Une file d’attente de plusieurs dizaines de personnes s’est formée à Montréal devant le Collège Stanislas, une des écoles françaises de la grande ville québécoise, bien avant l’ouverture des 20 bureaux de vote dans ses deux gymnases à 08H00 locales (12H00 GMT), a constaté un journaliste de l’AFP.
Montréal représente le plus grand nombre d’électeurs français en Amérique du Nord, avec 44.000 inscrits. C’est aussi la quatrième ville française à l’étranger, après Genève, Londres et Bruxelles.
Au même moment, le vote a débuté dans les grandes villes de la côte est des États-Unis, dont New York, avec 23.000 inscrits. Il devait commencer trois heures plus tard sur la côte pacifique du continent, pour se terminer partout à 20h00 locales.
«Je suis arrivée à 7 heures du matin», a confié à l’AFP Marie Adjei, jeune Française, première dans la file d’attente à Montréal et un peu frigorifiée.
«C’est la première fois que je vote et, même si je ne suis pas en France, je pense à la France», a-t-elle ajouté.
À New York, où habitent quelque 40.000 Français selon les estimations du consulat, les plus matinaux des 12.550 électeurs inscrits ont commencé à voter dès 8h00 locales dans les dix bureaux de vote ouverts dans la ville.
À l’école internationale de New York, sur la 22e rue en plein coeur de Manhattan, aucune attente. En deux minutes, l’électeur matinal a déposé son bulletin dans l’urne, dans un des huit isoloirs.
Véronique, 42 ans, qui travaille à l’ONU et refuse de donner son nom de famille est là «pour changer de gouvernement». Elle vit à New York depuis 17 ans, mais qu’importe. «Je suis Française, c’est mon pays, et éventuellement je rentrerai en France. Et la France, dit-elle, c’est important au niveau international. C’est important de voter».
«C’est un devoir civique», insiste aussi Guillaume Bignon, 30 ans, ingénieur informaticien qui vit depuis six ans à New York.
Il n’a pas suivi énormément la campagne, mais se sent concerné. «C’est mon identité, ma famille est là-bas, et ça me touche indirectement, à travers les lois qui sont passées», explique-t-il.
Il y a cinq ans, New York avait majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy (52,26% au premier tour, 65,19% au second tour).
Les Français d’Amérique du Nord ont été précédés de quelques heures par ceux d’Amérique du Sud et de Saint-Pierre et Miquelon, archipel français de l’Atlantique Nord distant de 25 km des côtes du Canada.
Ce scrutin anticipé, introduit en 2007, évite aux électeurs de l’étranger d’avoir à voter quand les résultats sont déjà connus en métropole, en raison du décalage horaire avec l’Hexagone.
Le nombre de Français de l’étranger inscrits sur les listes électorales augmente régulièrement. Ainsi, il est passé à Montréal de 31.000 en 2007 à 44.000, soit une hausse de 40%.
Le même phénomène se produit aux États-Unis. Ainsi, pour le sud-ouest du pays dépendant du consulat de Los Angeles, dix bureaux de vote ont été installés contre un seul en 2007.
Le dépouillement du scrutin sera fait samedi soir, mais les résultats seront annoncés bureau par bureau et les taux de participation ne seront pas communiqués avant lundi matin pour l’ensemble de l’Amérique du Nord.