Séisme en Haïti: quand Chelsea Clinton dénonçait à ses parents les ratés de l’aide internationale
Chelsea Clinton (à gauche, arrière-plan) en compagnie de son père en Haïti, le 18 janvier 2010.
PHOTO LYNNE SLADKY, ARCHIVES AP
Agence France-Presse
WASHINGTON
La fille de Hillary et Bill Clinton, Chelsea, avait dénoncé en 2010 les ratés de l’aide internationale après le séisme à Haïti, dans un rapport cinglant envoyé à ses parents qui étaient alors émissaires de l’ONU pour l’île et secrétaire d’État américaine.
Le département d’État a rendu publics cette semaine plus de 4300 courriels professionnels de son ancienne patronne (2009-2013) et le magazine Politico en a exhumé un, mercredi soir, accompagné d’un mémorandum de sept pages rédigé par Chelsea Clinton, après sa visite en Haïti en février 2010.
Elle avait alors transmis son rapport par courrier électronique, adressé à «Papa, Maman».
Dans ce texte, consultable sur le site du département d’État, la fille des Clinton, aujourd’hui âgée de 35 ans et diplômée de Stanford, Oxford et Columbia, ne prend pas de gants pour fustiger «l’incompétence stupéfiante» et la «désorganisation» des agences des Nations unies et des ONG chargées de l’assistance humanitaire en Haïti dans les semaines suivant le séisme du 12 janvier 2010 (plus de 200 000 morts, 300 000 blessés, 1,5 million de sans-abris).
«Les personnes de l’ONU que j’ai rencontrées étaient le plus souvent décalées par rapport à la réalité, au mieux anachroniques dans leur mentalité, au pire arrogantes et incompétentes», écrit à l’époque Chelsea Clinton à ses parents, exemples à l’appui.
«Il n’y a AUCUNE responsabilité au sein de l’ONU ou du système humanitaire international», accuse-t-elle, avertissant que si «nous ne changeons pas rapidement l’organisation (…) sur le terrain, nous pourrions très bien être confrontés à des dizaines de milliers de décès d’enfants en raison de diarrhées, dysenteries, typhoïdes».
Chelsea Clinton, aujourd’hui dans l’équipe dirigeante de la fondation caritative Clinton Foundation, très impliquée depuis des années pour Haïti, fait aussi des recommandations à ses parents.
«Le Bureau de l’Envoyé spécial (pour Haïti) – c’est à dire toi Papa – doit avoir l’autorité sur les Nations unies et leur myriade d’agences, ce qui, je crois, te donnerait l’autorité adéquate sur la plupart des ONG internationales», conseille-t-elle à l’ancien président des États-Unis.
Son mémo, jusque là resté dans les tiroirs, contraste aussi avec la perception qu’avait sa mère, alors chef de la diplomatie américaine, de l’impact de l’aide internationale pour Haïti.
Dans un autre courriel de février 2010 mis au jour par Politico, Mme Clinton se félicite ainsi des titres de la presse américaine louant les efforts humanitaires américains: «C’est le résultat (…) d’un nouveau modèle d’engagement (…) En avant!», avait-elle répondu à l’un de ses conseillers presse.