C’est la deuxième fois que cela arrive sous François Hollande : il n’y a plus d’otage français détenu dans le monde. L’épisode précédent, après la libération en décembre 2014 de Serge Lazarevic, détenu au Mali, n’a duré que soixante-seize jours… jusqu’au 24 février 2015 et le rapt d’Isabelle Prime, enlevée au Yémen et libérée vendredi. Pour autant, le démantèlement de la cellule de crise du Quai d’Orsay n’est pas à l’ordre du jour. L’heure reste à la prudence.
Depuis qu’il est à l’Élysée, François Hollande a eu à gérer une impressionnante série d’enlèvements, suivis de libérations… ou de drames. À six reprises, des Français ont trouvé la mort. Mais dans le même temps, la diplomatie française et ses services secrets comptent une série de succès, avec vingt personnes libérées. « Hollande, dans ce domaine, a une forme de baraka, confie un militaire. Quand on sait que dans le même temps la France est engagée militairement contre le terrorisme, le bilan pourrait être beaucoup plus lourd. » Mais la « méthode Hollande » ne se limite pas au seul facteur chance.
Une exposition « Oman et la mer » au musée de la Marine
La libération d’Isabelle Prime a été obtenue grâce aux interventions diplomatiques tous azimuts dans le Golfe, notamment auprès du sultan d’Oman. « L’image et le rôle de la France dans cette région du monde sont en train de changer, François Hollande était invité d’honneur à la dernière conférence des pays du Golfe », souligne-t-on à l’Élysée.
Les bonnes relations avec Oman remontent à fin 2013… au Trocadéro. Entièrement à ses frais, le sultanat organise alors au musée de la Marine parisien une exposition « Oman et la mer ». Le soir de l’inauguration, un dîner de gala est organisé. « Des contacts très étroits se sont noués avec le ministre de la Défense de l’émirat et son homologue français », confie une source diplomatique. Jean-Yves Le Drian sera même invité à Oman en 2014 et rencontrera le sultan, Qabus Ibn Said. « Un monarque éclairé et pacifique », selon Paris. Après le rapt de la jeune femme au début de cette année, ces contacts seront réactivés. Selon nos sources, la Française n’aurait pas été détenue par des « politiques », autrement dit par Al-Qaida dans la péninsule Arabique, mais plutôt par des rebelles, vraisemblablement houthistes, chiites, avec lesquels le sultanat d’Oman entretient de bons contacts.
Jeudi matin, dans le vol qui le conduisait en Égypte pourl’inauguration du canal de Suez, François Hollande est prévenu d’une « libération imminente ». La confirmation arrivera lors du voyage retour. Le chef de l’État prévient aussitôt la famille Prime. Vendredi soir, avant d’accueillir la jeune femme sur le tarmac de Villacoublay, il a longuement discuté avec le sultan d’Oman au téléphone. Les deux hommes ont évoqué la possibilité d’un voyage officiel du président français.