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« Si nous sommes présents, ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays », a déclaré jeudi le président français François Hollande, insistant: « Ce temps là est terminé. » Paris semble donc envoyer une fin de non recevoir au président centrafricain François Bozizé, qui a appelé jeudi la France et les Etats-Unis à l’aider à stopper les rebelles du Séléka. La rébellion a pris les armes depuis le 10 décembre et menace à présent Bangui.
La crise « doit se régler par le dialogue », a répété le ministère français des Affaires étrangères, tout en condamnant « la poursuite des hostilités de la part des mouvements rebelles ». Interrogé sur une possible intervention française au profit des personnes déplacées ou des réfugiés, François Hollande a souligné que la France ne pouvait « intervenir que s’il y a un mandat de l’ONU », relevant que « tel n’est pas le cas ». Pendant des décennies, la France n’a cessé de jouer un rôle central en Centrafrique, faisant ou défaisant les régimes, « jusqu’au coup d’Etat de François Bozizé en 2003 sur lequel Paris avait fermé les yeux », rappelle le spécialiste de l’Afrique Antoine Glaser.
En 2007 encore, des parachutistes français étaient intervenus dans le nord-est du pays, en soutien des forces armées contre un mouvement rebelle. « Mais c’était à la frontière du Darfour, il y avait un contexte géostratégique avec le Soudan qu’il n’y a plus aujourd’hui », juge M. Glaser. Les relations entre les deux pays avaient déjà été revues sous l’ex-président de droite Nicolas Sarkozy. Elles sont régies par un « Accord de partenariat de défense », signé en avril 2010, qui à la différence du précédent pacte de 1960, ne prévoit pas la possibilité pour l’armée française d’intervenir en cas de conflit intérieur dans ce pays.
La France a cependant encore environ 250 militaires basés sur l’aéroport de Bangui, mais dans le cadre de la mission « Boali » de soutien technique et opérationnel à la Micopax (Mission de consolidation de la paix en Centrafrique). Sous mandat de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, la Micopax est chargée de soutenir « la reconstruction des forces armées » et d’assurer la « sécurité générale du pays ». « On ne fait pas de la sécurité civile ou du maintien de l’ordre », a-t-on cependant assuré au ministère de la Défense, en insistant sur la mission de « formation, instruction et conseil » aux militaires centrafricains.
Quelque 1.200 Français vivent en Centrafrique, parmi lesquels un tiers de binationaux, selon le ministère de la Défense. « A ce stade ils ne sont pas menacés », a dit à l’AFP une source au ministère, et leur évacuation vers Libreville, où la France dispose d’une importante base militaire, n’est pas prévue. « Nous avons invité nos ressortissants présents à Bangui à rester à leur domicile, à éviter tout rassemblement et à rester en contact avec l’Ambassade », a souligné de son côté le ministère des Affaires étrangères. A son arrivée au pouvoir en mai, le pouvoir socialiste avait assuré que la France ne voulait plus « rentrer dans un principe d’ingérence » et n’avait « pas vocation à intervenir directement » avec ses troupes combattantes en Afrique.
Selon M. Glaser, la France a d’autant plus intérêt à se montrer discret en Centrafrique qu’elle est très active au Mali, même si elle répète qu’elle n’agira qu’en soutien d’une éventuelle intervention africaine. « Au moment où la France est prête à s’investir au nord du Mali, ça peut être bien de montrer qu’on est prêt à laisser tomber un régime, que la politique de la canonnière est bien terminée », souligne-t-il.