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Gonaïves, la quatrième ville du pays, passe quasiment inaperçue aujourd’hui. Si tous les regards y étaient fixés en 2004 et en 2008, en 2012, on n’en parle plus. En fait, ce n’est pas nouveau, puisque pour peu qu’il faille le dire, notre conscience de peuple ne s’éveille que dans les catastrophes pour devenir amnésique après. A l’image du pays, Gonaïves se dégrade et garde encore les séquelles de ses maux. Malgré certains efforts au niveau des infrastructures, cette ville peine à se relever.
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En septembre 2004, lors du passage du cyclone Jeanne, près de 80% de la ville a été inondée ou ensevelie sous la boue. Plus de 3.000 personnes, parmi elles des enfants, ont été tuées ou portées disparues. En fait, dire que Gonaïves a été traumatisée est un euphémisme. Toute la population a été touchée de près ou de loin. Selon un bilan des autorités haïtiennes, plus de 4.500 maisons ont été détruites, l’eau a été contaminée, des cultures anéanties. 70% des zones agricoles de la région ont été ravagées, 54 écoles secondaires endommagées et fermées. L’hôpital général a été fermé et la ville couverte de boue. Environ 592 000 mètres cubes de boue devaient être enlevés. En août 2008, quatre ouragans ont laissé la ville sous les eaux, tuant des centaines de personnes. Vivre dans la ville était devenu un calvaire, des analystes et politiques parlaient même de déplacer la ville. Comme toujours dans ces situations beaucoup de projets et d’organisations ont pris naissance. Beaucoup de promesses ont été faites. Pourtant aujourd’hui encore, Gonaïves peine à cicatriser ses blessures. Entre temps certains travaux ont été réalisés.566 kilomètres de murs d’enceinte pour la protection des collines ont été construits, plus de 14 600 mètres cubes de murs en maçonnerie sèche ont été érigés. 900 personnes ont été employées quotidiennement pendant une période de 20 mois.
Environ 42 millions de dollars ont été accordés à la compagnie Estrella pour la construction de routes aux Gonaïves.Si certains Gonaïviens se plaignent de la lenteur des travaux, d’autres croient au contraire que les responsables de cette compagnie font un excellent travail. Le tronçon de route reliant Gonaïves à Saint-Marc est construit. À l’intérieur de la ville, les travaux se poursuivent. Beaucoup de rues restent encore très poussiéreuses, telles les rues Jean Jacques Dessalines, Christophe, Toussaint… Les mêmes inquiétudes persistent quant à la vulnérabilité de la ville par rapport aux inondations. Il suffit qu’il commence à pleuviner pour que tout le monde soit en alerte. Le morne Bienac, dépourvu d’arbres, représente, selon les habitants de la ville, le plus grand danger pour Gonaïves . Par ailleurs, les vrais originaires de la ville, se disent désolés de voir leur cité se dégrader telle une rose privée de ses pétales. C’est le point de vue de Joseph Alfred. Il a 72 ans et a toujours vécu aux Gonaïves. L’un des premiers à initier dans cette ville historique la radiodiffusion. Djo Ti Cay, comme on l’appelle, habite aux environs de l’Habitation Georges où Toussaint Louverture fut arrêté par les colons français. Il est l’un de ces hommes qui ont connu la ville des Gonaïves dans sa gloire. Il se dit désarçonné face à cette dégénérescence de sa ville en particulier mais du pays en général. En plus d’être la cité de l’Indépendance, Djo Ti Cay reconnait en Gonaïves la capitale politique et mystique du pays. Selon lui aucun gouvernement ne peut se targuer d’être bien assis sans l’aval de la ville. « Dans son histoire politique récente, cette ville a déjà provoqué la chute de plusieurs gouvernements. Jean Claude Duvalier et Jean Bertrand Aristide sont les plus récents », fait-il remarquer. Si Jacmel est aujourd’hui la Capitale du carnaval haïtien, Gonaïves en fut la première dans les années 50, 60 et 70, nous rappelle Joseph Alfred. Gonaïves, la ville de Jacques Stephen Alexis, de Clément Barbot, d’Edris Saint-Armand, a perdu toute sa sève. Pour Djo Ti Cay, on ne marche que sur les ruines de cette ville qui a toujours servi de repaire pour les hommes politiques du pays. La ville des Gonaïves, à 150 km au nord de Port-au-Prince, est située au Nord-est du Golfe de la Gonâve, 19:27:00 de latitude Nord et 72:24:00 de longitude Ouest. Malgré tous les projets et discours après les désastres de 2004 et de 2008, la quatrième ville d’Haïti reste la ville la plus vulnérable sur le plan environnemental. Beaucoup de gens cherchent à se refugier ailleurs tant les conditions de vie dans la ville sont devenues précaires. Gonaïves doit enfin renaitre et redevenir un lieu sûr pour le bonheur de ses filles et fils qui ne demandent qu’à vivre chez eux. |
Jackson Joseph
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