L’Américain de 28 ans, invaincu en 29 combats, mais qui était jusque-là encore méconnu, a détrôné le Philippin, sacré champion dans huit catégories et considéré comme le meilleur boxeur actuel toutes catégories confondues, de son titre WBO des mi-moyens dans des conditions très controversées.
Le gaucher de General Santos City a dans l’ensemble dominé les débats en portant près de deux fois plus de coups au corps que Bradley et en se montrant aussi plus précis dans ses coups, notamment avec son direct du gauche. À l’issue des douze rounds, sa 55e victoire en 60 combats semblait logique.
C’est pourtant sa quatrième défaite qui lui a été signifiée, sa première depuis mars 2005 (face à Erik Morales sur décision unanime), sous les sifflets du public du casino MGM Grand, principalement acquis à sa cause.
Le décompte des juges a surpris tous les observateurs et même le vainqueur n’y croyait pas vraiment: «Tous les rounds ont été plutôt serrés, il faut que je regarde la vidéo pour voir si j’ai vraiment gagné», a dit Bradley.
«C’est la boxe, a-t-il ajouté. Il m’a bien bougé à plusieurs reprises, mais j’ai tenu le choc et je me suis battu jusqu’au bout», a ajouté le boxeur originaire de Palm Springs, dans le désert de Californie.
«Incompréhensible»
Pacquiao s’est toutefois retenu de critiquer la décision finale: «Cela fait partie du jeu», a-t-il dit sur le ring, sous les yeux de son clan consterné. Le Philippin avait en effet été du bon côté d’une victoire controversée (décision majoritaire) en novembre à Las Vegas face au Mexicain Juan Manuel Marquez.
Le promoteur du Philippin, Bob Arum, n’a pas mâché ses mots. «Je dois dire que je n’ai jamais eu aussi honte d’être associé à la boxe que ce soir (samedi). Ce n’était même pas un match serré», a-t-il déclaré, qualifiant la décision des juges d’«incompréhensible».
L’Américain s’est montré agressif d’emblée, mais Pacquiao a rétabli la situation et a commencé à reprendre l’ascendant à partir de la deuxième reprise, faisant presque chuter Bradley en arrière dans la quatrième.
Bradley a fait valoir son courage en restant droit devant Pacquiao, qui plaçait plus de coups, mais ne semblait pas faire mal au Philippin.
L’Américain a de nouveau été sur le reculoir pendant plusieurs rounds, mais a serré les dents et a pu inverser la tendance dans les trois dernières reprises pour finir par donner une meilleure impression aux trois juges, malgré une douleur au pied droit qu’il s’était tordu un peu auparavant dans le combat et qui l’a contraint à se rendre en conférence de presse en fauteuil roulant.
Le verdict a tout de suite donné lieu à nombre de commentaires enflammés dans les médias américains et sur Twitter, un consultant criant même à «l’injustice» et «la corruption» sur la chaîne de télévision ESPN.
Pacquiao veut sa revanche
«Je veux ma revanche», a déclaré Pacquiao à l’issue du combat où un juge l’a donné vainqueur (115-113) alors que les deux autres ont vu Bradley vainqueur (115-113, 115-113).
«Et je serai un guerrier sur le ring pour cette revanche, parce que j’aborderai ce combat en me disant que je ne veux pas qu’il dure douze reprises», a promis celui qui est considéré comme le meilleur boxeur actuel toutes catégories confondues.
«Je respecte la décision des juges, mais je suis sûr à 100 % d’avoir remporté ce combat», a souligné Pacquiao qui affiche à 33 ans un bilan de 54 victoires (38 avant la limite), 4 défaites et 2 nuls.
«Il faut respecter mon adversaire et lui donner crédit (de sa victoire). Mais les amateurs de boxe, vous savez vous qui a vraiment gagné», a-t-il ajouté.
Si Pacquiao et son entraîneur Fred Roach se sont montrés mesurés, le promoteur du Philippin, Bob Arum, a laissé éclater sa colère en mettant en cause la compétence des juges.
«Je connais ces gars. Ils sont honnêtes, mais ils doivent corriger leurs problèmes de vue», a-t-il lâché, tout en refusant de considérer qu’ils aient pu être achetés.
«Je refuse de penser au plus profond de moi-même qu’il y ait pu avoir quelque chose de bizarre», a-t-il assuré.
Les Philippins qui idolâtrent leur champion de boxe n’ont pas manqué de faire part de leur incrédulité et de leur indignation.
«C’est clairement du vol», s’est emporté José Estrada, membre du Sénat philippin.
Le porte-parole du président philippin Begnigno Aquino a de son côté publié un communiqué pour assurer que «le soutien du peuple à Pacquiao restait aussi fort qu’avant» cette défaite. «Nous sommes fiers de lui», poursuit le communiqué.
Il est le sportif le plus connu et le plus fortuné de son pays où il s’est essayé à la chanson, au cinéma et aussi à la politique avec depuis 2010 un mandat de député.