Rapprochement historique entre les États-Unis et Cuba
Obama et Raul Castro a l’enterrement de Mandela
Agence France-Presse
WASHINGTON
Les États-Unis vont entamer un rapprochement «historique» avec Cuba prévoyant en particulier le rétablissement des relations diplomatiques avec le régime communiste et l’allègement des sanctions économiques imposées depuis 1962, a annoncé mercredi un responsable américain.
Le président Barack Obama et son homologue cubain, Raul Castro, se sont exprimés à 12 h, respectivement depuis la Maison-Blanche et La Havane, après s’être parlé au téléphone.
Selon un responsable américain, l’appel entre les deux dirigeants a duré entre 45 minutes et une heure. Un responsable a également précisé que Fidel Castro n’avait «pas été impliqué dans les discussions».
Le pape François a joué un rôle crucial dans le rapprochement entre les deux pays, a-t-on précisé de même source.
M. Obama a demandé au secrétaire d’État John Kerry d’entamer «immédiatement» des discussions en vue du rétablissement des relations diplomatiques. Les États-Unis ont annoncé l’ouverture d’une ambassade à La Havane «dans les mois à venir».
Cette annonce historique intervient quelques heures après celle de la libération d’Alan Gross, un Américain détenu depuis 5 ans à La Havane. M. Gross, 65 ans, est arrivé mercredi en fin de matinée en sol américain, sur le tarmac de la Joint base Andrews, dans le Maryland.
Washington a toujours conditionné une détente avec Cuba à la libération de cet ancien contractuel de l’agence fédérale américaine pour le développement international (USAID), une branche du département d’État.
Quelques signes de détente sont apparus ces dernières années entre les deux pays.
Le président Raul Castro, qui a succédé à son frère depuis 2006, a mis un frein aux diatribes anti-américaines, alors que son homologue Barack Obama a assoupli les règles qui s’appliquent aux voyages vers l’île communiste.
La publication, il y a quelques mois, d’un éditorial du New York Times intitulé «Il est temps d’en finir avec l’embargo contre Cuba», avait été jugé «d’une grande habileté» par Fidel Castro.
À l’occasion de la crise d’Ebola et de la coopération internationale sur cette question de santé publique, les États-Unis et Cuba ont multiplié en octobre les échanges d’amabilité.
Le président Barack Obama avait aussi assoupli les règles qui s’appliquent aux voyages vers l’île, tout en maintenant une ligne dure face à ce petit pays distant seulement de 150 km des côtes de Floride.
Mais Washington a maintenu jusqu’à ce jour une ligne ferme envers La Havane. Vivement critiqué sur l’île communiste, l’embargo américain, maintenu depuis 1962, est condamné chaque année aux Nations unies à une écrasante majorité.
Les États-Unis et Cuba entameront des pourparlers en vue de normaliser leurs relations diplomatiques, dans ce qui se dessine comme étant le plus important virage dans la politique américaine vis-à-vis l’île communiste depuis des décennies, ont déclaré des officiels américains.
Selon le sénateur de Floride Marco Rubio, lui-même d’origine cubaine, l’accord inclurait la normalisation des échanges commerciaux et bancaires avec Cuba.
Avant même l’annonce officielle du président américain Barack Obama sur Cuba, un proche sénateur démocrate a de son côté indiqué mercredi que les États-Unis allègeraient les restrictions sur le commerce et les voyages avec l’île.
«Ouvrir la porte avec Cuba pour le commerce, les voyages et l’échange d’idées va conduire à des changements positifs à Cuba, que notre politique d’exclusion n’a pas réussi à produire depuis plus de 50 ans», a déclaré dans un communiqué le sénateur Richard Durbin, numéro deux du Sénat et proche du président américain.
L’Américain Alan Gross, écroué depuis cinq ans à Cuba où il avait été condamné pour espionnage – il avait été condamné en 2011 à 15 ans de prison pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire interdit dans l’île communiste -, a été «échangé» contre la libération de trois Cubains condamnés en 2001 aux États-Unis pour espionnage, a indiqué mercredi à l’AFP un responsable américain sous couvert d’anonymat.
M. «Gross a été libéré pour des raisons humanitaires. Il y a eu échange avec des gens du renseignement», a dit ce responsable. Interrogé pour savoir s’il s’agissait de trois agents cubains arrêtés en 1998 aux États-Unis et condamnés en 2001 à de la prison pour espionnage, ce responsable a répondu «oui».
La Havane dénonce quotidiennement les «condamnations injustes» de cinq de ses agents arrêtés en 1998 aux États-Unis alors qu’ils avaient infiltrés les milieux anticastristes de Floride. Cuba réclamait la libération de trois de ces Cubains du «groupe des Cinq», considérés dans leur pays comme des «héros de la lutte antiterroriste».
Alan Gross photographié en novembre 2012.
PHOTO JAMES L. BERENTHAL, ARCHIVES AP
Alan Gross à son arrivée en sol américain.
PHOTO REUTERS
«Une annonce importante»
Le président cubain Raul Castro fera mercredi à midi «une annonce importante» concernant les relations de son pays avec les États-Unis, a annoncé la télévision locale, après la libération d’Alan Gross.
Le frère de Fidel Castro «s’adressera à notre peuple et à l’opinion publique internationale ce mercredi 17 décembre à midi, pour faire une annonce importante à propos des relations avec les États-Unis», a déclaré une journaliste de la télévision, interrompant la programmation habituelle pour lire un bref communiqué.
L’allocution sera diffusée simultanément par tous les médias locaux.
Les États-Unis et Cuba, séparés seulement par les 150 km du détroit de Floride, n’ont plus de relations diplomatiques officielles depuis 1961, mais disposent chacun d’une section d’intérêts qui fait office d’ambassade.
Plusieurs sondages montrent qu’une majorité d’Américains se disent favorables à un changement de politique à l’égard de Cuba, y compris en Floride où réside une très importante communauté cubano-américaine anticastriste.
-Avec Associated Press
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