Il a passé la première année de son mandat à s’excuser des fautes des États-Unis à l’étranger plutôt que de se concentrer sur l’économie.
Il est le seul président à avoir réduit de 500 milliards de dollars le budget du programme d’assurance maladie Medicare pour les personnes âgées.
Il a promis que son plan de relance économique ferait passer le taux de chômage sous la barre des 8%.
Ces quatre assertions font partie du discours habituel de Mitt Romney, le favori républicain dans la course à la Maison-Blanche. Elles ont en commun d’être fausses, selon les sites internet et les journalistes américains spécialisés dans la vérification des faits (fact checking).
Politifact.com, ce projet du
St. Petersburg Times devenu une référence en la matière, a même qualifié de «mensonge de l’année» en 2010 cette idée selon laquelle le gouvernement a pris le contrôle du système de santé américain sous Barack Obama.
Comme l’a de nouveau expliqué l’Associated Press la semaine dernière après un discours de Mitt Romney, la réforme promulguée par le président démocrate préserve la place centrale de l’industrie privée de l’assurance dans le système de santé américain et évite un système public à payeur unique ( single payer ) à la canadienne. En fait, précise l’AP, cette réforme est calquée sur celle que Romney a signée en tant que gouverneur du Massachusetts.
Mais le prétendant républicain à la Maison-Blanche ne semble pas être prêt de laisser tomber le mantra républicain sur l’«Obamacare». Il n’est évidemment pas le premier politicien à déformer les faits et à maltraiter la vérité. Barack Obama en a lui-même fourni la preuve la semaine dernière en déclarant que «la Cour suprême ne prendra pas une décision inouïe et sans précédent qui consisterait à bloquer une loi (la réforme de la santé) qui a été adoptée par une forte majorité d’un Congrès élu démocratiquement».
En vérité, depuis l’arrêt Madison contre Marbury, rendu en 1803, la Cour suprême des États-Unis a invalidé plusieurs lois adoptées par le Congrès américain. Et, n’en déplaise au président, sa réforme de la santé a été adoptée par une courte majorité du Congrès.
Barack Obama, à sa décharge, n’a pas tenté de défendre sa déclaration fausse et d’autant plus étonnante qu’elle venait d’un ancien professeur de droit constitutionnel. Dès le lendemain, il a choisi des mots plus nuancés pour exprimer sa pensée. Et il ne devrait pas se faire prendre à nouveau en défaut sur cette question.
Un thème de campagne
Romney, lui, ne semble pas avoir la même gêne à répéter des faussetés qui ont été relevées à maintes reprises par les fact checkers de la presse américaine. Il continue ainsi à prétendre que la reprise économique actuelle est la plus faible que les États-Unis aient connue depuis la Grande Dépression, ce qui serait vrai si les reprises de 1980 et 2001 n’avaient pas encore été plus lentes.
Et il maintient encore aujourd’hui que l’abrogation de l’«Obamacare» permettrait au gouvernement d’économiser près de 100 milliards de dollars par année, une assertion qualifiée de «fausse» par Politifact. Selon le site, l’élimination de la réforme de la santé contribuerait en fait à la hausse du déficit.
Ce ne sont là que quelques exemples des déclarations les plus douteuses ou mensongères de Mitt Romney. Quiconque ayant un brin de recul ne peut qu’être étonné par les libertés que ce dernier prend avec la vérité dans ses discours. Le sujet est d’ailleurs en passe de devenir un des thèmes de la course à la Maison-Blanche.
«Mitt Romney est en train de se créer un problème de type Mirlande Wilson», a écrit la semaine dernière le chroniqueur du Washington Post Dana Milbank, en faisant allusion à cette femme du Maryland qui a prétendu faussement détenir un ticket de loto valant 218 millions de dollars.
L’équipe électorale de Barack Obama a entrepris de son côté la diffusion sur l’internet d’une série de pubs intitulée «Mitt Romney contre la vérité», juxtaposant les déclarations du républicain avec celles du président. Le camp Romney tentera peut-être de lui rendre la pareille en utilisant des déclarations douteuses ou mensongères du président. Mais il risquerait fort d’être perdant à ce petit jeu.