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Elections Midterms : Ces millions d’Américains, noirs ou jeunes, qui ne peuvent plus voter cette année

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Une quinzaine d’Etats républicains ont durci les règles électorales pour empêcher certains de voter.

Les Etats-Unis ont attendu 1965 pour accorder aux citoyens noirs la pleine jouissance de leur droits civiques. Depuis 50 ans que cette loi existe, elle n’a jamais semblé aussi attaquée. Une quinzaine d’Etats républicains (Mississippi, Kansas, Alabama, Tennessee, etc) ont durci les conditions de vote, avec l’espoir de réduire le vote des jeunes et des minorités -les plus susceptibles de voter démocrate. Des millions d’Américains seront ainsi dans l’incapacité de voter cette année, estiment plusieurs organisations non-gouvernementales.

Voilà en effet trois ans que les élus locaux peuvent modifier le processus électoral comme bon leur semble, sans contrôle des autorités fédérales. La Cour suprême en est pleinement responsable : il y a trois ans, elle a fait invalider un pan essentiel de la loi de 1965, qui obligeait les anciens Etats ségrégationnistes à recueillir le feu vert de l’Etat fédéral avant de modifier leurs règles du jeu.

Les élus républicains s’en donnent à coeur joie

Les élus locaux républicains s’en donnent à coeur joie depuis. Sous couvert de combattre la fraude électorale -un phénomène pourtant quasi-inexistant-, ils réduisent les horaires des bureaux de vote, interdisent le vote anticipé ou requièrent des pièces d’identité que certains n’ont pas. L’Arizona a ainsi fait fermer 70% des bureaux de vote de Phoenix, la seule ville démocrate de la région. Conséquence : les électeurs ont dû faire cinq heures de queue pour voter aux primaires de mars dernier. « Cela m’a rappelé des scènes en Afrique du Sud, lors des premières élections locales de 1995. Ce n’est pas digne d’une démocratie comme les Etats-Unis », raconte Kristen Clarke, qui dirige un groupement d’avocats basé à Washington défendant le droit de vote pour tous (Lawyers’ Committee for Civil Rights Under Law).

Cette loi frappe les minorités les plus vulnérables.

Le Texas, quant à lui, exige des électeurs qu’ils se rendent à leur bureau de vote avec un passeport, un permis de conduire ou… un permis de porter une arme ! « Mais les pauvres ne conduisent pas, ne voyagent pas et n’ont pas les moyens de s’acheter des armes. Cette loi ne touche pas vous et moi : elle frappe les minorités les plus vulnérables. Les cartes d’étudiant sont également prohibées, ce qui a pour effet de réduire le vote des jeunes « , explique Kristen Clarke. La loi texane devait ainsi exclure 600.000 personnes du processus électoral cette année.

Elle a heureusement été censurée par les juges en juillet dernier. Mais le mal est fait : « Certains préfèrent ne pas aller voter. Ils ne veulent pas affronter la honte de se faire sortir d’un bureau de vote devant leurs voisins -quand bien même cette crainte serait non-fondée », explique Susan Lerner, directrice de l’association « Common Cause  » à New York qui travaille, elle aussi, à la restauration du droit de vote pour tous.

Une  « loi monstre  » en Caroline du Nord

La Caroline du Nord a également fait voter une « loi monstre  » -comme on l’appelle là-bas- qui complique le droit de vote par tous les moyens inimaginables. Loin d’être automatique, le droit de vote nécessite en effet d’accomplir des démarches préalables. Les Américains doivent faire l’effort de venir s’inscrire dans un bureau de vote, souvent plusieurs jours avant l’élection. Dans le cas de la Caroline du Nord, il fallait s’y plier avant le 14 octobre.

« Précision quasi-chirurgicale  » contre l’électorat afro-américain attaqué

Mais ce n’est pas tout : les élus républicains de cet Etat ont analysé la manière dont votaient les électeurs race par race (bureau de vote, courrier, internet, vote anticipé, etc) et attaqué les moyens privilégiés par « l’électorat afro-américain avec une précision quasi-chirurgicale », a dénoncé la juge Diana Gribbon Motz, saisie du dossier en juillet dernier. Celle-ci a exigé le retour aux anciennes règles. « Mais les élus républicains tentent de contourner ce jugement, en agissant au niveau des comtés, et non plus de l’Etat « , explique Kristen Clarke.

Suppression du droit de vote pour les anciens prisonniers

Les Etats républicains sont également nombreux à avoir supprimé le droit de vote pour les anciens prisonniers. Au total, ce sont ainsi plus de 6 millions d’Américains qui ne pourront voter le 6 novembre, du fait de leur incarcération passée ou présente, indique l’association « Sentencing project  » dans un rapport publié en octobre. La mesure est particulièrement pénalisante pour les noirs, qui sont six fois plus nombreux en prison que les blancs. Plus de 20% des noirs sont ainsi privés de droit de vote en Floride, en Virginie, dans le Kentucky et l’Indiana. Ces dispositions peuvent avoir un effet majeur sur la campagne. En 2000, par exemple, George W. Bush avait gagné la Floride, et donc l’élection, par une avance de 537 votes sur Al Gore. Quelque 600.000 Floridiens avaient été interdits de voter cette année-là, du fait de leur passage en prison. « On ignore combien d’entre eux auraient voté, et pour qui ils auraient voté », reconnaît Marc Mauer, directeur du « Sentencing Project ». « Mais ils auraient clairement pu changer le résultat de l’élection « .

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