Les républicains ont conservé leur majorité au Sénat, ce qui a permis à Donald Trump de rapidement revendiquer un « immense succès », sans évoquer la perte par son parti de la Chambre des représentants.
Cette victoire démocrate à la chambre basse devrait entraver l’action du 45e président des États-Unis jusqu’à la fin de son mandat en 2021.
« Un Congrès démocrate va oeuvrer à des solutions qui nous rassemblent, car nous en avons tous assez des divisions », a déclaré Nancy Pelosi, la chef des démocrates à la Chambre des représentants, en promettant de restaurer les « contrepouvoirs constitutionnels ».
Deux ans après la victoire choc de l’homme d’affaires, propulsé à la Maison-Blanche sans la moindre expérience politique ou diplomatique, les Américains se sont pressés en nombre dans les bureaux de vote.
Selon les estimations des chaînes américaines, les démocrates ont repris le contrôle de la Chambre des représentants pour la première fois depuis 2010. Les républicains, de leur côté, ont conservé leur majorité au Sénat, qu’il pourraient même accroître d’un ou deux sièges.
Les États-Unis se retrouveront donc, en janvier 2019, avec un 116e Congrès divisé, dans une société marquée par un profond clivage autour de la personne de M. Trump.
Les élections de mi-mandat sont traditionnellement délicates pour le président en place. Mais la perte de la Chambre, en dépit d’excellents indicateurs économiques, reste un revers pour le magnat de l’immobilier tant il avait fait de ce rendez-vous un véritable référendum sur sa personne.
« Satisfait de l’économie »
La carte électorale sénatoriale jouait, cette année, en faveur des républicains : le renouvellement par tiers concernait des États majoritairement conservateurs.
Le nombre de votants n’est pas centralisé par une autorité électorale unique aux États-Unis, mais au Texas, à New York ou dans le Maryland, électeurs et scrutateurs interrogés par l’AFP semblaient surpris par l’affluence.
À l’Université d’Irvine, 60 km au sud de Los Angeles, les électeurs se sont pressés en nombre.
John Savarese, étudiant en psychologie de 26 ans, a grandi à Fullerton, une ville d’Orange County réputée pour être très conservatrice. Mais il a voté démocrate. Ses parents sont des républicains convaincus, il est fiancé à une jeune fille d’origine mexicaine, Américaine de première génération : « Quand je vois les difficultés que sa famille endure en ce moment, je ne pouvais pas ne pas voter », explique-t-il à l’AFP.
Nicky Davidson, étudiante en biologie, 20 ans, a elle voté républicain au nom de ses « croyances chrétiennes » notamment. Donald Trump « fait les choses différemment, et c’est ça dont nous avons besoin », explique-t-elle.
Reprenant l’argument de campagne du président, James Gerlock, 27 ans, a voté républicain à Chicago car il est « extrêmement satisfait de l’économie ».
Donald Trump, qui est resté cloîtré mardi à la Maison-Blanche, sans tweeter – fait rare – pendant plus de huit heures, a fait campagne jusqu’au dernier moment avec une rafale de rassemblements « Make America Great Again ».
Le magnat de l’immobilier, qui avait commencé sa campagne présidentielle en traitant les immigrés mexicains de « violeurs », a de nouveau opté cette année pour un message anxiogène sur l’immigration.
« C’est une invasion », martèle-t-il depuis plusieurs semaines à propos des migrants d’Amérique centrale qui traversent actuellement, en groupe, le Mexique vers la frontière américaine.
Première Amérindienne au Congrès
Ces élections ont donné lieu à de nombreuses premières.
La démocrate du Kansas Sharice Davids, avocate férue d’arts martiaux, est devenue la première Amérindienne à être élue au Congrès en l’emportant sur des terres conservatrices.
Ilhan Omar et Rashida Tlaib, respectivement du Minnesota et du Michigan, sont devenues les deux premières femmes de confession musulmane élues à la Chambre des représentants.
« On a réussi, ensemble. Merci ! », a tweeté Ilhan Omar, une réfugiée somalienne, avant d’écrire à l’attention de Rashida Tlaib, née à Detroit de parents immigrés palestiniens : « Félicitations à ma soeur Rashida Tlaib pour sa victoire. J’ai hâte de siéger avec toi, inchallah ».
Grande première aussi dans le Colorado (ouest) où le démocrate Jared Polis est devenu le premier gouverneur ouvertement gay d’un État américain.
L’espoir démocrate Beto O’Rourke, qui avait reçu tardivement le soutien de la chanteuse Beyoncé, n’a pas réussi à créer la surprise au Texas. Le sénateur sortant Ted Cruz, auquel Donald Trump était venu prêter main forte, a été réélu à l’issue d’une course très serrée.