Une heure trente d’entretien dans le prestigieux Bureau ovale, une convergence affichée sur la croissance européenne et l’avenir de la Grèce dans la zone euro et, pour conclure, un échange de traits d’humour pour souligner la bonne ambiance des discussions. Le nouveau président français est sorti ravi de son premier rendez-vous avec son homologue américain.
Successeur d’un Nicolas Sarkozy qui s’était affiché comme un «ami» indéfectible des États-Unis, François Hollande a d’entrée de jeu tenu à donner à son hôte quelques gages de solidarité franco-américaine.
«Il était très important que je puisse affirmer ici l’importance que joue la relation entre la France et les États-Unis», a-t-il affirmé devant la presse, assis, détendu et souriant à côté de Barack Obama, «quand la France et les États-Unis sont d’accord, le monde peut avancer».
Le président français a toutefois tenu à rappeler le souci d’indépendance de la France, plus proche de la ligne politique défendue par le général de Gaulle et perpétuée par son prédécesseur socialiste François Mitterrand.
«La France est un pays qui est soucieux de son indépendance, mais qui, en même temps, sait quelle est son alliance, son amitié et son lien avec les États-Unis», a-t-il insisté. «C’est en étant à la fois indépendant et en même temps lié dans ce partenariat que la France et les États-Unis pourront être les plus efficaces par rapport aux défis qui nous sont posés», a estimé le nouveau président français.
S’il a toujours loué les qualités de Nicolas Sarkozy, Barack Obama a marqué, en retour, sa volonté de perpétuer avec son successeur une bonne relation avec la France, que les Américains «chérissent profondément», a-t-il dit.
Ce ton étant donné, les deux dirigeants ont étalé leurs vues communes sur une série de sujets d’actualité. À commencer par la situation de la Grèce et la croissance de la zone euro, qui inquiètent Barack Obama en pleine campagne pour un second mandat à la Maison-Blanche.
«Nous avons la même conviction, la Grèce doit rester dans la zone euro», a assuré François Hollande, qui a répété que «la croissance doit être une priorité». Une préoccupation accueillie avec bienveillance par Barack Obama, qui a précisé que le sommet du G8 allait discuter des moyens de mettre en place «un programme de forte croissance».
Sur l’Afghanistan, François Hollande a tenu à minimiser ses divergences avec les États-Unis. «J’ai rappelé au président Obama l’engagement que j’avais pris devant le peuple français, le retrait de nos troupes combattantes d’ici à la fin de l’année 2012», a-t-il répété, alors que les pays de l’OTAN ont convenu de ne mettre un terme à leur mission qu’à la fin 2014.
Il a précisé qu’il y aurait «toujours un soutien à l’Afghanistan d’une autre nature, d’une autre forme, mais qui se situerait en bonne intelligence avec nos alliés». «Nous pouvons trouver les modalités permettant à la fois à nos alliés de continuer leur mission et à la France de respecter la parole que j’ai donnée au peuple français», a estimé M. Hollande.
Bref, pour un premier contact, l’heure était à la diplomatie. Et pour montrer à tous que le courant était parfaitement passé entre eux, Barack Obama et François Hollande ont joué la carte de l’humour.
À l’Américain qui lui rappelait qu’il avait commis une étude en 1974 sur l’économie des fast-food et qu’il aimait rouler en scooter, le Français a remercié M. Obama de sa «grande connaissance» de sa vie personnelle.
«Je ne veut rien dire qui puisse laisser penser que les cheeseburgers puissent avoir quelque défaut que ce soit. Quant au véhicule qui était jusque-là récemment le mien, j’espère ne pas avoir à l’utiliser avant longtemps», a lancé François Hollande.
Très en verve, le président français, qui a rectifié la traductrice qui avait confondu Iran et Irak, a même conclu par une boutade, en anglais. «No declaration on French fries», a-t-il lancé à la presse.