L’actuelle secrétaire d’État va rouler pour Barack Obama en 2012. Mais pour 2016, elle est déjà dans les starting-blocks
Elle a déjà annoncé qu’elle n’irait sans doute pas à la convention du Parti démocrate qui, à Charlotte en Caroline du Nord, doit officiellement désigner en septembre Obama comme le candidat du parti pour 2012. « Nul besoin d’y aller, a persiflé l’une des éditorialistes du
New York Times, Maureen Dowd, elle attendra sa propre convention en 2016. »
Hillary Clinton est depuis quelques mois en état de grâce auprès de l’opinion américaine.
Une situation de nature à lui faire oublier qu’elle avait promis, juré, qu’après les élections de 2012 elle abandonnerait la vie politique. Mais il n’y a pas de sondage qui ne fasse revenir les animaux politiques comme elle sur leur parole. Or, les derniers ont de quoi réveiller une ancienne candidate à la présidence écrasée en 2008 par la popularité d’un jeune sénateur noir nommé Obama et qui, depuis, a accepté de servir loyalement celui-ci à un poste il est vrai prestigieux : celui d’avocate de la politique étrangère de son pays.
Avec 65 % d’opinions favorables, Hillary Clinton surclasse en effet tous les candidats démocrates potentiels à la présidentielle prévue pour 2016. Y compris Joe Biden, l’actuel vice-président. Et ce n’est pas là le choix de certaines catégories d’électeurs qui voudraient pousser leur future championne pour couper l’herbe sous le pied à quelques-uns de ses concurrents potentiels : elle est plébiscitée par 58 % des Américains qui se reconnaissent « libéraux » (en
France, on dirait progressistes !), mais aussi à l’inverse par 56 % de ceux qui se déclarent modérés, par 60 % des femmes, 50 % des hommes, 59 % des Blancs, 54 % des Afro-Américains, 51 % des Latinos. Enfin, si elle plaît beaucoup aux seniors (64 %), elle ne déplaît pas aux jeunes (44 %).
Maîtresse femme
C’est sûrement trop, et trop tôt. Car, à quatre ans d’une autre présidentielle et avant même que celle de cette année ait choisi son vainqueur, il est sûrement imprudent de tirer des conclusions d’une telle embellie. D’autant que depuis l’élection de
Barack Obama, Hillary Clinton s’est tenue à l’écart des joutes politiques, de la guerre du Tea Party contre les institutions et la présidence, des luttes de clan du Parti démocrate auxquelles l’ancienne sénatrice de New York n’a pas voulu se mêler.
Elle a préféré être l’ambassadrice infatigable de la diplomatie américaine, ne ratant aucune réunion importante, présente sur tous les grands dossiers, de la
Libye à l’
Iran en passant par la
Chine et la
Syrie. Mais cette visibilité-là a payé et les électeurs américains lui savent gré d’avoir souvent manifesté une fermeté dont certains trouvent que leur président a parfois manqué. Pour ceux qui douteraient encore qu’Hillary Clinton est une maîtresse femme, avoir surmonté les épreuves un peu grotesques que son volage de mari président lui a imposées avant de rebondir au
Sénat, puis mener une campagne présidentielle calamiteuse avant de mettre de nouveau son orgueil dans sa poche pour servir loyalement celui qui l’avait battue devraient peut-être suffire à les convaincre.
Il n’est pas sûr qu’elle se présente en 2016 à la Maison-Blanche, mais avec cette cote dans l’opinion une incertitude est levée : même si Obama la suppliait à genoux, il est plus que douteux qu’elle accepte d’être sa vice-présidente pour les quatre années à venir, à la place de Joe Biden. Trop risqué d’écorner sa popularité si le président sortant était battu.