La campagne a pris un tour crispé ces dernières semaines dans ce pays des Grandes Antilles partageant l’île d’Hispaniola avec Haïti. Des affrontements entre partisans des deux favoris ont fait deux morts et ces deux candidats ont dérapé plusieurs fois dans l’invective, contraignant le Tribunal électoral à lancer un rappel à l’ordre.
Les principaux thèmes qui se sont dégagés pendant la campagne sont le coût de la vie, l’éducation, le chômage, la corruption et l’insécurité, au centre des préoccupations des 10 millions de Dominicains, dont 6,5 millions sont appelés aux urnes.
Hipolito Mejia, un entrepreneur agricole charismatique de 71 ans au pouvoir de 2000 à 2004, a centré ses attaques sur «la corruption et le vol» dont le gouvernement s’est selon lui rendu coupable ces dernières années. Candidat du Parti révolutionnaire dominicain (PRD, opposition), il se présente comme l’unique recours face à cette «immoralité».
En face, l’économiste Danilo Medina (60 ans) brigue la présidence sous la bannière du Parti de la libération dominicaine (PLD, libéral) au pouvoir. Ancien président de la chambre des députés avant d’occuper le poste de chef de cabinet présidentiel à deux reprises, il est soutenu par une coalition de 14 partis.
Pendant la campagne, il s’est engagé à poursuivre l’oeuvre de son prédécesseur, à concentrer ses efforts sur la relance de la production et de l’emploi, et a promis de nombreux chantiers «sociaux», comme la construction de logements pour les plus démunis.
Signe de la continuité qu’il incarne, il a choisi comme colistière Margarita Cedeño, l’épouse du président sortant Leonel Fernandez.
Les derniers sondages placent ces deux hommes largement en tête pour succéder à M. Fernandez, qui ne peut se représenter après deux mandats consécutifs de quatre ans. M. Medina bénéficierait pour l’instant d’un léger avantage.
D’après ces mêmes enquêtes, aucun candidat ne semble en mesure d’emporter les 50 % des voix nécessaires pour être élu dès le premier tour. On s’orienterait donc vers un duel entre MM. Mejia et Medina, qui constituerait une réédition du deuxième tour de 2000 remporté par le premier.
Si la République dominicaine a été globalement épargnée par la crise mondiale, avec une croissance soutenue en 2010 et 2011, son économie reste fortement dépendante du tourisme et des dons internationaux. En outre, les inégalités sociales se creusent, avec 30 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté et un taux de chômage de 14,6 % (officiel).
Selon les observateurs, les deux favoris peinent à convaincre sur leurs intentions de réforme: le mandat de M. Mejia avait été marqué par l’incapacité de son gouvernement à faire face à la crise alors que son adversaire est considéré comme l’héritier du régime actuel.
«Les citoyens non militants sont lassés et attendent des deux candidats un véritable changement marqué par le volontarisme, ce qui sera le grand défi du prochain gouvernement. Parce que ces dernières années, le pays a connu la croissance économique, mais un développement humain insuffisant», analyse le politologue Rafael Toribio.
Parmi les autres candidats, figurent l’ancien sénateur Eduardo Estrella, l’ancien procureur de Saint-Domingue Guillermo Moreno, l’ex-ministre et sociologue Max Puig, ainsi que l’avocat Julian Serulle (gauche). Ils sont crédités de pourcentages très faibles, mais potentiellement suffisants pour pousser les deux favoris à disputer un second tour.
Près de 330 000 électeurs de l’importante communauté dominicaine expatriée (environ 3 millions, selon les estimations) sont également appelés à voter.
Les bureaux de vote doivent ouvrir leurs portes vers 6 h AM( heure locale et de New York) dans l’ensemble du pays.