Le couple Clinton a inauguré un immense parc industriel à peine sorti de terre, à Caracol, dans l’extrême nord d’Haïti. Une zone industrielle en gestation qui a bénéficié de 224 millions de dollars d’investissements financés par le gouvernement américain, la Banque interaméricaine de développement (BID), la fondation caritative de l’ancien président Clinton et le gouvernement haïtien.
Le couple Clinton a été accueilli par le président haïtien Michel Martelly, son prédécesseur René Préval et une brochette de «people» très impliqués dans le développement d’Haïti, comme les acteurs américains Sean Penn et Ben Stiller ou de l’homme d’affaires britannique Richard Branson.
Ce parc industriel, qui se vante d’être sans précédent à Haïti et même dans les Caraïbes, compte employer à terme 37 000 personnes, dont les familles seront logées sur place dans de petites maisons colorées dont quelques dizaines d’exemplaires ont été tout juste bâties, alimentées en eau et en électricité.
Le principal employeur est une entreprise de textile sud-coréenne SAE-A qui compte créer à l’horizon 2016 quelque 20 000 emplois dans ce pays de dix millions d’habitants avec un taux de chômage qui flirte avec les 60%.
Dans des entrepôts flambant neufs le couple Clinton y a dédicacé plusieurs T-shirts tissés sur place, se faisant photographier avec des dizaines d’employés hilares, sur fond de hauts-parleurs diffusants des chansons françaises.
«Ouvert aux affaires de manière irréversible»
Le parc abrite également la première entreprise de peintures d’Haïti, une centrale thermique de production d’électricité et une station d’épuration.
A terme, Caracol espère attirer des entreprises d’agro-alimentaire, d’artisanat, de petite industrie, d’énergie et de tourisme.
En inaugurant ce site, Mme Clinton y a vu l’aube d’un «nouveau jour en Haïti», l’un des pays les plus pauvres du monde et qui se relève très difficilement du terrible séisme du 12 janvier 2010, qui avait tué au moins 250 000 personnes.
«Il y a trois ans, les Haïtiens ont entendu le sol trembler, les immeubles s’effondrer, les gens crier de douleur. Aujourd’hui, on peut entendre des machines à coudre et des marteaux-piqueurs», s’est félicitée la chef de la diplomatie américaine.
Mme Clinton a même espéré qu’Haïti puisse s’inspirer du «rêve américain»
«Beaucoup d’Américains d’origine haïtienne ont réalisé le rêve américain. Les Haïtiens ici en Haïti ont le même dynamisme et nous voulons créer un rêve haïtien», a lancé la secrétaire d’État, très applaudie.
Le président haïtien Martelly lui a répondu que son pays était «ouvert aux affaires de manière irréversible» et que pour ce pays des Caraïbes dépendant encore très largement de l’aide internationale «l’heure n’était plus à l’assistanat mais à l’investissement durable».
Moins de 18 mois après son arrivée au pouvoir, M. Martelly, un ancien chanteur, fait face à un important mouvement de contestation qui se concentre sur la flambée des prix et la corruption.
«C’est un président populaire», a souligné un responsable du département d’État. «Et je n’ai pas le sentiment que ce gouvernement ait des difficultés différentes de celles rencontrées par beaucoup de gouvernements, et certainement pas différentes de celles rencontrées par les précédents gouvernements haïtiens», a-t-il estimé, en référence aux multiples crises politiques graves qui ont émaillé l’histoire d’Haïti.