«On assiste actuellement à une véritable ruée sur les forêts africaines», souligne l’ONG. «Les investissements s’y multiplient, attirés par des conditions climatiques idéales et surtout par des réglementations peu contraignantes, non appliquées (notamment en raison de la corruption) ou particulièrement favorables aux investissements étrangers».
«La mobilisation internationale a obligé les géants asiatiques du secteur à prendre des engagements pour lutter contre la déforestation et mettre un terme aux conflits fonciers», explique Greenpeace France.
L’Afrique est donc devenue «le nouveau terrain de jeu des industriels du palmier à huile et de l’hévéa», qui y convertissent des dizaines de milliers d’hectares de forêts en plantations.
Or ces forêts «constituent d’immenses puits de carbone, en particulier les forêts tropicales» du bassin du Congo, à la biodiversité exceptionnelle, souligne l’ONG. Leur destruction libère d’énormes quantités de CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre.
En outre, les forêts détruites ou endommagées ne peuvent plus jouer leur rôle dans la régulation des cycles de l’eau, la protection contre l’érosion, la sauvegarde de milliers d’espèces végétales et animales ou comme cadre de vie des populations.
Dans la ligne de mire du rapport: la Société financière des caoutchoucs (Socfin), l’un des «plus importants planteurs sur le continent», et le groupe Bolloré.
Interrogé par l’AFP, Bolloré a souligne n’être «qu’un actionnaire du Groupe Socfin, contrôlé majoritairement et dirigé par la famille belge Fabri, propriétaire de plantations d’hévéas et de palmiers à huile en Afrique et en Asie». «Il ne peut donc pas être directement tenu pour responsable des actions ou des décisions prises par Socfin».
Il précise cependant jouer «un rôle de facilitateur et d’intermédiaire dans cette affaire, en étant en relation régulière et directe avec Greenpeace depuis quelques mois».
Selon Greenpeace, la Socfin est présente dans huit pays d’Afrique centrale et de l’Ouest: Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Liberia, Nigeria, République démocratique du Congo (RDC), Sao Tome-et-Principe et Sierra Leone.
Ses concessions en Afrique «couvriraient plus de 325 000 hectares», dont 50 000 plantés d’hévéas et 80 000 de palmiers à huile, ce qui ne représente que 40% de leur surface totale.
Les superficies plantées «pourraient donc doubler dans les prochaines années», alors que ces concessions abritent des forêts tropicales stockant des quantités importantes de carbone, prévient Greenpeace.
En RDC par exemple, la concession de Brabanta, dans la province du Kasaï, «couvrirait 29 066 hectares», selon un rapport de la Socfin qui fait état de «6090 hectares plantés», affirme Greenpeace.
Sur ces 29 066 hectares, «environ 20 000 hectares de forêts denses (…) sont potentiellement menacées».
Et «il n’est pas exclu» que Socfin «envisage de s’étendre bien au-delà de cette superficie»: selon une carte de la compagnie consultée par l’ONG, «la superficie totale de la zone envisagée atteindrait 210 000 hectares».
Ces plans d’extension entraîneraient des dégagements massifs de CO2 et menaceraient les cultures vivrières, la chasse et la cueillette des populations, souligne le rapport qui appelle Socfin et Bolloré à s’engager dans «une politique de plantation zéro déforestation crédible et respectueuse des droits des communautés locales».
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