Widgetized Section

Go to Admin » Appearance » Widgets » and move Gabfire Widget: Social into that MastheadOverlay zone

Opinion : Haïtiens, vous êtes la cause de vos malheurs !

Partager/Share this





L’homme haïtien, aujourd’hui, fait face à la finitude de son univers, il observe en solitaire cette période à la fois tragique et comique que la nation subit depuis des lustres. Maurice Sixto a perdu le titre d’un bon sketch« les co-merdiens ».
Pauvres citoyens misérables, peuple insensé et aveugle à votre avenir ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de votre bien-être, vous laissez piller vos maigres ressources fiscales et les aides associées, voler et dépouiller l’héritage de vos ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous ; souveraineté, santé, défense, présidence, primature, église, pensée et administration. Tout appartient au chef, à l’étranger, aux ONG et au voisin de l’Est. Vous laissez votre âme aux dieux et vos corps aux loups insatiables que vous continuez d’élire et d’applaudir. Et cela vous étonne que la bergerie s’abime et soit ensanglantée ! Heureux les peuples pauvres d’esprit car le royaume des tribulations éternelles est à eux !

Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous laissât en vie.

 Votre slogan « pito nou lèd nou la » est un poison violent contre le progrès et un cadeau parfait à l’inertie et aux fossoyeurs de la république. Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, cette crasse, cette misère ne vous viennent pas d’un sort jeté par un quelconque esprit malin anti haïtien, mais certes bien de l’ennemi de l’intérieur, de celui-là même dont vous avez fait ce qu’il est, de celui pour qui vous alliez si courageusement aux urnes, et pour la grandeur duquel vous ne refusiez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort face aux balles et aux kokomakak des policiers et des partisans zélés . Le pouvoir qui vous tue est faible mais votre lâcheté et votre complicité font sa force. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces bras qui vous menacent, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ? Les pieds avec lesquels il foule vos droits inaliénables et votre prestige ne sont-ils pas aussi les vôtres ? 


Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n’étiez les receleurs du pouvoir scélérat qui vous pille, les complices du meurtrier, chevauchant sa motocyclette, qui vous tue ? Vous semez vos champs d’espoirs et d’espérances pour qu’ils les dévaste; vous élevez vos filles afin qu’il puisse assouvir sa luxure et ses viols curatifs; vous nourrissez vos fils pour qu’il en fasse des bandits exécuteurs de ses vengeances et de ses crimes aveugles à Turgeau, au Champs de Mars, au Bas-peu-de chose, à La Saline, au Portail Léogâne et à Bigot. Vous vous usez à la peine à Tiburon, au Parc industriel et à Jean-Rabel afin qu’il puisse décider de larges budgets pour des activités fantaisistes et ridicules, là où il excelle, là où il va se vautrer dans ses sales plaisirs. Vous donnez raison à Anténor Firmin qui, dans un instant de désarroi, s’exclame : « Haïti, singulier petit pays même les coch… s’ils le pouvaient le quitteraient ». Vous n’avez pas le droit de la quitter, vous avez le devoir sacré de la sauver. Ceux qui partent sont des complices du crime : pour non-assistance à nation en danger. L’exil permanent n’est que démission et défection !


Cette masse sévère d’indignités que le pouvoir vous impose est avilissante et dégradante, même les bêtes ne la supporteraient pas si elles la sentaient. Vous pourriez vous délivrer si vous essayiez ! Mais s’il vous plait, de grâce, faites-le avec intelligence, ne refaites pas les mêmes erreurs, en permettant l’arrivée au pouvoir d’autres bouffons, d’autres tordus et illuminés. L’exercice sera difficile mais il y va de votre avenir. Soyez résolus à ne plus servir de marchepied aux pouvoirs démagogiques, populistes, bouffons et inaptes. Vous n’êtes pas forcément capable d’ébranler la maléfique machine qui les pousse insidieusement au terminus de vos votes, mais si vous pouvez seulement ne plus les soutenir. Et vous les verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous leur poids et se rompre, laissant la place à un avenir convaincant sinon radieux. Le soulèvement des citoyens n’est pas une entreprise isolée que l’on peut déclencher à son gré. Il représente un élément objectivement conditionné dans le développement de la société disait Trotsky. Cette dernière chez nous ne se développe pas, mais sa misère a déjà dépassé le seuil du tolérable, la phase ultime de la maturation pour demander des comptes aux gestionnaires de la cité.


Questionner les responsables et coupables devient donc nécessaire et opportun. L’existence des conditions du soulèvement ne signifie pas qu’on doive attendre passivement, la bouche ouverte. Certains diront que nous avions déjà essayé. S’il vous plait, mille fois sur le métier… Dans les affaires humaines aussi, il y a, comme le disait Shakespeare, des flux et des reflux : «There is a tide in the affairs of men which, taken at the flood, leads on to fortune». Evitons « l’accident haïtien » celui qui vous dénature, qui vous diminue et vous transforme en éternel parias et faillis. Dans l’inaction de la résignation, c’est le risque d’un honteux naufrage dont les conséquences pourraient aller jusqu’au court-circuit de la conscience nationale. Winston Churchill disait qu’un optimiste est celui qui voit une chance derrière chaque calamité ? Vous le faites mentir. Ici chaque grande calamité en appelle une autre : catastrophe naturelle, catastrophe politique et sociale. La zombification nationale est sévère et complète. Secouez-vous fainéants ! La république (la première) nègre est salie par la pègre et les incapables, fussent-ils de la droite australopithèque ou de la gauche ardipithèque.

Pierre Jorès Mérat
Enseignant/Chercheur, UEH/CERHCA


Partager/Share this

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.