Elles auront lieu vendredi après la prière du Dhor au grand cimetière El Alia d’Alger, dans le Carré des martyrs, a annoncé la présidence qui a décrété à partir de ce mercredi un deuil national de huit jours.
La dépouille de ce héros de la lutte contre le colonialisme français, premier président de l’Algérie indépendance, sera exposée au Palais du Peuple, ancienne résidence -d’architecture ottomane- des gouverneurs d’Alger jeudi à partir de midi pour permettre à la population de lui rendre un dernier hommage.
«Ahmed Ben Bella était plutôt en forme hier (mardi), mais il s’est ensuite senti très fatigué et est remonté dans sa chambre dormir. Il est parti dans son sommeil vers 15h00 cet après-midi, entouré de ses deux filles Mehdia et Noria», a déclaré à l’AFP son biographe Mohamed Benelhadj.
«Quasiment tout le gouvernement est là», au domicile du «Vieux», comme on l’appelait familièrement dans son entourage, avait-il précisé en début de soirée. La maison n’avait pas désempli des heures plus tard.
Ben Bella avait été admis à deux reprises, il y a plus d’un mois, à l’hôpital militaire d’Ain Naadja, après un malaise, ce qui avait amené la presse à annoncer à plusieurs reprises son décès, que sa fille Mehdia avait démenti à l’AFP.
«Nous perdons aujourd’hui un des dirigeants les plus valeureux de l’Algérie contemporaine, a déclaré le président algérien Abdelaziz Bouteflika dans un message de condoléances lu à la télévision nationale. «Un sage parmi les sages du continent africain», a ajouté l’ex-camarade de lutte de Ben Bella.
Les deux hommes s’étaient considérablement rapprochés après l’élection de M. Bouteflika à la présidence en 1999.
Ben Bella avait été renversé de la présidence algérienne en 1965 par le colonel Houari Boumediene -dont M. Bouteflika était proche-, puis emprisonné durant une quinzaine d’années.
Ce dirigeant fort et têtu est resté politiquement actif «quasiment jusqu’à la fin de sa vie», selon M. Benelhadj. Président depuis 2007 de la Commission des Sages Africains, chargée de la prévention et solution des problèmes du continent noir, il avait dirigé une ultime réunion l’an dernier à Alger.
Actif et passionné de football jusqu’à la fin de sa vie
L’an passé également, il avait reçu chez lui le député socialiste de Corrèze François Hollande. Et, rieur, il avait parlé de football -une de ses passions- avec celui qui est devenu l’actuel candidat officiel du PS, avait constaté une journaliste de l’AFP.
«L’Algérie vient de perdre un grand homme, un militant, un moudjhahid (combattant)», a déclaré solennellement mercredi soir à la radio le secrétaire général du Front de libération national (FLN parti présidentiel) Abdelaziz Belkhadem. «C’est une perte importante, il fait partie de ceux qui ont participé à la restauration de l’État national algérien après l’indépendance», a-t-il ajouté.
Pour Miloud Chorfi, porte-parole du Rassemblement National démocratique (RND), parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia, ce décès «est une perte pour l’Algérie et le monde, particulièrement en cette conjoncture où l’Algérie se trouve à un tournant historique en vue d’un changement pacifique (législatives du 10 mai)».
Charismatique et populaire, Ben Bella, né le 25 décembre 1916 à Maghnia (Ouest) dans une famille de paysans originaires du Maroc, aura tenté d’implanter le «socialisme autogestionnaire» après son arrivée au pouvoir en septembre 1962.
Premier président de l’Algérie indépendante, élu en 1963 pour deux ans avant son renversement par Boumedienne, il a payé son engagement politique de 24 ans de prison, dont une dizaine dans les geôles françaises.
Ben Bella voulait incarner aux côtés du Cubain Fidel Castro, de l’Egyptien Gamal Abdel Nasser, de l’Indien Nehru et du Chinois Mao Tsé-Toung la lutte «anti-impérialiste» et le «non-alignement» du Tiers-Monde émergent.