Jean-Marc Ayrault est chargé de former le nouveau gouvernement de la France, qui doit être annoncé mercredi en fin de journée.
M. Ayrault succède à François Fillon, chef du gouvernement de Nicolas Sarkozy de mai 2007 à mai 2012.
Comme M. Hollande, M. Ayrault n’a jamais été ministre. Président du groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée nationale, il est député depuis 1986 et maire de Nantes, ville de la côte atlantique depuis 1989.
Conseiller spécial de François Hollande pendant la campagne présidentielle, Jean-Marc Ayrault, ancien professeur d’allemand et bon connaisseur de l’Allemagne, a été choisi par le nouveau président de la République malgré une condamnation en 1997 pour favoritisme dans l’attribution d’un marché public.
Le nouveau premier ministre de France est un poids lourd de la galaxie socialiste, mais réputé pour sa sobriété et sa prudence, ce spécialiste de l’Allemagne est très peu connu du grand public.
Comme son prédécesseur de droite François Fillon, Jean-Marc Ayrault cultive un style réservé et sans fioritures, incarnant volontiers «un charisme discret» en même temps qu’un socialisme réformiste, selon l’un de ses proches.
La nomination mardi de ce gros travailleur, ancien professeur d’allemand, constitue cependant selon ses opposants la première entorse aux engagements du président socialiste, François Hollande, qui avait fait de la moralisation de la vie publique un de ses thèmes de campagne.
Le nouveau chef du gouvernement est rattrapé par une vieille affaire datant de 1997. Il est déjà le maire de Nantes, la sixième ville de France, et vient d’accéder à la présidence du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, une fonction qu’il a occupée sans interruption jusqu’à aujourd’hui.
Il est alors condamné à six mois de prison avec sursis pour favoritisme après un marché accordé sans appel d’offres par l’association qui gérait le bulletin municipal de Nantes à une société proche du Parti socialiste local.
«Je n’aurai pas autour de moi des personnes jugées et condamnées», avait assuré François Hollande le 14 avril.
Cet épisode avait déjà coûté un poste à Jean-Marc Ayrault dans le dernier gouvernement socialiste en date, celui de Lionel Jospin en 1997. Comme François Hollande, il est dépourvu de toute expérience ministérielle.
«Honnête homme je suis, honnête homme je resterai», répond ce fils d’ouvrier, qui plaide la simple erreur de gestion et qui a été réhabilité, sa condamnation ayant été formellement effacée au bout de 10 ans.
Né le 25 janvier 1950 dans une petite ville de l’Ouest catholique, Jean-Marc Ayrault a fait ses premières armes dans la jeunesse rurale chrétienne avant de s’inscrire au parti socialiste en 1971 et de s’éloigner de ses attaches religieuses.
Il a étudié quelque temps à Würzburg, en Bavière, et reste très attaché à l’Allemagne où il a passé de nombreuses vacances. La ville de Nantes qu’il dirige depuis 1989 est jumelée avec Sarrebrück, dont le maire a été longtemps Oskar Lafontaine, passé du parti social-démocrate SPD au mouvement anti-libéral Die Linke.
Pour lui, «la relation franco-allemande ne peut fonctionner sans une certaine intimité. Elle a besoin de constance et de stabilité. Il n’y a pas d’autre alternative pour entraîner l’ensemble des États membres».
Pour François Hollande, qui a construit une partie de sa campagne sur ses différences de vues avec Angela Merkel, sa connaissance de l’Allemagne sera précieuse. Tout comme la confiance dans laquelle il devrait travailler avec un homme qui a été son voisin de banc pendant de longues années à l’Assemblée nationale.
Sous l’administration de Jean-Marc Ayrault, la ville de Nantes, traumatisée par la fermeture des chantiers navals qui constituaient sa principale activité, est devenue une métropole culturelle et universitaire active, classée parmi les villes de France où la qualité de vie est la meilleure.
Le maire de Nantes s’est cependant fait des ennemis: son projet d’aéroport à Notre-Dame-des Landes, près de la capitale régionale, se heurte à l’opposition irréductible de paysans menacés d’expropriation et d’associations qui dénoncent des méthodes de gestion brutales.
Derrière une apparence froide, ses collaborateurs décrivent un homme sachant travailler en équipe et motiver ses troupes. «Il est persévérant, rigoureux, très attentif aux autres», relate l’un d’eux.
La vie privée de ce grand blond au physique de gendre idéal est d’une totale normalité: marié depuis 40 ans avec la même femme, Brigitte, qui vient de prendre sa retraite d’enseignante, il a deux filles et trois petits-enfants. Il aime les romans policiers et passe ses vacances dans sa maison de Bretagne ou dans sa caravane quand il préfère faire du camping.