«Si l’on veut être président, on doit la vérité aux Américains», s’est écrié M. Obama lors d’un discours à Denver (Colorado, ouest), la ville même où s’est déroulé mercredi soir le premier face-à-face des deux candidats à la présidentielle du 6 novembre.
«Quand je suis monté sur la scène, j’ai rencontré cet individu très en forme qui prétendait être Mitt Romney. Mais ce ne pouvait pas être Mitt Romney!», a lancé M. Obama face à 12 300 personnes, un chiffre rarement vu jusqu’ici lors de cette campagne, et rassemblées en extérieur par un froid glacial.
«L’homme qui était sur la scène hier soir ne veut pas assumer la responsabilité de ce que le vrai Romney dit depuis l’année dernière», a affirmé M. Obama, dont la verve pendant 21 minutes a contrasté avec son attitude éteinte la veille face à un républicain en forme.
M. Romney «a enfin donné aux États-Unis une vraie élection présidentielle», a commenté jeudi le Wall Street Journal, d’obédience conservatrice, tandis que le plus centriste Washington Post estimait que l’ancien gouverneur du Massachusetts (nord-est) avait livré une «performance solide» mercredi soir.
En revanche, M. Obama «ressemblait à quelqu’un qui aurait pris un somnifère», a affirmé le quotidien Politico, en qualifiant de «médiocre» la prestation du président sortant. Ce genre de débat est généralement suivi par des dizaines de millions de téléspectateurs.
Jeudi matin, M. Romney n’a pas directement commenté sa prestation, mais estimé qu’«hier soir a été une occasion formidable pour les Américains d’examiner deux visions très différentes pour notre pays», et s’est érigé en défenseur d’une «prospérité par la liberté».
Examen «sans concession»
Alors que M. Obama devait poursuivre sa tournée électorale par le Wisconsin (nord) jeudi, son stratège David Axelrod a lui-même reconnu que M. Romney avait remporté le débat, et promis d’examiner «sans concession» ce qui n’avait pas fonctionné.
«Le gouverneur Romney est venu pour se donner en spectacle, et il a fait du beau spectacle, nous sommes prêts à le reconnaître», a grincé M. Axelrod lors d’une conférence de presse téléphonique. Mais cette prestation du républicain n’était «pas enracinée dans la réalité», a-t-il assuré.
M. Obama doit se rendre vendredi en Virginie (est) et dans l’Ohio (centre), autant d’États qui pourraient décider de l’issue de l’élection le 6 novembre, et où M. Romney accusait un retard parfois préoccupant dans les sondages avant le débat.
Après avoir passé lui aussi la nuit à Denver, le républicain, dont le camp laissait filtrer un optimisme retrouvé via des communiqués et des messages sur les réseaux sociaux, s’est justement envolé jeudi pour la Virginie. Il y retrouvera son colistier, Paul Ryan, pour une réunion publique en soirée.
Selon son équipe, il a aussi choisi cet État pour prononcer lundi un grand discours de politique étrangère, un dossier sur lequel le président le domine jusqu’ici dans les sondages.
À moins de cinq semaines du scrutin, et alors que des millions d’Américains peuvent déjà voter par correspondance, M. Romney accuse un retard persistant de trois points en moyenne sur le président sortant, selon le site de référence RealClearPolitics.
Deux autres débats présidentiels sont prévus les 16 et 22 octobre. Le vice-président Joe Biden rencontrera Paul Ryan le 11 octobre.