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Haiti, bienvenue dans l’Union africaine !

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par Francis Kpatindé




Haïti deviendra officiellement membre de l’Union africaine au prochain sommet de l’organisation régionale en juin. Selon ce célèbre journaliste béninois, il était grand temps que les Etats africains fassent un geste fort envers la première République noire.

La nouvelle est quasiment passée inaperçue. Jusque-là simple « observateur », Haïti, la première République noire de l’Histoire, est devenu, début février à Addis-Abeba, « membre associé à part entière » de l’Union africaine (UA). Inédit ! Cette décision, la première de ce type concernant un pays de la diaspora, sera officialisée lors du prochain sommet de l’UA prévu en juin-juillet à Lilongwe, capitale du Malawi. Sans doute en présence du président d’Haïti Michel Martelly, dont on annonce, cette année, le premier périple africain.

Mais sans attendre, les chefs d’Etat réunis à Addis-Abeba ont chaleureusement salué, et on les comprend, le retour d’Haïti au sein de la grande famille africaine, rappelant les efforts diplomatiques consentis dès 1945 par ce pays pour l’avènement d’Etats africains libres, ses dénonciations de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie mussolinienne, ses prises de position progressistes contre la guerre d’Algérie, le soutien à l’indépendance de la Libye et l’assistance au Rassemblement démocratique africain, cette grande formation politique panafricaine qui accompagna nombre de pays du continent vers la souveraineté internationale.

Haïti s’intéresse à l’Afrique ? C’est dans l’ordre des choses. Tous ceux qui, comme moi, ont vécu dans ce beau pays n’en sont guère surpris. Ce tiers d’île [La République dominicaine occupe la partie orientale de l’île] en apnée depuis plus de deux siècles est, après tout, le plus « africain » des Etats d’Amérique du Sud et des Caraïbes. Haïti, comme nombre de pays africains, est, de façon récurrente, en proie à l’instabilité et à la violence, alors que sa population croupit dans une misère sans nom. Indépendant le 1er janvier 1804, peu après les Etats-Unis (1776), mais bien avant la Colombie (1810), l’Argentine (1816), le Brésil (1822) et le Canada (1867), Haïti est à la traîne de tout, sauf de la littérature, de la poésie, de la peinture, de la musique, autrement dit, de ce qui fait l’âme d’un peuple.

Les Africains seraient bien inspirés de s’intéresser davantage à ce morceau caribéen de leur Histoire, une terre sur laquelle se joue, peut-être, leur propre destin. Haïti est à la fois une formidable projection sur le futur et un laboratoire grandeur nature d’où peut émerger le meilleur comme le pire. En cela, Haïti, « où la négritude se mit debout pour la première fois » (la formule est d’Aimé Césaire [1913-2008]), est à la fois notre passé et notre avenir.

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