Le cardinal Odilo Pedro Scherrer (Brésil).
AFP- De la tête aux pieds, l’insigne distinctif des cardinaux électeurs, les princes de l’Église, est avant tout la couleur rouge, dite pourpre cardinalice, couleur du sénat romain, qui rappelle aussi le sang versé par le Christ.
Quand le pape remet aux cardinaux leur titre, il leur enjoint d’ailleurs: « Reçois cette pourpre en signe de la dignité et de l’office de Cardinal, elle signifie que tu es prêt à l’accomplir avec force, au point de donner ton sang pour l’accroissement de la foi chrétienne ».
Comme les sénateurs romains, qui étaient définis de manière métaphorique comme « partie du corps de l’empereur », les cardinaux, qui constituent le « Sénat » de l’Église, font aussi depuis le XIIème siècle « partie du corps du pape ».
Leur soutane, leur barrette et leur mosette (courte pèlerine) sont également rouges durant le conclave, alors que dans la vie ordinaire leur soutane est noire avec des boutons rouges. En portant le rouge durant toute la vacance du trône de Saint-Pierre, les cardinaux représentent l’Église jusqu’à l’élection d’un nouveau pape.
Le pourpre permet de s’approcher symboliquement du pape
Pour les cardinaux, la couleur pourpre est fondamentale, car elle leur permet de s’approcher symboliquement du pape, qui ne porte exclusivement que deux couleurs: le blanc (soutane et calotte) et le rouge (mosette et chaussures).
Les cardinaux portent aussi un anneau, qui traditionnellement est de saphir et, même s’ils n’ont pas reçu la consécration épiscopale, ils utilisent la croix pectorale, la crosse et la mitre. Leur titre précis est cardinal de la Sainte Église romaine (Sanctæ Romanæ Ecclesiæ cardinalis).
Au sein de l’Église catholique, les vêtements ont une fonction cruciale car ils indiquent la position hiérarchique occupée: du cardinal au simple prêtre.
Un signe qui ne trompe pas: l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, a publié dimanche une longue note sur le code vestimentaire à suivre par les cardinaux durant la messe précédant l’ouverture du conclave, soulignant l’importance symbolique de ces signes extérieurs de pouvoir.
Jusqu’à l’Instruction « Ut sive sollicite » du 31 mars 1969, ils portaient également le chapeau cardinalice rouge, le galero, grand chapeau plat d’où pendaient des houppes de chaque côté, qui leur était imposé en consistoire. C’est ce dernier que l’on retrouve dans les armoiries des cardinaux.
Dans l’Empire romain, le titre de « cardinalis » était donné à des officiers de la couronne, à des généraux d’armée, au préfet du prétoire en Asie et en Afrique, parce qu’ils remplissaient les principales charges de l’empire.
Prééminence sur les évêques
Dans l’Eglise, les cardinaux étaient à l’origine les membres du clergé de Rome, dépendants de l’évêque de Rome qu’ils avaient la charge d’élire.
En 1059, au moment de la réforme grégorienne de l’Église, le pape Nicolas II définit avec plus de précision leur statut et leur accorda un rang supérieur aux autres évêques de l’Église. En 1181, les cardinaux prêtres de Rome acquirent le pouvoir d’élire seuls le pape, à l’exclusion du clergé et du peuple de Rome. Ils obtinrent par là la prééminence sur les évêques.