Les familles des morts ont reçu 2,3 millions d’afghanis (environ 47 600 $) et ceux des blessés 500 000 (environ 10 300$) lors d’une cérémonie privée dans le bureau du gouverneur de la province de Kandahar, ont indiqué ces responsables à l’AFP, requérant l’anonymat.
D’après un Haji Agha Lalai, un chef de tribu et membre du conseil provincial de Kandahar qui tient lui-même l’information de chefs de famille, les sommes versées ont été de 50 000 dollars par tué et de 11 000 dollars par blessé.
Les fonds ont été fournis par l’armée américaine, ont indiqué ces sources, ajoutant que des officiers américains, des responsables du gouvernement local et des chefs de tribu étaient présents lors de la cérémonie.
Interrogés par l’AFP, des responsables locaux ont refusé de s’exprimer. Un porte-parole de l’Isaf, la force armée de l’OTAN, à Kaboul, a de son côté refusé de confirmer le versement de compensations à ces familles.
«La politique de l’Isaf est de ne pas restituer d’argent pour des pertes dues à des combats, liées à des combats ou des nécessités opérationnelles», a-t-il indiqué.
Mais «individuellement, des armées peuvent participer à une forme de compensation cohérente par rapport aux normes culturelles en vigueur en Afghanistan», a commenté ce porte-parole, ajoutant que de tels paiements étaient généralement confidentiels.
Robert Bales, un sous-officier de 38 ans, avait quitté sa base du district de Panjwayi, dans la province de Kandahar (sud), au milieu de la nuit du 11 mars, avant de tuer dans deux villages voisins 17 personnes, dont des femmes et des enfants, et de brûler les cadavres, selon l’accusation.
Le sergent Bales était ensuite revenu à sa base et s’était rendu.
L’armée américaine a indiqué, dans un communiqué vendredi l’avoir formellement inculpé de 17 assassinats et de six tentatives.
D’après le code militaire, «la sentence maximale en cas de culpabilité pour assassinat est le renvoi des forces armées, la dégradation au rang le moins élevé, la suppression de toute solde, et la mort», précise le communiqué.
La sentence minimale en cas de culpabilité est la prison à vie, avec possibilité de libération conditionnelle, toujours selon le texte.
Les enquêteurs militaires américains soupçonnent Robert Bales d’avoir perpétré la tuerie lors de deux attaques séparées, écrit dimanche le New York Times. L’homme aurait a quitté sa base et opéré une première tuerie, avant de regagner son poste puis de ressortir plus tard dans la soirée pour attaquer un second village.
En dépit de vives protestations afghanes, jusqu’au président Hamid Karzaï qui a dénoncé un manque de coopération américain qui «ne peut plus être toléré», le sergent Bales a été transféré aux États-Unis et placé en détention provisoire dans la prison militaire de Fort Leavenworth (Kansas, centre).
Les raisons de son acte restent inconnues, mais selon le chef de file de ses avocats, John Henry Browne, son client souffre d’amnésie concernant les faits.