«Le pape est en réunion avec Fidel Castro», a affirmé à la presse Federico Lombardi peu après 12 h (11h, heure de New York).
Fidel Castro avait mis fin au suspense autour de cette possible rencontre en annonçant dans la nuit qu’il verrait le pape mercredi.
«Je saluerai avec plaisir demain mercredi son excellence le pape Benoît XVI, comme je l’avais fait avec Jean Paul II», avait écrit Fidel Castro dans une des «réflexions» qu’il publie régulièrement sur le site officiel cubain Cubadebate.
Il s’agit de la première entrevue entre le «Lider Maximo», âgé de 85 ans, et le pape allemand, âgé de 84 ans. Fidel Castro avait rencontré par deux fois Jean Paul II, en 1996 au Vatican, puis lors d’une visite historique de celui-ci à Cuba, en 1998.
Benoît XVI a rencontré mardi pendant 40 minutes Raul Castro, quelques heures après qu’un haut responsable a affirmé qu’il n’y aurait «pas de réforme politique» à Cuba, au lendemain d’un appel du pape aux Cubains à «construire une société ouverte et rénovée».
Peu de choses ont filtré sur cet entretien, sinon que le pape a demandé à Raul Castro plus d’espace pour l’Église, afin qu’elle puisse contribuer au bien-être moral et social de tous. Il a aussi suggéré que le Vendredi saint, jour de la Cruxifixion du Christ, devienne férié.
Jean-Paul II avait déjà obtenu de Fidel Castro que la fête de Noël soit déclarée fériée.
Au même moment, le cardinal secrétaire d’État (numéro deux) du Saint-Siège, Tarcisio Bertone, accompagné du «ministre des Affaires étrangères», Mgr Dominique Mamberti, rencontrait le vice-président cubain, José Ramon Machado Ventura.
«Les nombreux messages de caractère humanitaire reçus par le Vatican et concernant des personnes en difficulté» ont figuré parmi les thèmes abordés lors de cette courte rencontre de travail, a reconnu le Vatican.
Le matin même, le pape avait prié devant la Vierge de la Charité du Cuivre, patronne du pays, à Santiago de Cuba, pour «les Cubains privés de liberté».
Le thème des prisonniers politiques est très sensible. Le Vatican n’a prévu aucun entretien avec leurs familles, au grand dam des milieux d’opposants.
Ceux-ci espèrent encore que le pape s’exprimera de manière plus nette en leur faveur lors de la messe solennelle de mercredi.
Benoît XVI, d’une manière très différente de Jean-Paul II, a évoqué beaucoup des souffrances et aspirations des Cubains, mais toujours en termes généraux, se gardant d’intervenir de manière directe comme aurait pu le faire son prédécesseur.
«Le pape n’est pas le patron des lois et des solutions dans un pays, il ne peut intervenir de manière directe. L’Église à Cuba affronte la situation avec beaucoup de réalisme et d’humilité, elle est pauvre, n’est pas une puissance et ne vient pas donner de leçons sur ce qu’il convient de faire», a expliqué le père Fédérico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège.
Le Vatican souligne que la venue du pape a un sens religieux.
Mais elle suscite cependant de nombreuses réactions dans le régime et chez les organisations d’opposants qui dénoncent de dizaines d’arrestations.
Un vice-président cubain, Marino Murillo, a ainsi affirmé qu’«à Cuba, il n’y aura pas de réforme politique», mais juste «une actualisation», qui «rende notre socialisme durable».