«Je pense que nous sommes enfin à un moment où une réforme complète est à portée de main», a affirmé M. Obama lors d’un discours à Las Vegas, au lendemain de la présentation par huit sénateurs, républicains et démocrates, d’un plan remettant à plat le système d’immigration du pays.
Ces élus ont évoqué l’objectif d’une adoption d’ici au début de l’été, mais M. Obama, qui avait déjà poussé sans succès le Congrès à voter une telle réforme en 2010, a prévenu que «plus on se rapprochera (de cette date), plus ce débat suscitera les passions».
«Lorsque nous en parlons de façon abstraite, la discussion s’oriente facilement sur le « nous » contre « eux ». Et lorsque cela se produit, beaucoup de gens oublient que la plupart d’entre « nous » avons été « eux »», a encore affirmé le président, vantant l’immigration, qui a toujours rendu le pays «plus fort».
Comme le plan présenté par les sénateurs la veille, celui de M. Obama propose de «continuer à renforcer la sécurité aux frontières» du pays et de «réprimer plus durement les entreprises qui embauchent en connaissance de cause des sans-papiers».
«Il nous faut aussi nous occuper des 11 millions de personnes qui sont ici illégalement», a ajouté le président, estimant que pour qu’une réforme complète de l’immigration fonctionne «il faut dire clairement dès le début qu’il y aura un chemin possible vers la naturalisation».
«Ce ne sera pas une procédure rapide, mais ce sera une procédure juste et elle fera sortir de l’ombre ces individus et leur donnera l’opportunité d’obtenir une carte verte (titre de séjour, ndlr) et en fin de compte la citoyenneté» américaine, a-t-il expliqué.
Optimisme prudent de McCain
Sa proposition diffère principalement de celle des élus sur la prise en compte de la situation des couples homosexuels et surtout sur la question de la sécurité de la frontière avec le Mexique, la Maison-Blanche estimant que suffisamment d’investissements ont déjà été consentis pour la rendre plus hermétique.
Le républicain Marco Rubio, l’un des huit sénateurs à l’origine du plan des parlementaires, a insisté mardi sur la nécessité de s’occuper d’abord de la sécurisation de la frontière, se disant «inquiet du manque de volonté du président» d’accepter cette condition préalable, sans laquelle selon lui «dans quelques années, nous nous retrouverons face à des millions de nouveaux clandestins».
M. Rubio, étoile montante de son parti et né dans une famille d’origine cubaine, a l’oreille de nombreux élus de la Chambre des représentants, assemblée qui contrairement au Sénat est un pré carré républicain.
Un autre républicain, le vétéran John McCain, a été moins virulent vis-à-vis du discours de M. Obama. «S’il y a certaines différences dans nos approches, nous partageons l’idée que toute réforme devra reconnaître que les États-Unis sont un Etat de droit et une nation d’immigrants», a-t-il remarqué en se disant «prudemment optimiste».
Le porte-parole du président de la Chambre John Boehner a quant à lui réagi avec prudence: «Toute solution devrait être soutenue par les deux partis, et nous espérons que le président fera attention de ne pas tirer le débat trop à gauche, ce qui finirait par faire dérailler les travaux difficiles qui s’annoncent au Sénat et à la Chambre».
Côté défenseurs des sans-papiers, l’enthousiasme était aussi parfois mesuré. La promesse de M. Obama de renforcer les contrôles des employeurs, «cela va vouloir dire plus de chômage pour nous», s’est inquiétée Susana Zamorano, une Mexicaine vivant illégalement aux États-Unis depuis 15 ans, et rencontrée par l’AFP à Los Angeles.
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