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© reuters.
Jamais depuis sa prise de fonctions en mai, le président français n’avait été accompagné à l’étranger d’une délégation aussi nombreuse: près de 200 personnes dont neuf ministres, une douzaine de responsables politiques, une quarantaine d’hommes d’affaires, des écrivains, des artistes parmi lesquels le comédien né en Algérie Kad Merad, très populaire en France, et une centaine de journalistes.
« C’est l’illustration de l’importance politique mais aussi symbolique et économique que le président de la République attache à ce déplacement », souligne le porte-parole diplomatique de l’Elysée, Romain Nadal. Les rues d’Alger ont été pavoisées aux couleurs de la France et de l’Algérie.
Le cortège officiel franco-algérien devait emprunter le front de mer marqué par une architecture haussmannienne.
Les Algériens sont une large majorité à souhaiter une normalisation des relations avec l’ancienne puissance coloniale et 57% d’entre eux se sont dits favorables à une relation « exemplaire » avec la France, selon un sondage publié mercredi par le quotidien francophone Liberté.
Pour El-Watan, le plus gros tirage francophone d’Algérie (140.000 exemplaires), cette visite doit apaiser « enfin, les mémoires encore douloureuses ».
Sur l’autre rive de la Méditerranée, les avis restent partagés: 35% des Français pensent que François Hollande ne doit « en aucun cas » présenter les excuses à l’Algérie pour la colonisation, 13% jugeant qu’il doit le faire et 26% à « condition que l’Algérie présente des excuses au sujet des pieds noirs et des harkis ».
Jacques Chirac avait été accueilli dans la liesse en 2003 et 2004. Mais l’année suivante, une loi mentionnant « le rôle positif » de la colonisation avait durablement plombé les relations franco-algériennes.
Quant à Nicolas Sarkozy, il avait séduit les Algériens en décembre 2007 mais la réception dans la foulée de sa visite d’associations de Harkis avait rompu le charme.
François Hollande et Abdelaziz Bouteflika tenteront donc de tourner la page de ces espoirs déçus par une « déclaration conjointe » à défaut d’un traité d’amitié.
Le chef de l’Etat algérien a dit en attendre un « partenariat d’exception » tandis que Paris souhaite aussi nouer à cette occasion « un dialogue politique sur les grands enjeux internationaux », à commencer par le Mali.
Devant les deux chambres du Parlement algérien réunies, le président Hollande entend poser jeudi « un regard lucide » sur le passé, celui de 132 années de colonisation française et d’une guerre d’indépendance meurtrière.
François Hollande avait posé de premiers jalon à l’automne, reconnaissant la « sanglante répression » par la police française de la manifestation du 17 octobre 1961 qui avait fait plusieurs dizaines de morts à Paris parmi les manifestants algériens. « L’Histoire doit servir à bâtir l’avenir et non pas à l’empêcher », a-t-il plaidé.
« L’Algérie et la France vont procéder à la signature de 7 à 8 accords touchant plusieurs secteurs dont la défense, l’industrie, l’agriculture, la culture, l’enseignement et la formation », a indiqué pour sa part le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal.
L’un d’eux, âprement négocié, portera sur la construction près d’Oran (Ouest) d’une usine de montage de Renault susceptible de produire à compter de 2014 au moins 25.000 véhicules par an.
Jeudi, au deuxième et dernier jour de sa visite, le président français s’adressera à la jeunesse algérienne qu’il rencontrera à l’université de Tlemcen.