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Un vrai « pont gongon  » à Grand-Goâve

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La tempête tropicale Isaac a fait trois morts et un disparu à Grand-Goâve. Les eaux en furie de la rivière « Betize », à Faucher, ont détruit un pont construit après le séisme ainsi que 19 maisons de cette localité, laissant plusieurs familles sans abri. Les habitants n’ont pas manqué de critiquer la firme qui a construit ledit pont qu’ils dénomment « pon gongon ».
Pensive, ébouriffée, Antonia Paul, âgée d’une cinquantaine d’années, est assise sur la galerie de sa boutique à Carrefour Faucher, à Grand-Goâve.  Les eaux en furie de la rivière « Betize » ont inondé la boutique et sa demeure, emportant des marchandises et tous ses effets.
 
Dans sa maison détruite où elle vit depuis 28 ans, il ne reste que de la boue et un ventilateur endommagé. Une autre maison juste à côté a été emportée par les eaux. Depuis samedi, la commerçante dort à quelques mètres de sa boutique  dans une tente offerte aux sinistrés de la localité par un particulier.
« C’est pour la première fois que je vis une telle situation », tonne la commerçante, visiblement furieuse contre le désastre.
 
Le vœu d’Antonia était toujours de voir ses enfants grandir avec une éducation de qualité. « Je n’ai jamais voulu qu’ils grandissent comme j’ai été élevée. Leur père et moi avons fait beaucoup d’efforts pour qu’ils fréquentent de bonnes écoles », a confié cette femme qui a le commerce dans le sang.
 
Antonia, qui avait fait un prêt de 100 000 gourdes d’une banque commerciale de la place pour mettre son commerce de boissons gazeuses sur pied, se pose depuis samedi des questions sur la façon dont elle va payer intérêts et capital.
 
Des résidents de cette localité qui vivent de l’agriculture et de l’élevage sont sur les genoux  depuis le passage de la tempête. C’est le cas de Joseph Briol Moline, 43 ans, qui misait sur sa plantation de bananes pour préparer la prochaine rentrée scolaire au début du mois d’octobre. « Nous avons pris un coup de massue. Quatre de mes enfants viennent de subir avec succès les examens officiels, je ne sais plus à quel saint me vouer pour que je sois prêt en octobre », a indiqué Briol.
 
La situation de Siltermise Edmond, une femme dans la soixantaine, n’est pas meilleure. Tout ce qui lui reste, ce sont les vêtements qu’elle portait lors du passage de la tempête. Quatre jours après, elle les porte encore, à l’instar d’autres sinistrés qui ont dû bloquer la nationale #2 ce mercredi pour cracher leurs frustrations.
 
« Nous n’avons reçu la visite d’aucune autorité. Ce n’est qu’aujourd’hui, après avoir bloqué la route, que le maire et le député sont passés nous voir », ont indiqué les sinistrés, en colère contre les autorités pour avoir construit une passerelle sur la rivière « Betize », à Faucher. Cette passerelle construite après le séisme, ont-ils soutenu, est la principale cause des inondations.
Un pont dénommé « Pon gongon », cause des inondations
 
 
 «Je n’ai pas eu la chance de récupérer mes affaires, je suis privée de tout», s’est plaint Nathalie, une jeune fille de 20 ans. Elle vivait avec ses sœurs dans une maisonnette dans les environs de la rivière. Cette famille, parmi tant d’autres prises au dépourvu par l’inondation, vit actuellement grâce au soutien de voisins qui ont échappé au sinistre. C’est le mardi 28 août que les sinistrés ont finalement reçu chacun un petit kit alimentaire et hygiénique de la mairie de Grand-Goâve.
 
«Je vis ici depuis 30 ans, nous n’avons jamais été en aussi grand danger face à la rivière lors d’intempéries ou d’averses», a ajouté une femme âgée, pointant du doigt les responsables de la construction du petit pont que tout le monde appelle « Pon gongon ».
 
Visiblement en colère et déprimés, les sans-abri réclament une intervention rapide de la part des autorités étatiques en vue de leur faciliter la reconstruction de leurs maisons. Ils ont également insisté sur le besoin de curer les rivières pour éviter des dégâts plus importants avant la fin de la saison cyclonique. «Le pont n’a jamais été utilisé. Un investissement financier inutile et aujourd’hui il cause des dégâts matériels », a signalé un riverain.
 
De son côté, le maire de la commune, Joseph Pierre Salam, rend responsable la firme ayant exécuté la construction du pont pour permettre la circulation automobile pendant les travaux de réhabilitation -qui n’ont d’ailleurs jamais eu lieu- du pont de Faucher, sévèrement touché par le séisme. «Je suis moi-même intervenu auprès des exécutants, les avertissant que la construction ne répondait pas à la réalité de la rivière. Le résultat est dramatique, mais pas étonnant », affirme Pierre Salam.
Le déboisement !



Des plantations de bananes dévastées

«Ce que nous avons aujourd’hui est le résultat de l’irresponsabilité de l’Etat et de la population dans la dégradation de l’environnement», estime le député de la commune, Joseph Franck Laporte. Il déplore le fait que l’Etat propose des solutions palliatives à chaque catastrophe naturelle sans attaquer les problèmes en amont. Le parlementaire plaide en faveur d’un plan gouvernemental à long terme en vue de protéger les vies et les biens dans la zone et ailleurs dans le pays.
 
 
 
 
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