La tenue d’élections sénatoriales, qui étaient prévues en 2011, fait partie des gestes qui doivent être faits par les autorités haïtiennes pour raffermir la démocratie et la stabilité politique, a soutenu le ministre Paradis dans une entrevue accordée à La Presse.
Ce n’est pas un hasard si M. Paradis a fait sa toute première visite à l’étranger, en tant que nouveau ministre responsable de l’ACDI, à Haïti, qui reçoit l’une des plus grandes parts de l’aide au développement du Canada.
«J’ai été très clair devant les acteurs politiques. Ils doivent régler les enjeux politiques. Le Canada le répète avec insistance, sinon cela risque de compromettre le développement et personne ne veut cela. Ils le savent très bien et il n’y a personne qui a été offensé quand j’ai dit cela», a soutenu le ministre.
L’UE s’impatiente
D’autres pays comme la France de même que l’Union européenne (UE) ont aussi exprimé leur impatience devant la lenteur du président haïtien Michel Martelly à s’entendre avec les partis de l’opposition afin d’organiser des élections sénatoriales.
Le temps presse aussi. Si des élections n’ont pas lieu avant le 14 janvier 2014 afin d’élire 10 nouveaux sénateurs, le président Martelly pourra alors constater la «caducité» du Parlement, démettre les parlementaires de leurs fonctions et diriger le pays par simples décrets, ce qui pourrait alimenter le mouvement de contestation. Dans les rangs de l’opposition, on demande la démission du chef de l’État si les élections n’ont pas lieu avant la fin de l’année.
Depuis le terrible séisme qui a dévasté le pays et fait 230 000 morts, en janvier 2010, des progrès tangibles ont tout de même été réalisés en Haïti, notamment au chapitre du déplacement des milliers de sans-abri qui occupaient le Champs-de-Mars après le tremblement de terre. Mais les choses avanceraient plus vite si la classe politique pouvait régler la question des élections.
Une idée qui fait son chemin
Le ministre Paradis se réjouit de constater que les dirigeants haïtiens reconnaissent l’importance de rendre des comptes dans l’utilisation des millions de dollars venant des pays donateurs. L’idée de conclure un «pacte de responsabilité mutuelle» entre les autorités de Port-au-Prince et les bailleurs de fonds fait son chemin.
«L’idée, c’est qu’Haïti nous dise clairement ce qu’ils veulent faire en termes de développement et que nous leur disions clairement ce qu’on attend. Il ne s’agit pas de leur dicter nos priorités, mais de leur dire ce qu’on attend d’eux, c’est-à-dire des résultats concrets, des résultats durables, une économie qui soit de plus en plus autosuffisante», a précisé le ministre.
M. Paradis a de nouveau confirmé que le gouvernement Harper évalue les programmes d’aide au développement et que des réductions sont possibles. Mais il a refusé de donner plus de détails. Depuis 2007, le Canada a versé environ 1 milliard de dollars en aide à Haïti. En 2011-2012, l’aide s’élevait à 205 millions. Mais cette somme pourrait être ramenée à 90 millions par année, selon certaines informations.
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