bord de ce gouffre béant.

Pourtant en dépit de leur jargon qui se veut « politically correct », les modèles ne manquent pas. Cuba a su jumeler « travail et éducation » et les résultats demeurent plus que probants. Le livre intitulé : L’éducation en révolution, publié en décembre mil neuf cent soixante quinze en dit long à ce sujet.

Soixante dix pour cent (70%) de la population active en chômage et ils parlent d’éducation!

La grande majorité de nos diplômés ont dû s’expatrier pour pouvoir gagner leur vie, faute d’emplois au pays et les finissants d’aujourd’hui rêvent d’un visa de sortie pendant que nos farceurs ne parlent que d’éducation et non de création d’emplois ni de réforme judiciaire.

L’honorable magistrat instructeur, Me Jean Serge Joseph est décédé de manière tragique et pour le moins bizarre mais pas un mot. Il n’était probablement pas assez éduqué!

Point n’est besoin d’être grand clerc pour savoir que le socle fondamental d’une société n’est autre que son cadre juridique et la possibilité pour chaque citoyen de se consacrer à un travail de son choix, en vue de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille afin de coopérer avec l’État à l’établissement d’un système de sécurité sociale, « art.35 » de la constitution en vigueur. Hélas, personne ne parle de ces deux priorités des priorités, et avec un laxisme pompeux et hilarant ils nous répondront : L’éducation c’est tout cela mon cher!

Et puisque nous pouvons être en désaccord, sans être désagréable, nous répliquerons gentiment et à l’instar de l’éminent professeur Leslie F. Manigat : « Chers compatriotes, soyons sérieux, élevons les débats ».

Me Serge H. Moïse av.

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