AFP – L’historien Jean-Luc Barré, qui a aidé l’ancien président dans l’écriture de ses mémoires, a confié au journal Le Parisien que «Jacques Chirac est fidèle à lui-même lorsqu’il déclare qu’il votera pour Hollande».
«Je lui rends fréquemment visite, nous déjeunons ou dînons ensemble. Après quatre ans d’échanges, je crois être un de ceux qui connaissent le mieux le fond de sa pensée», a-t-il ajouté.
À l’approche du premier tour dimanche de l’élection présidentielle française, le coup ne pouvait pas plus mal tomber pour Nicolas Sarkozy, que tous les instituts de sondages donnent largement battu au second tour face à François Hollande.
Le président sortant a immédiatement réagi, jugeant «triste» que certains essaient de «faire parler» son prédécesseur.
«La meilleure façon de respecter Jacques Chirac dans les difficultés qui sont les siennes c’est d’essayer de ne pas le faire parler et qu’il ne soit pas instrumentalisé dans un sens ou dans un autre par son entourage», a-t-il déclaré.
Nicolas Sarkozy faisait allusion à la santé déclinante de l’ancien chef de l’État, âgé de 79 ans, qui a occupé l’Élysée de 1995 à 2007. En septembre dernier, il n’avait pas pu comparaître physiquement devant le tribunal de Paris, qui le jugeait pour deux affaires d’emplois fictifs.
Ses avocats avaient fourni un rapport médical attestant de troubles neurologiques «sévères» et «irréversibles», ce qui n’avait pas empêché une condamnation à deux ans de prison avec sursis.
Malgré tout, cinq ans après son départ de l’Élysée et sa retraite politique, Jacques Chirac reste incroyablement populaire dans l’opinion publique française.
Le journal Le Parisien affirmait d’autre part mardi que sa famille était très divisée à l’approche du premier tour. Sa fille Claude Chirac et son gendre Frédéric Salat-Baroux pencheraient également pour Hollande.
Seule l’épouse de l’ex-président, Bernadette Chirac, est résolument partisane de Nicolas Sarkozy, à qui elle a apporté un soutien appuyé.
Jacques Chirac entretient notoirement des relations difficiles avec le président sortant. Un temps son mentor, il ne lui a jamais pardonné la traîtrise de 1995 quand Nicolas Sarkozy choisit de soutenir son rival de droite à la présidentielle, Édouard Balladur.
Depuis, les divisions de la droite se sont quelque peu estompées, mais une profonde méfiance demeure.
Jacques Chirac n’a jamais caché ses liens de confiance avec François Hollande avec qui il a en commun d’avoir ses racines politiques en Corrèze, département rural du centre de la France.
L’ancien président n’avait pas hésité dès 2011 à lancer devant des journalistes qu’il voterait pour François Hollande, mais il s’était repris rapidement en affirmant qu’il s’agissait d’«humour corrézien».
Cette déclaration «n’avait rien d’une plaisanterie», dit aujourd’hui Jean-Luc Barré, affirmant que les deux hommes «ont en commun un même attachement aux valeurs républicaines».
En quittant l’Élysée en 2007, Jacques Chirac s’était fixé pour discipline de ne pas faire de commentaires politiques. Cette phrase de 2011 sur son éventuel vote pour François Hollande y fut la seule entorse.
L’un des responsables de droite les plus proches de l’ancien président, le chef des députés du parti UMP Christian Jacob, a très rapidement assuré Nicolas Sarkozy de la loyauté de la mouvance chiraquienne de la droite.
«Tous les gens proches de Chirac qui ont un mandat politique ont une ligne qui est très claire: ils sont aux côtés de Nicolas Sarkozy, mobilisés comme je le suis ou comme d’autres, à 200 ou à 2000%», a-t-il insisté.