Pour les adversaires de
Barack Obama, un film mettant en scène – juste avant le scrutin présidentiel du 6 novembre – le succès
politique que constitue l’opération contre Osama Ben Laden s’apparente à un coup dur. A peine ont-ils eu vent du projet que les Républicains ont crié au scandale, accusant la Maison Blanche d’
avoir fourni des documents « secret défense » à la réalisatrice et organisé des rencontres entre son scénariste, Mark Boal, et le Pentagone. Une
enquête a été ouverte et Leon Panetta, le secrétaire américain à la
défense, a dû s’
expliquer. Kathryn Bigelow refuse le
procès en récupération. « C’est un triomphe américain, héroïque et non partisan, et rien ne permet de suggérer que notre film racontera cette grande victoire autrement », a-t-elle déclaré.
Sony a toutefois décidé de décaler la sortie, prévue mi-octobre, au 19 décembre. Mais Hollywood n’a pas dit son dernier mot. Harvey Weinstein, poids lourd du
cinéma américain et ardent partisan du Parti démocrate – il a levé des fonds pour la campagne de Barack Obama -, a acheté les droits de distribution aux Etats-Unis d’un deuxième projet cinématographique, Nom de code : Geronimo, l’intitulé de l’opération menée contre Ben Laden. Le film, au budget plus modeste, devrait
sortir vers la fin septembre.
Convaincus d’être persécutés, les Républicains accusent aussi Hollywood d’
adresser des messages subliminaux. Ainsi, l’animateur de radio ultraconservateur Rush Limbaugh a reproché au réalisateur Christopher Nolan d’
avoir appelé Bane l’ennemi de Batman dans The Dark Knight Rises, sorti aux Etats-Unis le 16 juillet. Une allusion, soutient-il, à la récente controverse autour de Bain Capital, fonds d’investissement jadis dirigé par Mitt Romney, le candidat républicain à la Maison Blanche. Pas sûr pourtant que le parti de l’éléphant doive vraiment s’inquiéter. En 2004, Fahrenheit 9/11, le documentaire de Michael Moore dénonçant les guerres d’
Irak et d’
Afghanistan, a fait un carton au box-office sans empêcher la réélection de George W. Bush.