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(The Milwaukee Journal Sentinel)
Les propos du candidat républicain sur les Américains qui ne paient pas d’impôts, vivent des subsides de l’Etat et ne se prennent pas en main sont « stupides et arrogants ». Il n’empêche : le pays mériterait une réforme fiscale et une rationalisation des aides publiques.
Pauvre Mitt Romney, toujours incompris. Il ne se passe apparemment pas un jour sans que le candidat républicain à la présidence ne dise quelque chose que les méchants de la presse s’empressent de déformer.
Sauf que ce qui suit – c’est ce que Romney a vraiment déclaré à ses partisans lors d’une collecte de fonds : « Il y a 47 % des gens qui voteront pour le président quoi qu’il arrive. Bon d’accord, il y a 47 % des gens qui sont avec lui, qui dépendent du gouvernement, qui sont convaincus d’être des victimes, qui sont convaincus que le gouvernement a la responsabilité de s’occuper d’eux, qui sont convaincus d’avoir le droit d’être soignés, nourris, logés, tout ce que vous voulez. Tout, c’est un droit. Et le gouvernement doit leur donner tout ça. Et ils voteront pour le président quoi qu’il arrive…
« Ces gens ne paient pas d’impôts sur le revenu. 47% des Américains ne paient pas d’impôts sur le revenu. Du coup, notre message sur la baisse des impôts ne les touche pas. L’autre [Obama], il va raconter que les baisses d’impôts servent les riches. C’est ce qu’ils nous sortent tous les quatre ans. Mon boulot c’est donc de ne pas m’inquiéter de ces gens-là. Je ne les convaincrai jamais de devenir responsables et de prendre leur vie en main. »
Romney a factuellement tort
Les médias auraient du mal à déformer ces propos même si c’est le magazine de gauche Mother Jones qui a divulgué cette vidéo. En fait, c’est le discours de Romney qui est déformé. Ses commentaires ne sont pas seulement politiquement incorrects, ils sont incorrects tout court.
Dans le monde décrit par Romney, il est apparemment impossible de convaincre la moitié du pays parce que ces gens sont « dépendants » et ne sont pas « personnellement responsables » de leur vie. Ce qu’il faut entendre par ces gens, ce sont les pauvres, les handicapés et beaucoup de ceux qui sont âgés.
Les faits : 46 % des Américains n’étaient pas imposables sur le revenu l’année dernière mais nombre d’entre eux ont payé d’autres impôts. Nombre de personnes âgées, 16 millions, ne paient pas d’impôts sur le revenu parce qu’elles bénéficient d’exemptions réservées aux seniors, d’après le Tax Policy Center, un organisme apolitique.
William Kristol, rédacteur en chef de l’hebdomadaire conservateur Weekly Standard, a qualifié les propos de Romney d' »arrogants et stupides ». Les démocrates ont réagi comme on pouvait s’y attendre.
Quant à Romney, il a déclaré par la suite : « Ce n’est pas dit de façon très élégante, laissez-moi reformuler les choses. Je suis sûr que je pourrais les présenter de façon plus efficace que je ne l’ai fait dans ce cadre-là. » On avait compris dès la première fois. Et, à notre avis, Romney ne comprend pas grand-chose aux Américains moyens.
Cela dit, ses propos recouvrent de vraies préoccupations qu’aucun des candidats n’aborde correctement. Le pays dépense beaucoup trop pour la santé. D’après une étude publiée par l’Institute of Medicine au début du mois, un tiers des dépenses de santé est gaspillé. Le code des impôts est byzantin et inefficace, truffé d’exemptions et de niches qui minent les priorités nationales et alimentent l’augmentation rapide du déficit budgétaire.
Romney ne comprend pas la vie des Américains moyens
On peut s’inquiéter à juste titre de la dépendance vis-à-vis de l’aide publique et de son impact sur la mentalité du pays. D’après des chiffres du Census Bureau [l’Insee américain], 49 % des Américains vivent dans un foyer dont au moins l’un des membres perçoit des aides publiques. Ils n’étaient que 30 % dans ce cas dans les années 1980. On peut légitimement s’inquiéter de la santé budgétaire du pays.
Qui sait ? Peut-être que les propos spontanés de Romney révèlent le vrai Mitt Romney, peut-être que non. Romney est un républicain modéré qui essaie de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, il est donc difficile de dire ce en quoi il croit vraiment.
Ses propos divisent le pays – pense-t-il réellement que celui-ci est composé de deux moitiés irréconciliables ? Et ils démontrent une méconnaissance des Américains moyens, qui sont pour la plupart honnêtes et travailleurs et souhaitent premièrement que les hommes politiques les traitent comme des adultes et deuxièmement qu’ils accomplissent la tâche difficile qui leur incombe.
Dans le fracas de cette campagne consternante, ni Romney ni Obama ne laissent penser qu’ils feront l’un ou l’autre.