Selma, Alabama, 1965
Lors de son second discours d’investiture prononcé lundi 21 janvier devant le Capitole et face à des centaines de milliers d’Américains rassemblés sur le National Mall, Barack Obama a truffé son texte de plusieurs références historiques.
« Nous le peuple déclarons aujourd’hui que les vérités les plus évidentes – que nous sommes tous nés égaux – est l’étoile qui nous guide toujours comme elle a guidé nos ancêtres de Seneca Falls à Selma en passant par Stonewall, comme elle a aussi guidé tous ces hommes et femmes (…) qui ont laissé leurs empreintes le long de ce grand Mall pour entendre un pasteur dire que nous ne pouvons pas marcher seuls, pour entendre (Martin Luther) King proclamer que notre liberté individuelle est liée de façon inextricable à la liberté de tout un chacun sur terre. »
Seneca Falls, NY, 1848
Seneca Falls est une ville de l’Etat de New York où se tint, en 1848, la première convention consacrée aux droits des femmes. Organisée par cinq femmes dont Elizabeth Cady Stanton, la manifestation est considérée comme le début du mouvement féministe. Les quelque 300 personnes présentes à ladite convention revendiquent des droits pour les femmes qui étaient, à l’époque, largement soumises aux hommes. Elles obtiendront le droit de vote en 1920. Au moment de la convention, les participants adoptent un document qui synthétisent les demandes des femmes: la « Declaration of Rights and Sentiments ».
Selma est aussi une référence historique. Cette ville d’Alabama fut le théâtre, en 1965, d’une manifestation pacifique de militants des droits civiques menée par le révérend Martin Luther King. Elle fut brutalement réprimée par la police. Fut notamment battu par les forces de police l’actuel membre afro-américain du Congrès John Lewis.
Quant à Stonewall, c’est le nom d’un bar du Greenwich Village à New York où la police fit une descente en 1969. La résistance livrée par les clients du bar contribua à lancer le mouvement en faveur des droits des homosexuels.
Greenwich Village, NY, 1969
Droits des femmes, référence au mouvement des droits civiques, droits des homosexuels, Barack Obama a tenu un discours audacieux, celui d’un président libéré de la préoccupation d’être réélu, affranchi de la nécessité de ménager des républicains qui n’ont jamais vraiment souhaité collaborer avec le premier président afro-américain de l’Histoire des Etats-Unis. Pour beaucoup, c’est le discours le plus engagé, le plus audacieux et surtout le plus progressiste qu’il ait jamais tenu. Les républicains n’ont pas tardé à fustiger, un jour après l’investiture, l’allocution présidentielle. Parmi les plus critiques, le candidat républicain à la vice-présidence Paul Ryan. Manifestement, rien n’a changé à Washington. Certains membres du GOP (Grand Vieux Parti) n’ont pas hésité à déclarer que Barack Obama a déclaré la guerre aux républicains.