«Nous voulons que puissent le voir tous ceux qui le veulent», a expliqué M. Maduro, dauphin désigné par le défunt président, lors d’une intervention publique retransmise à la télévision.
Alors qu’il s’exprimait, des dizaines de milliers d’anonymes faisaient encore la queue sur plus de quatre kilomètres jeudi en fin d’après-midi, pour accéder à la chapelle ardente où est exposé le cercueil de Chavez, dans le salon d’honneur de l’Académie militaire de Caracas.
Après les funérailles d’État, qui auront lieu vendredi à partir de 11 heures locales devant plus de 30 chefs d’État et de gouvernement, la dépouille d’Hugo Chavez sera transportée «à la caserne de la Montagne», dans son bastion électoral du quartier du 23 de Enero (23 janvier), à l’ouest de la capitale.
C’est depuis cette caserne aujourd’hui désaffectée, qu’Hugo Chavez avait lancé son coup d’État militaire avorté de 1992, avant d’être élu à la tête du pays en 1998.
De son vivant, il avait souhaité qu’elle abrite un Musée de la Révolution bolivarienne actuellement en construction.
«Il a été décidé de préparer le corps du Comandante, de l’embaumer, pour qu’il puisse être exposé dans un cercueil en verre, et que le peuple puisse l’avoir avec lui dans son musée de la Révolution pour l’éternité», a précisé M. Maduro.
Le leader de gauche sud-américain sera ainsi exposé comme plusieurs grands révolutionnaires du XXe siècle, Lénine, Hô Chi Minh et Mao Tsé-toung, a souligné M. Maduro.
Ses funérailles tourneront une page d’histoire de ce pays pétrolier très divisé entre partisans et détracteurs du bouillant président, où des élections doivent avoir lieu d’ici 30 jours.
La plupart des chefs d’État latino-américains participeront aux obsèques, tout comme certains alliés controversés de l’ancien président «anti-impérialiste», l’Iranien Mahmoud Ahmadinejad, le Cubain Raul Castro ou le Bélarus Alexandre Loukachenko.
Les États-Unis, souvent la cible de diatribes enflammées d’Hugo Chavez, et les Européens enverront des délégations de second rang.
En 14 ans au pouvoir, Hugo Chavez a ravivé la flamme de la gauche latino-américaine «anti-impérialiste» sur le continent latino-américain.
Au Venezuela, il a forgé sa popularité dans les couches défavorisées avec des programmes sociaux financés par une manne pétrolière infinie, et grâce à son charisme exubérant. Il a aussi fortement creusé les clivages de la société vénézuélienne, sans parvenir à endiguer les pénuries et une violence urbaine croissante.
Jeudi, ses partisans ont encore été des dizaines de milliers à se presser devant l’Académie militaire de Caracas, pour pouvoir apercevoir une dernière fois leur «leader».
En impeccable costume militaire vert olive, cravate noire, coiffé de son légendaire béret rouge, Hugo Chavez arbore un visage serein, figé dans la mort, à travers la vitre qui recouvre le haut de son cercueil, a rapporté une journaliste de l’AFP.
«Il parlait beaucoup tu sais?», commentait au milieu de la file d’attente Petra Meza, une femme au foyer de 66 ans. «Sa voix, ses chansons, ses paroles, sa façon de parler au peuple vont me manquer».
La plupart s’arrêtent à peine. Certains font un bref signe de croix, effleurent le cercueil ou s’approchent de la vitre pour mieux voir le président. Les saluts militaires sont nombreux.
Les chefs d’État argentin (Cristina Kirchner), uruguayen (Jose Mujica) et bolivien (Evo Morales) ont également pu se recueillir devant sa dépouille. Les autres étaient attendus dans les prochaines heures à Caracas.
À Cuba, le président Raul Castro a rendu hommage à Hugo Chavez, dans le cadre d’une journée de mobilisation nationale en mémoire du principal allié politique et soutien économique de Cuba.
«Chavez est parti invaincu, il est parti invincible, il est parti victorieux», a déclaré Raul Castro.
Hugo Chavez luttait depuis juin 2011 contre un cancer dans la zone pelvienne. Après plus de deux mois d’hospitalisation à Cuba, il était rentré inopinément à Caracas le 18 février. Mais il n’avait été ni vu ni entendu en public depuis cette date.
Le gouvernement a indiqué que le vice-président Nicolas Maduro assurerait l’intérim à la tête de l’État et qu’une élection présidentielle aurait lieu dans les 30 jours, conformément aux instructions laissées par Hugo Chavez et à la Constitution. Le président avait préparé sa succession en chargeant le vice-président d’assurer la transition, mais aussi de se présenter en tant que candidat du parti socialiste au pouvoir en cas d’élection.
M. Maduro affrontera probablement le chef de file de l’opposition Henrique Capriles, vaincu par Chavez lors de l’élection présidentielle d’octobre dernier.
L’annonce de la mort du chef de file de la gauche latino-américaine a provoqué une véritable onde de choc au Venezuela et ouvre une période d’incertitude.
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