Lors de sa dernière exposition, ses vingt-quatre toiles sont parties en quinze minutes pour plus de 318.000 euros (250.000 livres sterling), selon The Daily Mail . La plus chère des œuvres a même atteint 54.000 euros. On est certes encore loin des 120 millions de dollars déboursés en mai dernier pour le «Cri» de Munch, et des 200 millions de dollars pour les «Joueurs de cartes» de Cézanne. Mais, à seulement 9 ans, Kieron Williamson, un jeune Britannique qui a déjà gagné le surnom de «Mini-Monet», est en passe de devenir millionnaire.
La mère du petit génie, qui doit prochainement publier un livre sur l’histoire de sa progéniture, raconte que la passion de son fils pour le dessin est née lors d’un voyage familial dans le Devon et les Cornouailles, et qu’il n’a commencé à suivre des cours qu’en 2008. Depuis, il produit plusieurs œuvres à l’huile et au pastel par semaine. Une dizaine auparavant, et tout de même deux à trois aujourd’hui, malgré l’école et une autre passion, le football, comme le précise son site officiel.
Ne pas s’emballer
Cette boulimie de travail est un atout pour la carrière naissante du jeune garçon. Selon Gilles Perrault, expert à la Cour de cassation, produire beaucoup est l’une des clés pour maintenir la cote d’un artiste. Ce n’est pas la seule. L’expert, qui confirme que l’ascension fulgurante d’un peintre aussi jeune serait une première, se veut prudent et ne fait pas de pronostic. «Dans la peinture, il y a toujours un effet de mode. Pour que cela marche à long terme, il faut que l’artiste ait une touche personnelle, avant-gardiste, novatrice et ne se contente pas de s’inscrire dans un ancien courant», précise-t-il. Le soutien d’un mentor galeriste est aussi
nécessaire pour garantir la visibilité du peintre. Kieron Williamson semble à ce jour pouvoir s’appuyer sur la Picturecraft Gallery, dans le Norfolk, qui accueille ses tableaux depuis sa première exposition, en 2009. La galerie annonce d’ailleurs une rétrospective du jeune artiste du 20 au 25 juillet prochain, qui ne manquera pas d’attirer, comme la précédente exposition, des amateurs du monde entier.
«Il faut différencier deux catégories d’acheteurs d’art: ceux qui achètent parce que l’œuvre leur plaît et ceux qui achètent aussi parce que l’art est un placement et que l’artiste peut prendre de la valeur. Dans le cas de Kieron Williamson, les acheteurs semblent de cette seconde catégorie», estime Gilles Perrault, qui rappelle que si l’enjeu est surtout financier il ne faut pas s’emballer trop vite car le phénomène pourrait s’essouffler. «Un artiste établi est un artiste qui est exposé dans un musée», rappelle Gilles Perrault. «Mais on ne sait jamais, ajoute-t-il, si la reine, par exemple, s’intéresse à ses tableaux, tout peut aller très vite.» La Reine, c’est justement la cliente dont rêve le jeune garçon sur son site.