Un supporter du candidat aux primaires républicaines Mitt Romney lors d’un meeting à Milwaukee, dans le Wisconsin, le 3 avril.
Et si l’on concluait au plus vite un processus d’élections primaires républicaines pour la désignation du candidat du parti à l’élection présidentielle du 6 novembre ? Ce processus, récemment jugé
« entré dans sa phase de purgatoire » par le
Washington Post, détourne le parti de l’essentiel, selon sa direction : l’unité face au candidat
Barack Obama, dont les sondages montrent qu’il fait aujourd’hui son miel des divisions républicaines. Engagée derrière
Mitt Romney, cette direction craint que la poursuite des hostilités entre candidats républicains se transforme en un handicap rédhibitoire pour la suite de l’affrontement avec le président sortant démocrate.
Certes, mathématiquement, en nombre de délégués à la convention du parti, fin août, la désignation de Mitt Romney n’est toujours pas assurée, même après ses victoires aisées, mardi 3 avril, dans le district de Columbia (Washington) et dans le Maryland, et plus difficile dans le Wisconsin.
Son principal adversaire, le fondamentaliste
Rick Santorum, espère encore
enlever dans trois semaines la Pennsylvanie, dont il fut sénateur, et
relancer ainsi ses chances. Pour autant, il a clairement contre lui la direction du parti (qu’il a traitée avec mépris, mardi, d’
« aristocratie républicaine »). Les sondages montrent tous qu’il serait largement battu par Barack Obama, et que seul Mitt Romney peut espérer
remonter la pente et
menacer le président dans sa quête de réélection.
A ce jour, le favori regroupe une fois et demie plus de délégués que ses trois adversaires réunis : M.Santorum, le conservateur reaganien
Newt Gingrich et le libertarien
Ron Paul.
LE « PROBLÈME FÉMININ » DE ROMNEY
Cependant, plus
les débats entre eux perdurent, et plus Mitt Romney semble
perdre du terrain. Les politologues débattent ainsi de son
« problème féminin ». Publié le 2 avril dans le quotidien
USA Today, un sondage Gallup indique que, dans les douze
swing states (Etats dits
« bascules » déterminants pour l’issue du scrutin présidentiel), l’hôte de la
Maison Blanche, qui y apparaissait battu d’environ 2 points par M. Romney fin février, le devancerait désormais de 9 points. Motif de ce revirement : M. Obama dominerait son adversaire de 18 points dans le vote des électrices.
Parmi les
« indépendantes » et les indécises, et même partiellement à droite, une majorité s’avère heurtée par les prises de position sur les questions de l’avortement et de la
contraception, très débattues depuis six semaines, du favori républicain, qui a multiplié les gages à la droite fondamentaliste chrétienne.
LE VOTE HISPANIQUE
Autre sujet d’inquiétude de l’appareil républicain : le très faible score réalisé par M. Romney chez les hispaniques. Alors que, depuis son élection, M. Obama a généré dans cette communauté une forte déception en renonçant à
promulguerune loi régularisant des millions d’immigrés sans papiers et en expulsant plus d’illégaux que ne l’avait fait son prédécesseur George W. Bush, cet échec ne bénéficie aucunement à son adversaire. Au contraire.
Diverses études indiquent que si les élections avaient lieu aujourd’hui, M. Romney ne réunirait que 14 % à 23 % des voix des Latinos, là où George W. Bush en avait recueilli 40 % en 2004 et
John McCain un tiers en 2008. Cet effondrement dans le secteur de l’opinion qui progresse le plus en volume électoral inquiète les stratèges républicains. Or, là encore, pour
rassurer les mouvances les plus réactionnaires du parti, le candidat Romney s’est progressivement aligné sur les positions
« anti-immigrés » les plus radicales visant à
criminaliser la présence illégale de travailleurs étrangers sur le territoire.
RECENTRER LE DÉBAT
Comment
regagner une partie des suffrages de catégories électorales aussi essentielles que les femmes ou les hispaniques ? Pour de nombreux responsables républicains, le temps de l’union derrière leur seul candidat
« évident »est venu. Peu avant les scrutins de mardi, des figures républicaines (comme le représentant
Paul Ryan du Wisconsin) ont donc affiché leur ralliement à Mitt Romney.
Deuxième enjeu : rapidement se
recentrer sur des thèmes plus fédérateurs – à
commencer par la situation économique – pour se
focaliser sur la critique du bilan de la présidence Obama. Enfin
avancer des propositions à même de
regagner la confiance de strates-clés de l’opinion.
Un exemple : pour séduire plus de Latinos, les républicains entendent
promouvoirun
« plan » sur l’immigration mis au point par Marco Rubio, le sénateur de Floride. Sans légaliser aucun clandestin, comme le prônent les démocrates, il propose d’
offrir aux étudiants et aux engagés hispaniques dans l’
armée, en situation illégale, un statut garantissant leur maintien sur le territoire américain sans accès à la citoyenneté. Mais Mitt Romney apparaît comme un homme que sa prudence clientéliste porte à
adopter des attitudes mi-thé mi-café. Ainsi a-t-il déjà indiqué qu’il accepterait la proposition Rubio pour les anciens combattants sans papiers, mais pas pour les étudiants…
En attendant, il a lancé une nouvelle accusation contre Barack Obama, celle de
promouvoir une
« nouvelle religion » aux
Etats-Unis. L’
islam ? Non,
« l’athéisme »…