Le scrutin est également marqué par le retour de l’extrême droite à l’Assemblée nationale avec 2 députés, mais pas de la dirigeante du Front national (FN) Marine Le Pen.
Selon les dernières estimations des instituts de sondages, le Parti socialiste (PS) et ses alliés de gauche raflent entre 308 et 320 sièges sur 577, soit largement plus que la majorité absolue (289). Le PS pourra donc se dispenser du soutien des Verts (20 sièges) et de la gauche radicale (entre 9 et 11 sièges).
Le parti conservateur UMP et ses alliés ont obtenu entre 221 et 231 sièges, lors de ce scrutin au taux d’abstention record (autour de 44%).
Près d’un mois et demi après avoir battu Nicolas Sarkozy et ramené la gauche à l’Élysée après 17 ans d’absence, François Hollande aura donc les mains libres pour appliquer son programme, de la réforme fiscale à la promesse d’un redressement industriel.
Cette majorité absolue le dispense surtout de devoir composer avec le Front de gauche (gauche radicale) aux positions éloignées sur l’Europe et l’économie. C’était l’un des principaux enjeux du scrutin.
Car outre la mise en oeuvre des promesses de campagne, le gouvernement risque aussi de prendre les mesures impopulaires pour respecter l’engagement de la France de ramener son déficit public au-dessous de 3% du PIB en 2013 alors que la crise de la dette s’aggrave.
Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a salué le choix de «la cohérence» fait par les Français. Cela «nous confère de grandes responsabilités en France et en Europe», a ajouté le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Dès lundi, le président Hollande, qui veut incarner la volonté de stimuler la croissance en Europe, participera à un sommet du G20 au Mexique, qui promet d’être dominé par la crise en zone euro. Il poursuivra, notamment avec la chancelière allemande Angela Merkel, de délicates discussions sur la rigueur budgétaire et la croissance qui doivent préparer un sommet européen décisif programmé les 28 et 29 juin.
À droite, le dirigeant de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) Jean-François Copé a pris «acte de la victoire de la gauche» en s’engageant à ce que son parti mène une «opposition responsable, mais vigilante».
Alors que les socialistes disposaient déjà de la majorité au Sénat, dans la plupart des régions et des grandes villes, M. Copé avait exhorté en vain les électeurs à ne pas mettre tous les pouvoirs entre leurs mains estimant que «le coût à payer serait tragique pour le pays».
Depuis des mois, la droite agite le spectre d’une faillite de l’État comme en Grèce où, coïncidence de calendrier, les électeurs ont aussi voté dimanche pour décider de leur avenir dans l’euro. Les résultats y donnaient la victoire de la droite pro-européenne.
Fort de son score historique à la présidentielle (17,9%) et de ses 13,6% au premier tour des législatives, l’extrême droite française fait aussi son retour à l’Assemblée nationale, dont elle était absente depuis 1998, avec une poignée d’élus.
Mais la dirigeante du Front national Marine Le Pen a été battue de «quelques voix» par un socialiste dans sa place forte de Hénin-Beaumont (nord). Elle a demandé le recomptage des bulletins de vote et salué une «énorme succès» de son parti.
En revanche, sa nièce Marion Maréchal Le Pen a été élue à l’âge de 22 ans, de même que l’avocat rallié à leur formation Gilbert Collard, tous les deux dans le sud.
Une défaite a été particulièrement médiatisée: celle à La Rochelle (ouest) de Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à la présidentielle de 2007 et ex-compagne de François Hollande, sévèrement battue par un dissident du PS (58/42). Visiblement atteinte, elle a dénoncé une «trahison».
Le destin politique en berne de la mère des quatre enfants du président avait déjà pris un tour sentimental pénible entre les deux tours quand la Première dame Valérie Trierweiler, a apporté sur Twitter son soutien à son adversaire. L’affaire a provoqué la stupeur et constitué le premier couac de la présidence Hollande.
Autre échec marquant, celui du centriste François Bayrou, ex-troisième homme à la présidentielle de 2007, battu à Pau (sud-ouest) et qui va devoir reconsidérer la forme de son engagement politique.
À peine élue, l’Assemblée sera convoquée en session extraordinaire dès début juillet pour lancer les premières réformes. Un ajustement dans la composition du gouvernement de Jean-Marc Ayrault devrait aussi intervenir dans le courant de la semaine qui s’ouvre.