Les Occidentaux accusent Pyongyang de détenir plusieurs bombes nucléaires et de procéder à des essais atomiques afin de parvenir à les miniaturiser et les installer sur des missiles.
«La supériorité militaire et technologique n’est plus uniquement aux mains des impérialistes. Le temps où l’ennemi nous menaçait et faisait du chantage avec des bombes atomiques est bel et bien terminé», a proclamé le jeune dirigeant, âgé de moins de 30 ans, sous-entendant que son pays détenait désormais l’arme de dissuasion.
«Aucun pays ne peut nous attaquer», a-t-il ajouté, en présence des plus hauts responsables de l’armée et du parti, venus participer aux cérémonies marquant le centième anniversaire de la naissance de son grand-père, le président Kim Il-Sung, mort en 1994.
Il a affirmé que l’Armée populaire de Corée avait «acquis beaucoup d’expérience (..) et est aujourd’hui capable de battre n’importe quel ennemi».
L’armée nord-coréenne, avec 1,2 million de soldats, est la 4e armée du monde, mais son armement en majorité de fabrication russe date un peu.
S’exprimant d’une voix posée, mais sans passion, levant rarement les yeux de son texte, le jeune dirigeant, vêtu d’un costume noir au col officier, a salué la mémoire de son grand-père Kim Il-Sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 1948 et de son père Kim Jong-Il, qui lui a succédé à sa mort en 1994.
Kim Jong-Un a accédé cette semaine à la tête du Parti du Travail de Corée et de la puissante Commission nationale de Défense, organe suprême de l’État.
Évoquant la situation économique du pays, en proie à une pénurie alimentaire chronique, il a promis que les Nord-Coréens, «qui ont affronté tant de défis et fidèlement servi le parti, n’auront plus à se serrer la ceinture et jouiront pleinement de la prospérité socialiste».
«En route pour notre victoire finale!», a proclamé le troisième héritier de la «dynastie des Kim», en pointant son index en direction des milliers de soldats qui l’ont acclamé aux cris de «Manse! Manse!» (longue vie).
Un commentateur de la télévision officielle, qui a retransmis la cérémonie en direct, a salué le «premier discours historique» du jeune dirigeant. «Nous le suivrons où que nous entendions sa voix amicale», a-t-il dit.
«Kim Jong-Un, contrairement à son père, semble chercher un nouveau style basé sur la communication et l’interaction avec le public, exactement comme le faisait son grand-père», a commenté Cheong Seong-Chang de l’Institut Sejon de Corée du Sud.
Depuis la tribune d’honneur ornée des portraits géants de ses deux prédécesseurs, Kim Jong-Un a ensuite présidé à un imposant défilé militaire, en présence de milliers de soldats.
Pendant une heure et demie, les pelotons de soldats et soldates des trois armes ont défilé au pas de l’oie cadencé, sous un chaud soleil de printemps, suivis des colonnes d’engins motorisés, de chars et de camions équipés de lance-roquettes multiples et d’orgues de Staline.
Sur la place, des milliers de jeunes gens agitaient des fleurs en papier rouge, jaune et blanc formant les noms des Kim ou le drapeau du parti, en scandant «Gloire» ou «Armée invincible».
La parade s’est achevée par la présentation des missiles, la partie la plus acclamée par le public.
Les missiles sol-mer Styx, qui datent des années 50, ont été suivis de fusées sol-air SA2, SA3 et SA5, construits par les Soviétiques dans les années 60, puis par des Scud appelés Hwasong en Corée du Nord.
L’armée a enfin présenté ses missiles Nodong, sorte de Scud amélioré, d’une portée de 900 km et ses missiles Musudan, qui peuvent franchir 2.500 km. Christian Lardier, spécialiste de l’espace à la revue française Air et Cosmos, a déclaré à l’AFP qu’il avait décelé une nouveauté par rapport au dernier défilé organisé en octobre 2010: un missile de la classe Taepodong d’une longueur d’environ 20 mètres, dont le premier étage d’un diamètre de 2,5 mètres serait identique à celui de la fusée Unha qui s’est désintégrée vendredi matin au-dessus de la Mer Jaune.
La parade s’est achevée par plusieurs passages d’une escadrille de cinq MiG-29 dans le ciel bleu, qui ont lâché des panaches de fumée multicolore.
Avant de partir, Kim Jong-Un, un grand sourire aux lèvres, s’est penché au balcon de la tribune et a salué des deux mains jointes le public, qui a répondu par des applaudissements en scandant pendant plusieurs minutes «Kim Jong-Un, nous te défendrons de notre vie!»