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Histoire : Simon Bolivar aux Cayes

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Simon Bolivar

 par Jean Ledan Fils

Si la mémoire de Simon Bolivar est évoquée, il est immanquablement impossible de ne pas mentionner la ville des Cayes qui accueillit Bolivar et les réfugiés de Carthagène en décembre 1815. Après une défaite en juillet 1816, El Libertador se réfugia à Jacmel et écrivit au président Pétion au début de septembre. Réarmé par la République d’Haïti, il partit en décembre 1816 pour remporter la guerre de libération de l’Amérique latine.

En effet, les patriotes latino-américains avaient remporté une victoire temporaire sur les Espagnols à Carthagène des Indes. Ils firent chercher Simon Bolivar, réfugié à la Jamaïque vers la fin de 1815, pour reprendre le commandement du mouvement indépendantiste. En pleine mer, Bolivar rencontra un corsaire allié qui l’informa que Carthagène venait de capituler après un siège de plusieurs mois. Les principaux chefs du Venezuela et de nombreuses familles patriotes avaient embarqué sur dix vaisseaux, une flotte dirigée par le commodore Louis Aury, qui faisaient voile pour Les Cayes, Haïti. Ces embarcations y arrivèrent le 6 janvier 1816.Etaient présents parmi les chefs vénézuéliens, les généraux Santiago Marino, Francisco Bermudes, Manuel Piar, Palacios, Gregor Mac-Gregor, le colonel Ducoudray-Holstein, Carlos Doublette, l’intendant Zéa, les deux frères Piñeres, les commodores Louis Aury et Louis Bryon, le père Marimon, qui en compagnie de Bolivar étaient les seuls membres légaux du Congrès de Santa Fe.

Bolivar arriva aux Cayes le 28 décembre 1815, dix jours avant l’entrée en rade de la flotte. Il fut reçu en grande pompe par le commandant de l’arrondissement, le général Ignace Despontreaux Marion secondé par le colonel Poisson Paris, commandant de la place. Bolivar partit sous peu pour Port-au-Prince pour rencontrer le président Alexandre Pétion. Une première réunion eut lieu le 2 janvier 1816 ; ils se rencontrèrent à nouveau peu après et Bolivar retourna ensuite aux Cayes. En prévision des secours alimentaires pour la flotte qui arrivait, Pétion écrivit au général Marion et lui ordonna d’arrêter toute exportation de grains et autres comestibles du port des Cayes.

Général Alexandre Pétion (1770-1818). Héros de I'Indépendance d'Haïti  (1807-1818) - NYPL Digital Collections

Au sujet de l’arrivée de la flotte aux Cayes, le fils aîné du général Marion qui était présent relate : « II fallait avoir vu ces malheureux émigrants lors de leur débarquement, pour se faire une juste idée de leur position. Malades pour la plupart, et dévorés par la faim et la soif, ils pouvaient à peine se tenir sur leurs jambes. Il fallait entendre les cris des enfants, les lamentations des femmes et des vieillards ; ces gémissements que les tiraillements de la faim faisaient pousser ; le désespoir enfin de ces gens de se trouver sur une terre étrangère, sans moyens d’existence pour le plus grand nombre.  

Mais s’il fut triste, s’il fut déchirant pour les âmes sensibles de contempler un pareil spectacle, combien ne durent-elles pas se sentir soulagées, à voir cet empressement que les familles haïtiennes mirent à voler au secours de ces infortunés, à les recueillir dans leur sein, à les soigner, à les soulager !(…) En effet, quelles plus délicates, plus fructueuses consolations, quels soins plus généreux que ceux que vous prodiguâtes à l’envi à ces malheureuses victimes du sort !(…) L’enthousiasme avait gagné toutes les classes de la société ; c’était un entraînement général, chacun se crut obligé de venir en aide à ces infortunés, de leur porter son contingent de charité. » Pétion expédia de suite l’ordre au général Marion de faire rationner en pains et en salaisons tous ces émigrants pendant trois mois.

