«Avec son énergie et sa vision, Paul Ryan est devenu un leader intellectuel du parti républicain. Il a conscience des défis budgétaires qui attendent l’Amérique, (…) et de la catastrophe qui nous attend si nous ne changeons pas de voie», a lancé Mitt Romney dans un discours prononcé à Norfolk, en Virginie (est), avec en arrière-plan l’USS Wisconsin, un ancien navire de guerre.
Reconnaissant lui-même «être familier des gaffes», Mitt Romney a ensuite présenté Paul Ryan comme «le prochain président des États-Unis» avant de se corriger rapidement. Ironie de l’histoire, quatre ans auparavant, Barack Obama avait fait le même lapsus en présentant son colistier d’alors –devenu son vice-président– Joe Biden.
«Nous restaurerons la grandeur de ce pays», a promis M. Ryan, un chantre de la discipline budgétaire, devant plusieurs centaines de sympathisants républicains agitant de petits drapeaux américains.
Le choix de Paul Ryan, président de la puissante commission du Budget à la Chambre des représentants, pour figurer sur le «ticket républicain» aux côtés de Mitt Romney intervient à deux semaines de la convention nationale du Parti républicain à Tampa, en Floride, du 27 au 30 août. Celle-ci investira formellement les deux hommes, pour affronter Barack Obama et son vice-président Joe Biden le 6 novembre.
MM. Romney et Ryan entament samedi en Virginie une tournée électorale de quatre jours en autocar dans les États clés de la Caroline du Nord (est), la Floride (sud-est) et l’Ohio (nord).
«De la dynamite politique»
Le choix de M. Ryan, un défenseur de baisses drastiques des dépenses publiques qui pourrait déplaire à certains électeurs indécis, apparaît audacieux, même s’il reste moins osé que la désignation de Sarah Palin pour épauler John McCain en 2008. Peu expérimentée, celle-ci avait multiplié les gaffes au cours de la campagne.
Contrairement à Sarah Palin, Paul Ryan est loin d’être un nouveau venu en politique: il a été sept fois élu à la Chambre et a travaillé au Capitole, siège du Congrès des États-Unis, pendant près de la moitié de sa vie. Il n’a toutefois aucune expérience en matière de politique étrangère.
Les conservateurs avaient appelé Romney à faire ce pari, même si plusieurs experts soulignaient que le programme fiscal et budgétaire de Paul Ryan est de la «dynamite politique».
John McCain a salué samedi de choix de Paul Ryan: «Le gouverneur Romney et le représentant Ryan forment l’équipe la plus forte pour ramener l’Amérique vers la prospérité et défendre nos intérêts à l’étranger», a-t-il déclaré dans un bref communiqué.
Influent leader de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell s’est pour sa part félicité de cet «excellent choix», qui confirme selon lui que Mitt Romney est «sérieux dans sa volonté de renforcer à l’avenir l’économie américaine et de s’attaquer aux déficits et à la dette qui ont explosé sous la présidence Obama».
«Mitt Romney n’aurait pas pu faire un meilleur choix», a estimé John Cantor, chef de file des républicains à la Chambre des représentants, où ils sont majoritaires.
Mais sans surprise, l’équipe de campagne de Barack Obama a très vite dénoncé le choix d’un défenseur d’une vision «radicale» de l’économie.
«Mitt Romney a choisi un élu influent de la Chambre des représentants qui partage sa conviction dans une mauvaise théorie économique: elle consiste à croire que de nouvelles exemptions fiscales pour les plus riches, (…) associées à la mise en place d’un fardeau plus lourd sur les épaules des classes moyennes et des plus âgés, permettront (…) d’avoir une économie plus forte», a déclaré Jim Messina, directeur de campagne d’Obama.
L’annonce du choix de son colistier intervient à un moment délicat pour Mitt Romney, de récents sondages donnant au président Obama une nette avance.