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La vice-présidente argentine Cristina Kirchner a été reconnue coupable, mardi, de fraude et corruption durant ses mandats présidentiels de 2007 à 2015.
Cristina Fernández de Kirchner, lors d’un meeting politique à La Plata le 17 novembre 2022.AFP
La vice-présidente argentine Cristina Kirchner a été condamnée mardi à 6 ans de prison, même si son immunité parlementaire l’en préserve, et à une inéligibilité à vie, dans un procès pour fraude et corruption durant ses mandats présidentiels, verdict qu’elle a imputé a une «mafia judiciaire».
Dans la foulée, l’ex-cheffe de l’État a affirmé qu’elle «ne sera candidate a rien, ni sénatrice, ni vice-présidente, ni présidente» aux élections générales de 2023, paraissant renoncer ainsi à une future immunité. Même si plusieurs niveaux de recours ne devraient pas rendre une sentence effective avant des années.
Cristina Kirchner, 69 ans, a été reconnue coupable «d’administration frauduleuse» au préjudice de l’État, dans ce procès portant sur des attributions de marchés publics dans son fief politique de Santa Cruz (sud), pendant ses deux mandats de présidente (2007-2015). Douze ans de prison, ainsi que l’inéligibilité, avaient été requis en août contre elle.
L’ex-présidente de centre-gauche, qui sept ans après son départ de la présidence, reste une figure incontournable autant que clivante de la politique argentine, a toujours nié toute malversation. Ses avocats avaient plaidé la relaxe.
Et elle a dénoncé, depuis le début de la procédure en 2019, un procès «politique», mené par des juges selon elle instrumentalisés par l’opposition de droite, en particulier le camp «macriste», en référence a son successeur à la présidence (2015-2019), le libéral Mauricio Macri.
Sa position de présidente du Sénat, synonyme d’immunité parlementaire lui évite la prison. Immunité a laquelle elle a paru renoncer à l’avenir en annonçant qu’elle ne sollicitera pas de mandat en 2023 mais «rentrera chez elle». «Qu’ils me mettent en prison!» a-t-elle lancé, défiante.
Pour autant, une peine -prison comme inéligibilité- ne serait être effective qu’au bout de plusieurs recours, dont un éventuellement devant la Cour suprême, ce qui, estimait cette semaine le politologue Rosendo Fraga pour l’AFP, pourrait prendre six ou sept ans, voire davantage.
En août, le réquisitoire –12 ans– avait déclenché de larges manifestations de soutien à l’égard de Cristina Kirchner, dans plusieurs villes d’Argentine, et plusieurs soirs sous les fenêtres de son domicile à Buenos Aires, donnant lieu a des heurts avec la police. Pour autant, l’imminence du verdict n’avait engendré mardi qu’une mobilisation relativement faible.
Aucune directive n’avait d’ailleurs émané ces derniers jours de l’entourage de la vice-présidence, selon des sources proches. Quelques centaines de partisans –syndicalistes, membres d’organisations péronistes– étaient rassemblés dans le calme dans l’après-midi aux abords du tribunal, cherchant désespérément l’ombre sous une forte chaleur, a constaté l’AFP. Dans la soirée un autre rassemblement de modeste ampleur, se formait calmement aux abords du Parlement.
L’hypothèse de mobilisations importantes avait fait craindre des débordements, comme en août. Tensions qui avaient indirectement créé le contexte pour l’attentat contre Cristina Kirchner, le 1er septembre. Le tireur -dont le coup n’était pas parti- s’était faufilé dans une mêlée désordonnée de partisans. Trois suspects, des jeunes un peu perdus, politiquement hostiles à Cristina Kirchner, mais sans vaste complot avéré à ce jour, sont en détention.
Huit des douze co-accusés de Cristina Kirchner au procès, parmi lesquels un entrepreneur du bâtiment, des ex-responsables de l’organisme des chantiers routiers Vialidad, ont été condamnés à des peines de trois ans et demi à six ans de prison. Trois ont été relaxés, un a bénéficié de prescription.
«La sentence était écrite. L’idée était de me condamner», a réagi Cristina Kirchner dans une allocution vidéo depuis son bureau du Sénat, peu après le verdict, diffusée sur son compte twitter. Elle a dénoncé «un État parallèle», une «mafia judiciaire». Lundi, elle avait comparé son sort à celui de Luiz Inacio Lula da Silva, président réélu du Brésil, incarcéré en 2018-19 pour corruption, des condamnations finalement annulées pour vice de forme.
Un parallèle jusqu’au come-back? Techniquement c’eût été possible, jusqu’à son annonce de mardi soir de ne solliciter aucun mandat national. Pour autant, son avenir politique national est aléatoire depuis son départ de la présidence. Son camp péroniste est conscient du rejet qu’elle suscite, au-delà d’un noyau dur de 20 à 25% de partisans.
Et récemment, elle a distillé des signaux suggérant qu’elle ne se projetait plus en mandataire, mais plutôt comme une super-influenceuse. Comme en 2019, quand elle avait adoubé Alberto Fernandez pour la présidence. «La politique, ce n’est pas seulement occuper un poste (…), être président, vice-président, sénateur ou député. C’est le pouvoir de faire passer des idées», déclarait-elle lundi.
(AFP)