Les analystes politiques s’accordent à le dire: il est essentiel de choyer les femmes lors d’une campagne présidentielle aux États-Unis, car celles-ci représentent non seulement 53% de l’électorat, mais elles votent aussi en plus grand nombre que les hommes et constituent une plus large part d’électeurs indécis –et par conséquent clés.
«Dans une élection très serrée, avec presque dix millions de femmes de plus que les hommes se rendant aux urnes, la question du fossé entre les sexes peut vraiment faire la différence», assure Debbie Walsh, du Centre pour les femmes et la politique américaine de l’Université Rutgers (New Jersey, est).
Si hommes et femmes sont d’accord sur le fait que l’économie reste la question numéro un de l’élection, ces dernières sont davantage en faveur d’une plus grande intervention de l’État, notamment en matière sociale –ce que prône aussi le président démocrate sortant Barack Obama à l’inverse de son rival républicain Mitt Romney.
Pour Melissa Deckman, professeur de sciences politiques au Washington College dans le Maryland (est), «l’attitude à l’égard du filet de protection sociale» est véritablement à la base du «fossé entre les sexes» –le pourcentage de femmes par rapport aux hommes soutenant davantage un candidat.
En 2008, ce fossé avait nettement bénéficié à Barack Obama qui avait décroché le soutien de 56% du vote féminin.
Cette fois-ci, la différence entre les deux candidats s’est resserrée, et dans certains sondages d’opinion, Barack Obama n’est plus qu’à trois points d’avance sur Mitt Romney.
L’avortement, éludé par Romney
Dans ce contexte, M. Obama fait régulièrement un lien direct entre le bien-être économique des femmes et sa réforme phare du système de santé, bête noire des républicains.
Vendredi, son équipe a rendu publique une vidéo destinée aux jeunes femmes votant pour la première fois et dans laquelle Lena Dunham, créatrice de la série télévisée «Girls», diffusée sur HBO, compare le président à l’homme idéal «qui comprend et prend soin des femmes». «Votre première fois ne doit pas être avec n’importe qui», y lance-t-elle, allusive.
En face, M. Romney a depuis le début de la campagne juré de démanteler «Obamacare» s’il est élu et de mettre fin aux financements publics pour le planning familial. S’il a passé le plus clair de son temps à défendre les arguments des conservateurs sociaux, le candidat tente désormais à quelques jours de l’élection de détourner l’attention de la question de l’avortement.
Dans une récente publicité télévisée, une narratrice explique ainsi que M. Romney soutient l’avortement en cas de viol ou d’inceste. Mais elle ajoute aussi être «plus préoccupée par la question de la dette du pays que nos enfants vont devoir porter».
Mitt Romney n’a pas été aidé par les propos du candidat républicain au Sénat dans l’Indiana (nord), Richard Mourdock, qui a suscité la controverse mardi en réitérant son opposition au droit à l’avortement même en cas de viol et d’inceste, pour des raisons religieuses. S’il s’est démarqué de ces propos, M. Romney n’a toutefois pas retiré son soutien à la candidature de M. Mourdock.
«C’est très inquiétant», lance Courtney Kelly, 24 ans, électrice indécise du Nevada (ouest).
Michael Dimock, de l’institut Pew, remarque que si certaines électrices conservent des doutes sur les deux candidats, leur décision le 6 novembre pourrait être motivée par d’autres questions non économiques, «plus en bas de la liste».
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