Le général Jérôme-Maximilien Borgella avait accueilli Bolivar et ses principaux officiers à Custines, sur sa propriété ; il y logea aussi plusieurs familles et d’autres dans sa maison, aux Cayes. Bolivar lui proposa de se joindre à lui dans sa lutte de libération contre les Espagnols ; mais Borgella lui répondit : « Mon pays pourra avoir besoin de mes services, je ne puis accepter vos offres.» Le 9 avril, vers quatre heures de l’après-midi, Simon Bolivar rendit visite au général Marion pour le remercier et le lendemain 10 avril 1816, lui et les vaisseaux commandés par Louis Bryon laissèrent la rade des Cayes.Au total, huit navires avaient largué les amarres. La flotte était composée de 272 hommes au total dont 171 Vénézuéliens, 33 Néo-grenadins, 20 Français, 5 Italiens, 6 Anglais, 2 originaires de Curaçao, 2 Espagnols dont 1 de Santo Domingo, 1 Ecossais, 1 Américain, 1 Polonais et 19 Haïtiens, selon Paul Verna. La rumeur se répandit aussitôt chez les Espagnols et la clameur publique voulait que Bolivar arrivât  » à la tête d’une armée haïtienne  ». Le 3 mai 1816, Bolivar débarquait dans l’île de Margarita.


En juillet 1816, l’armée expéditionnaire de Bolivar fut mise en déroute. Séparé de la majeure partie de ses forces à Ocumare de la Costa, Bolivar revint en Haïti. Le 4 septembre 1816 en rade de Jacmel, Bolivar, désespéré, écrivit de nouveau au président Pétion : « … j’attends la réponse de Votre Excellence comme le dernier décret de ma vie politique. »Le 18 décembre 1816, avec des fusils et munitions issus en majeure partie des arsenaux haïtiens, Bolivar s’embarqua à nouveau. Huit navires faisaient partie de cette nouvelle et dernière expédition ; l’ami fidèle de Bolivar, l’amiral Luis Brion, commandait le navire La Diane, et Bolivar, avec l’épée offerte par Alexandre Pétion, entamait une troisième tentative qui fut celle de la victoire finale.

Au début de l’année 2012, les dirigeants ont annoncé en grande pompe leur intention d’organiser le prochain sommet de chefs d’État et de gouvernements latino-américains dans la ville de Jacmel, en souvenir de l’aide offerte par la République d’Haïti à Simon Bolivar, pour la libération de toute l’Amérique latine. La rencontre des pays membres de l’Alliance bolivarienne (ALBA) aura lieu en 2013. Tout un paquet a été révélé : 40 millions pour la reconstruction de Jacmel (aéroport, routes, buildings) et pour la création de pôles d’activités commerciales à partir des investissements étrangers (nouvelles industries, factories, et autres activités et échanges commerciales, rénovation de la maison où étaient Bolivar et ses amis, etc.)Aux Cayes, Simon Bolivar logeait à Custines, chez le général Borgella. Actuellement Custines a été créolisée en Kristin (prononcez Christine), une localité située entre Cavaillon et Les Cayes. De plus, sur le wharf des Cayes se trouve un superbe buste de Simon Bolivar, en très mauvais état par ailleurs. Sa vue serait mieux commode, voire moderne, si on pouvait observer plutôt un boulevard de front de mer partant de l’embouchure L’Ilet, contournant la plage publique La Tourterelle, passant par le nouveau quai pour s’achever à la presqu’île des Icaques, dans le cadre des initiatives liées à la rencontre des pays membres de l’Alliance bolivarienne -(ALBA) qui aura lieu à Jacmel en 2013.

Pour plus de détails, prière de voir Jean Ledan fils, L’histoire d’Haïti en toute simplicité, Bèljwèt Publications, P-au-P, 2008. De même, la première partie de ce texte – extrait de la rubrique A propos de l’histoire d’Haïti, saviez-vous que…, première semaine de janvier 2012 – traitant de l’arrivée des réfugiés de Carthagène a été conçue à partir d’un livret publié par Dr Francois Dalencour, Alexandre Pétion devant l’humanité – Alexandre Pétion et Simon Bolivar, P-au-P, 1929 ; citant Expédition de Bolivar par le sénateur Marion (1849), fils aîné du général Ignace Despontreaux Marion. Les faits relatés par le sénateur Marion seront à nouveau publiés dans leur intégralité dans le nouvel ouvrage de Jean Ledan fils, L’Histoire d’Haïti au singulier, à paraître à LIVRES EN FOLIE 2012.








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