Hasard du calendrier, tous les quatre ans, la compétition olympique et la présidentielle américaine ont lieu en même temps et ce mélange de patriotisme et d’unité nationale ne déplaît pas aux politiques.
Cette année, le cheval de dressage du couple Romney, les gymnastes des États-clés et les tracas fiscaux des médaillés ont fait les gros titres au milieu des retransmissions des jeux, entrecoupées de spots de campagne électorale.
En campagne, le président Barack Obama commence désormais ses réunions par des félicitations aux derniers athlètes médaillés de Londres.
Jeudi en Virginie, il s’est régalé à passer le coup de fil présidentiel de félicitations aux médaillés d’or tel Michael Phelps, et s’est dit très fier des gymnastes américaines.
«Je ne comprends pas comment, sur cette petite poutre, on arrive à faire des sauts périlleux», a déclaré le président, fan de sport, en vantant particulièrement la gymnaste Gabby Douglas, double médaillée d’or.
Outre ses exploits sportifs, «l’écureuil volant» -de son surnom- a pour principale qualité d’être originaire de Virginie, un État primordial pour la réélection de M. Obama en novembre.
La Première dame Michelle Obama n’était pas en reste; c’est elle qui a mené la délégation américaine à Londres pour la cérémonie d’ouverture, avant de s’afficher avec les vedettes de la NBA de l’équipe nationale de basket.
Les ratés olympiques de Romney
Pour Mitt Romney, connu pour avoir sauvé les JO d’hiver de Salt Lake City de 2002 de la corruption et de la faillite financière, les jeux Olympiques auraient dû être une victoire politique facile.
Mais le républicain s’est pris les pieds dans le tapis cette année en mettant en cause l’organisation britannique, déclenchant une tempête politique.
Autre source d’embarras pour le candidat: il est propriétaire d’un cheval qui participe aux épreuves de dressage des JO, une compétition dans laquelle l’Américain moyen risque peu de se retrouver.
Déjà jugé déconnecté des réalités quotidiennes de l’Amérique par les démocrates, Mitt Romney est pointé du doigt par le site de gauche MoveOn.org, qui l’accuse de dépenser 77 000 dollars par an pour entretenir l’animal.
Comme M. Obama, M. Romney ne manque pas une occasion de féliciter les médaillés. Dernière récipiendaire en date, la nageuse Missy Franklin qu’il a qualifiée de «vraie fille du Colorado au grand coeur».
Coïncidence ou pas, le Colorado est aussi un État-clé de l’élection.
L’ancien gouverneur du Massachusetts s’est aussi déclaré favorable à l’abrogation d’une loi qui taxe les athlètes ramenant une médaille au pays.
Quant aux précédents présidents américains, ils ont connu des fortunes diverses avec les jeux.
En 1984, ceux de Los Angeles ont été lancés par Ronald Reagan dans un climat de patriotisme exacerbé après des décennies assombries par la guerre du Vietnam, le scandale du Watergate, la crise des otages en Iran et la récession. L’euphorie sportive a redynamisé la campagne du candidat Reagan, le menant à une large victoire.
Au contraire, son prédécesseur Jimmy Carter a dû se passer de cet élan, ayant décidé le boycottage des jeux de Moscou en 1980 pour cause d’invasion de l’Afghanistan.
En 1996, Bill Clinton prenait la pose avec le boxeur Mohamed Ali en allumant la flamme olympique et se faisait réélire. En 2008, George W. Bush faisait face aux appels, en vain, des démocrates à boycotter les cérémonies d’ouverture des jeux de Pékin, invoquant les droits de l’homme.
Quant à Barack Obama, il est revenu piteux en début de mandat de Copenhague où le Comité national olympique avait choisi Rio pour les jeux de 2016, au lieu de sa ville de Chicago.